Invité de l’émission Grand Témoin animée par Chérif Diop sur la plateforme YouTube Evenprod, l’ancien ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, a défendu sa gestion du contrat signé avec ACWA Power le 27 mars 2024, trois jours après l’élection présidentielle.

« Si l’on veut faire croire que le ministre en place n’a pas défendu les intérêts du Sénégal, je ne peux l’accepter. J’ai étudié au Prytanée militaire de Saint-Louis dès l’âge de douze ans. Là-bas, on nous apprend à honorer le drapeau, la devise du pays et à servir la patrie », a-t-il déclaré.

Il a révélé avoir adressé une lettre à Mouhamed Hamdouch, vice-président en charge du développement chez ACWA Power, pour souligner l’importance stratégique du projet. « J’ai notifié à M. Hamdouch que ce projet dépasse une simple relation d’affaires entre la SONES et ACWA Power. Il s’inscrit dans le cadre de l’approfondissement de la coopération entre le Sénégal et le Royaume d’Arabie Saoudite, porté par les plus hautes autorités des deux pays. C’est pourquoi, au-delà des références solides d’ACWA Power en matière de dessalement, le choix d’une procédure dérogatoire d’entente directe a été justifié par cette volonté politique commune », a-t-il expliqué.

Serigne Mbaye Thiam a précisé que cette procédure impliquait qu’ACWA Power garantisse des standards internationaux optimaux. « Le Sénégal et ACWA Power partagent un risque de réputation si des manquements sont identifiés par des benchmarks ultérieurs. Ce risque est particulièrement élevé pour le Sénégal dans le contexte politique et électoral actuel. ACWA Power doit s’engager, au moins moralement, à respecter ces standards, un engagement qui pourrait être consigné dans le préambule du contrat. Cela offrirait à la partie sénégalaise plus de confort pour signer, avec l’entente mutuelle qu’en cas de préoccupations juridiques ou de réputation, les deux parties renégocieraient de bonne foi pour y répondre. C’est dans cet esprit que le contrat pouvait être finalisé rapidement », a-t-il ajouté.

Interrogé sur les avantages mis en avant par les services du ministre Cheikh Tidiane Dièye après la renégociation du contrat, Serigne Mbaye Thiam a estimé que le nouvel exécutif aurait pu obtenir de meilleurs résultats. « Nous avions exigé qu’ACWA Power limite sa production d’énergie à 150 mégawatts, nécessaires pour l’usine, afin d’éviter une concurrence déloyale avec les autres producteurs indépendants d’énergie. Dans le nouveau contrat, ACWA Power a obtenu une capacité de production d’eau de 400 000 m³ par jour et une centrale solaire de 300 mégawatts, dépassant la capacité totale du parc de production indépendante d’énergie propre du Sénégal, estimée à 223 mégawatts. Cela signifie qu’ACWA Power détient à lui seul une capacité énergétique supérieure à celle de tous les autres producteurs indépendants », a-t-il critiqué.

Pourtant, un tableau comparatif des contrats met en lumière plusieurs avantages issus de la renégociation : une réduction des coûts pour l’État de 20 milliards à 17,5 milliards de FCFA, une baisse de 9 % du prix de l’eau (de 427 à 389,8 FCFA), une révision favorable du partage des bénéfices, une valorisation accrue du contenu local, des dispositifs de formation renforcés et un meilleur accès aux financements concessionnels.