Le Blogs de : homo senegalensis

           Hier, se déroulaient les demi-finales de Navétanes de la zone 4A. Ma maman avait autorisé mes petits frères à y assister mais ignorait que le match finirait aussi tard, selon ces mots « elle ne les aurait pas autorisés à y assister si elle savait que les matches se termineraient aussi tard ».

L'heure tardive de la fin des matches - vers 12h30 - et sachant que le match se déroulait un jour de semaine m'amena à me poser des questions : est-ce que le Sénégal sait que le mode de vie que promeuvent ses acteurs culturels et sportifs, ses médias, entravent son développement? Est-ce que le Sénégal a conscience que son développement passera par la primauté de l'éducation et du travail sur les loisirs et distractions?

Je visite souvent des portails Web des journaux sénégalais. Je m'étonne qu'à chaque fois, les articles portant sur les peoples ou sur les scandales de mœurs sont les plus souvent consultés. Ceux évoquant des sujets sérieux - économie, entreprenariat, relations internationales... - sont boudés. A qui la faute?

Aujourd'hui, voir son lutteur préféré terrassé amène des émeutes, perdre un match de football entraine des soulèvements populaires. Et si la société sénégalaise était accro aux futilités et indifférente aux problèmes importants? Pourquoi ce qui mérite véritablement une indignation – les résultats catastrophiques aux examens nationaux, la corruption… – n’entraine aucun mouvement d’humeur? Le Sénégal a besoin d'un nouveau paradigme s'il veut se développer et ce paradigme doit-être  la priorisation ce qui le fera avancer – l’éducation, l’éthique de travail, le civisme...

            Reprenant mon introduction sur les Navétanes. Nous sommes au mois de Décembre et continuent de se dérouler des matches de cette compétition, compétition dont l'audience est constituée en majorité de jeunes qui doivent travailler et d'enfants qui doivent aller à l'école. Pourquoi l'ODCAV a choisi un mardi pour programmer une demi-finale et ce en pleine année scolaire? Je ne suis pas contre les Navétanes, cependant, je trouve incorrect sa prolongation au-delà des vacances scolaires. Les Navétanes, à la base, étaient des activités hivernales qui coïncident avec les vacances scolaires. Et si on les y limitait?

Aujourd'hui, le Sénégal doit décider ce qu'il veut léguer à ses enfants. La danse, le football, la lutte, la chanson comme mode de vie ne feront pas avancer un pays. Nous devons-nous poser la question: pourquoi les pays asiatiques à notre niveau lors des indépendances nous ont dépassés aujourd'hui? Pour l'anecdote, c'est après leur développement que leurs cultures populaires se sont  imposées dans le monde - la chanson la plus regardée de Youtube, Gangnam Style, a été chantée par un coréen, Psy.

            Nous ne réalisons pas notre rêve de développement quand nous ne posons pas des actes qui feront de ces rêves des réalités. Regardons la télé sénégalaise, écoutons les radios sénégalaises, lisons les journaux sénégalaise et nous constaterons comment la route vers le développement est mal engagée. A quand des programmes de télé et de radio instructifs plutôt que les soap-opéras latinos ou indiens? A quand des articles pertinents portant sur l'économie, l'histoire, la science plutôt que sur les querelles politiciennes, les divorces de people? En résumé, à quand l’utile dominera le futile dans le paysage médiatique sénégalais?

Un peuple stagne ou recule quand il place en haut de ses valeurs, les loisirs. Et aujourd'hui, si le Sénégal n'avance pas, c'est en partie causé par la primauté des distractions sur le travail et le savoir. Organiser une activité qui perturbe les études est un exemple sur quelles sont les priorités des sénégalais. A quand un changement de mentalité, à quand un changement des références des jeunes sénégalais - des universitaires, des entrepreneurs honnêtes, des politiciens sincèrement mus par l'avancement du Sénégal plutôt que les lutteurs et autres danseurs?

P.S : cet article a été rédigé depuis la semaine passée.