Lanceurs d’alerte : une prime de 10% pour briser le silence sur la corruption
Pour lutter contre la corruption, il ne suffit pas d’édicter des principes. Il faut inventer des leviers. En adoptant en août 2025 une loi qui accorde aux lanceurs d’alerte une prime équivalente à 10 % des avoirs récupérés, le Sénégal tente précisément cela : transformer un tabou en outil, et une prise de risque individuelle en acte civique valorisé.
À travers ce texte, l’État offre une protection juridique étendue, anonymat garanti, immunité pénale, interdiction des représailles, pour encourager la dénonciation de fraudes, détournements et abus de biens publics. Ce dispositif inédit dans la région prend acte d’une réalité trop longtemps étouffée, la peur, bien plus que l’ignorance, empêche souvent les citoyens de signaler les dérives qu’ils observent.
Mais cette loi ne se contente pas de protéger. Elle incite. La prime promise agit comme une récompense matérielle, assumée, presque dérangeante dans un pays où la morale publique se veut au-dessus du soupçon d’intérêt personnel. Pourtant, c’est précisément ce mariage entre efficacité et pragmatisme qui en fait une innovation. En plaçant l’éthique et l’intérêt au même niveau, le Sénégal tente de déplacer le centre de gravité de la lutte anticorruption du sommet vers la base.
Car au fond, cette réforme est moins une rupture qu’un pari, celui de la vigilance citoyenne. Elle repose sur l’idée que tout agent, tout fonctionnaire, tout usager du service public peut devenir un maillon de l’intégrité collective. Encore faut-il que les institutions suivent. Le traitement rapide, impartial et transparent des alertes sera décisif pour ne pas transformer cette loi en promesse vaine ou en arme à double tranchant.
Le risque existe. Celui d’une judiciarisation excessive, de fausses alertes motivées par l’appât du gain ou d’un engorgement administratif qui décourage la sincérité des signalements. Mais le Sénégal choisit de ne pas attendre la perfection institutionnelle pour agir. Il pose un cadre. Il mise sur une bascule culturelle.
En récompensant l’acte de vérité, même intéressé, cette loi affirme que la lutte contre la corruption n’est plus l’affaire des seuls procureurs ou auditeurs mais un chantier collectif. Subtile alchimie entre confiance et contrôle, elle inscrit une page neuve dans l’arsenal sénégalais de la gouvernance. Une page à écrire avec prudence mais aussi avec courage.
Commentaires (13)
Une très bonne loi qui ne devrait pas, pour plus de discrétion, afficher le pourcentage de gain attendu mais se contenter d'édicter "une récompense substantielle" laissée à l'appréciation des autorités ! .... En tout cas, un bon premier pas franchi ! ... Reste la mise en oeuvre ! ...
10% c'est trop. Ou alors le plafonner symboliquement à 5 millions si cela doit dépasser ce montant. Un lanceur d'alerte est un patriote et quelqu'un de vertueux par essence par un chasseurs de primes sans scrupule.
Comment garantir l anonymat si le lanceur d alerte bénéficie d une grosse somme qui modifiera sûrement son train de vie et suscitera des interrogations parmi son entourage. Ces derniers pourraient anleur tour le dénoncer pour "enrichissement illicite". Et une autre enquête pourrait naître.
On ne devrait pas les renumérer.Vs allez insatller un chaos ds ce pays.
Comment peut-on payer les salaires et avantages des membres de l'OFNAC et payer aussi des soient disant "lanceurs d'alerte" dans un pays en ruine où on demande les populations à se sacrifier? C'est pas sérieux... L'état a des services de renseignements dont les équipes sont bien formé pour ce genre de choses. Et si le lanceur d'alerte ment ou agit par la haine ou de la jalousie, on doit non seulement dédommager la victime mais aussi juger le soit disant "lanceur d'alerte pour fausses accusations. Dans un pays divisé où presque tout le monde ment, ce genre de choses ne fera qu'empirer la division. Cherchez d'autres moyens de trouver de l'emploi aux jeunes. Clédor Séne le patron des lanceurs d'alerte n'avait-il pas déclaré qu'il y avait des puits de pétrole à Diamniadio ? Le soit disant "lanceur d'alerte" qui avait dit à Sonko que le Sénégal exploite un puits de pétrole à Thiès depuis 2008. Celui qui a dit à Sonko qu'il y avait un rapport de l'IGE sur la gestion de Mame Mbaye Niang au Prodac alors que c'est faux. C'est ceux-là que vous appelez lanceurs d'alerte ? La Cour Suprême va encore rejeter ce machin de "lanceurs d'alerte"
Et si on denonce un policier ou un gendarme corrompu dans la rue ?
Je suis fortement anti Pastef mais entièrement en phase avec cela. La Corée du Sud marche droit avec ceci. Je pense qu’il faut digitaliser appli mobile ou mettre des QRCodes pour tous les lanceurs d’alertes: corruption polices, administration, incivisme etc. J’attends rien de Pastef juste la rigueur dans la gestion de état et de la vie publique. Travail et éthique
🇸🇳excellente loi👋🏾👋🏾👋🏾 harro sur le racket quoitiduen des gendarmes et policiers sur les routes. les filmer et les balancer sur tous les reseaux sociaux🇸🇳
Ca va être chaotique ! Même des domestiques vont parler sans vraiment savoir ! Des famille brisés en vu !
Seneweb il faut faire un effort pour mettra jour votre sit
Aicha Fall tu écris très bien machallah. Fond et Forme sont impec. Ça change...
ca devait pas etre anonyme, y'a rien d'illegal pour devoir se cacher un climat où tout le monde soupconne tout le monde n'est pas sain pour la productivité, surtout en termes de retention d'informations. " j'informe le moins possible et vais passer mon temps à chercher debusquer quelque chose..." mais essayons... on verra ce que ca donne
Ca devait pas etre anonyme. Y'a rien d'illegal pour devoir se cacher. Un climat où tout le monde soupconne tout le monde n'est pas sain pour la productivité, surtout en termes de retention d'informations. J'informe le moins possible et vais passer mon temps à chercher à debusquer quelque chose... Mais essayons... On verra ce que ca donne
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