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Sunday 10 August, 2025
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Transition sous contrainte : au Sénégal, les carburants échappent encore à la fiscalité verte

Auteur: Aïcha FALL

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Transition sous contrainte : au Sénégal, les carburants échappent encore à la fiscalité verte

Alors que le monde redessine ses politiques énergétiques sous la pression climatique, le Sénégal vient de confirmer le maintien de prix stables sur les hydrocarbures, malgré une révision en cours de sa structure tarifaire. Cette décision, présentée comme une mesure de protection du pouvoir d’achat et de stabilisation macroéconomique, expose un paradoxe profond : comment porter une transition énergétique ambitieuse sans mobiliser l’un de ses leviers les plus efficaces, la fiscalité verte ?

Dans un contexte mondial où les subventions aux énergies fossiles sont de plus en plus décriées, la stratégie sénégalaise reste prudente, presque conservatrice. Aucune taxe incitative n’est intégrée au barème actuel. Aucune modulation des tarifs n’est envisagée selon les niveaux d’émission ou les usages. Tout se passe comme si la consommation de carburants polluants devait encore échapper à toute contrainte budgétaire, au risque d’entretenir un modèle dont on connaît les limites écologiques.

Certes, la stabilité tarifaire peut se justifier à court terme, notamment dans un pays où les transports dépendent massivement du diesel, et où les hausses de prix peuvent provoquer des tensions sociales immédiates. Mais en ne saisissant pas l’opportunité de réorienter les comportements par des signaux économiques, l’État renvoie à plus tard les arbitrages difficiles de la transition. Il entretient aussi un double langage en promouvant l’investissement dans les énergies renouvelables d’un côté, et en subventionnant massivement les carburants fossiles de l’autre.

La transition énergétique ne se résume pas à des projets solaires ou à des discours sur la souveraineté verte. Elle suppose aussi une révision courageuse des incitations qui structurent les usages quotidiens. La vérité est que l’absence de fiscalité écologique ambitieuse constitue l’un des angles morts de la politique climatique du Sénégal. Et tant que le prix réel de la pollution ne sera pas assumé, la trajectoire bas-carbone restera plus proclamée que planifiée.

Auteur: Aïcha FALL
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Commentaires (1)

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    porozet il y a 2 heures

    d'ânes on ne peut faire des chevaux de course !!

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