Le Blogs de : homo senegalensis

Depuis quelques années, de plus en plus de sénégalais s’installent au Canada. Peut-être lié d’une part à la promesse d’une vie plus enrichissante, moins de contraintes sociales et plus de possibilités pour les enfants, d’autre part à la publicité du gouvernement canadien sur le vieillissement de leur population et la facilité de trouver du travail amènent des sénégalais stables, avec un bon travail à migrer au Canada.

La plupart des sénégalais qui émigrent au Canada s’installent dans la province du Québec et surtout dans la ville de Montréal. Québec est une destination naturelle pour les sénégalais, - officiellement francophone selon sa constitution - comme 80% de la population québécoise. Aussi, l’intégration ne devrait pas être trop difficile. Mais il y a un mais, un mais que cachent et le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial.

Le Québec est une portion francophone d’une « île » habitée en majorité par des anglophones avec lesquels il commerce – son premier partenaire commercial est les États-Unis. Aussi, pour avoir du travail, il faut parler anglais et l’anglais, les sénégalais qui le maitrisent sont une minorité. Aussi, après s’être rendu compte de l’arnaque, la désillusion survient. D’autres provinces plus prospères – Alberta, Colombie Britannique, Ontario – seraient des destinations de choix mais pour y travailler, il faut parler anglais.

Aux sénégalais souhaitant émigrer dans le monde, apprenez l’anglais, il vous sera d’une grande utilité.

Le monde a changé aujourd’hui. Il y a quelques siècles, le français était la langue dominante, aujourd’hui, il ne l’est plus. Mais nous sénégalais, n’évoluons pas. Nous faisons la part belle au français en négligeant l’anglais. Le Rwanda aujourd’hui a choisi l’anglais et tourné le dos au français. Il a raison, un État doit préparer ses habitants à un monde plus compétitif et dans ce monde compétitif, l’anglais occupe une place importante. Même les patrons du CAC40 – le principal indice boursier de la Bourse de Paris – se mettent à l’anglais.

Qu’attendons-nous pour commencer à apprendre à nos enfants l’anglais dès l’école primaire? Il y a quelque temps, j'avais écrit un article dans ce blog, Un culte malsain de l’étranger au Sénégal - http://sociopolitique.seneweb.com/un-culte-malsain-de-l-rsquo-etranger-au-senegal_b_16.htm . L’anglais n’est pas la langue de nos ancêtres certes mais notre lingua franca – le wolof – est une langue sénégalo-sénégalaise qui ne se développe guère au-delà du Sénégal et de la Gambie. Si nous choisissons une langue étrangère pour notre éducation, au moins choisissons celle qui nous avantagera dans le monde. Et choisir l’anglais nous avantagera plus que si nous gardons le français.

Au lendemain de son indépendance, l’Indonésie choisit l’anglais plutôt que le néerlandais – la langue de son colonisateur. Soekarno avait compris que l’utilisation du néerlandais limiterait les possibilités de sa population alors que l’anglais lui ouvrirait plus de porte. Bel exemple de vision. Mais nous restons cloîtré sur les histoires de francophonie dont la France même, le berceau de la Francophonie s’en fout. Slateafrique écrivait un article comparant les pays africains selon la langue de leurs colons - http://www.slateafrique.com/101049/economie-croissance-pays-africain-anglophones-meilleurs-que-les-francophones, article dont le titre est éloquent et nous épargne de la nécessité de nous épancher sur le contenu.

Le monde ne marche pas par des considérations sentimentales, il marche par la Realpolitik. Et aujourd’hui,  la Realpolitik veut que le Sénégal privilégie l’anglais au détriment du français. La recherche se fait en anglais, les investisseurs privilégient les destinations anglophones, les meilleurs universités dans le monde sont anglophones – lisons les classements internationaux des universités comme celui de Shanghai university ou du Times higher education. Alors, il ne serait qu’à notre avantage si notre population parlait anglais.