Le Blogs de : Cheikhouna A. Wadoud MBACKE

Violence exercée au nom de la religion: Les vraies causes

La violence exercée au nom de la religion que d’aucuns qualifient de terrorisme préoccupe le monde entier, et des explications et des solutions sont servies à la fois par les individus et par les institutions. Cependant ces explications et ces solutions proposées manquent souvent de pertinence et d’efficacité.

A notre avis, les causes qui poussent des individus et des groupes à l’extrémisme et à la radicalisation sont nombreuses et d’ordres divers. Dans cette contribution, nous essayons de prospecter les causes qui nous semblent être les plus importantes, tout en proposant des pistes qui pourraient nous mener à des solutions réalistes et efficaces.

Déficit de connaissance religieuse conjugué à la fougue de la jeunesse

Une bonne connaissance de la religion musulmane conduit naturellement à la tolérance parce qu’elle permet de réaliser que la diversité des opinions des savants musulmans est liée intrinsèquement à la nature des textes du Coran et de la Tradition du Prophète -paix et salut sur lui. Or le constat que tout le monde peut faire facilement est que l’écrasante majorité des extrémistes et radicaux musulmans est constituée de jeunes de bonne foi à qui une bonne connaissance religieuse fait défaut. L’exemple de l’Egypte que je connais un peu et qui est confronté à ce phénomène depuis longtemps est assez édifiant: très rares sont les diplômés d’Al Azhar qui tombent dans le gouffre de l’extrémisme et de la radicalisation. Ce sont plutôt des jeunes issus de l’autre système éducatif laïcisé qui s’y retrouvent le plus souvent.

D’où l’importance d’introduire l’éducation religieuse dans les systèmes éducatifs des pays musulmans et de ne pas faire des jeunes des proies faciles devant les tentations des mouvements radicaux.

Injustice

Il faut reconnaître l’existence d’injustice à différents niveaux. A titres d’exemples, nous citons les trois cas suivants:

1- Les musulmans d’une manière générale sont victimes d’injustice de la part des pays occidentaux. La position de ces pays vis-à-vis du conflit israélo-palestinien et des caricatures du Prophète Mouhammad –paix et salut sur lui- est une parfaite illustration de cette injustice.

2- Dans certains pays, les citoyens qui font leurs études en arabe sont marginalisés et considérés comme des citoyens de second degré.

3- La création de partis politiques s’inspirant des valeurs musulmanes est interdite de fait dans beaucoup de pays musulmans (le sort du F.I.S. en Algérie et des Frères Musulmans en Egypte n’est ignoré par personne) au moment où des partis dits démocrates-chrétiens existent dans plusieurs pays occidentaux.

Aucune lutte contre la violence faite au nom de la religion ne peut donner des résultats efficaces et durables tant que pareille injustice persiste.

Stigmatisation

Le débat inopportun soulevé ces derniers temps au Sénégal autour du voile intégral et son éventuelle interdiction est un acharnement inutile qui doit être évité. Certes, cacher son visage et ses mains n’est pas obligatoire pour la femme musulmane de l’avis de la très grande majorité des savants musulmans, mais celles qui le font le considèrent comme tel. Or contraindre quelqu’un à «transgresser» les règles de sa religion ne peut que créer des frustrations et des états d’âme dont personne ne saurait prévenir les conséquences. Dans tous les cas, ce n’est pas aux autorités politiques ou judiciaires de dire l’attitude religieuse que l’on doit adopter ou pas, même si elles ont la responsabilité d’assurer la sécurité des personnes et des biens.

Conclusion

Nous pensons que réfléchir de cette manière sur la question de l’utilisation de la violence au nom de la religion permet d’identifier les vraies causes et de trouver les bonnes solutions. Quant à persister à l’explication matérielle des évènements que le socialisme «scientifique» a imposée aux Occidentaux et à ne voir comme explications que les conditions sociales et économiques des acteurs ne fait que biaiser les analyses. De même, la solution du tout sécuritaire ne mène qu’à une impasse, car on ne peut pas éradiquer la violence par la violence.

Mais sommes-nous prêts à nous débarrasser de nos vieilles habitudes qui consistent à privilégier les solutions faciles toutes faites?

Touba, Darou Salam-NDame, le 02 décembre 2015

Cheikhouna MBACKE Abdoul Wadoud

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