De Kinshasa à Dakar : "Kuluna", la nouvelle arme rhétorique de la politique sénégalaise
Sur les plateaux de télévision comme dans les fils de discussion sur les réseaux sociaux, un mot s’est imposé ces derniers mois dans le vocabulaire public sénégalais : « Kuluna ». L’expression, devenue récurrente dans certains discours, a fait grand bruit après son utilisation par le député Guy Marius Sagna. Lors de l’émission Jury du Dimanche sur iRadio et iTV, le 10 août, il a déclaré : « Je n’ai aucune explication, aucune justification à adresser à des Kulunas qui ont volé, détourné, dépouillé, détroussé le peuple sénégalais et qui l’ont assassiné pour perpétuer leur système néocolonial et parasitaire ». Quelques jours plus tard, il a réitéré sur ses réseaux sociaux : « Il est inacceptable d’avoir un système judiciaire qui envoie les voleurs de poulets en prison et qui accorde des bracelets électroniques aux kulunas qui ont pillé les milliards des Sénégalais ».
Si le mot semble aujourd’hui intégré aux échanges politiques à Dakar, il ne vient pas du lexique local. Comme le rappelle Amadou Diallo, co-fondateur du CIRI et spécialiste en relations internationales, « Kuluna » est d’abord « un mot importé de la République Démocratique du Congo (RDC) » où il désigne des bandes de jeunes délinquants violents. Ces groupes, souvent issus de quartiers défavorisés, sont connus pour leurs agressions armées à Kinshasa et dans d’autres grandes villes.
Dans son pays d’origine, ce phénomène a conduit à des opérations policières d’envergure, comme « Likofi » en 2013-2014, qui visaient à neutraliser ces gangs. Plus récemment, en janvier 2025, les autorités congolaises avaient lancé l’opération « Ndobo » (l’hameçon). Plus de 300 kuluna ont été arrêtés et condamnés lors de 11 audiences foraines. 127 sur les 300 ont été condamnés à mort. D'autres à des peines de 5, 10 ou 20 ans.
Le terme existe aussi au Congo-Brazzaville, où il se confond parfois avec d’autres expressions, tandis qu’en Côte d’Ivoire, les « microbes » représentent une réalité similaire.
Au Sénégal, le glissement sémantique est manifeste. Le mot n’évoque plus des délinquants armés, mais des acteurs politiques ou économiques accusés d’abus ou de prédation. Selon Amadou Diallo, il est désormais « employé dans les débats publics (…) pour désigner des figures perçues comme brutales, extrémistes ou nuisibles ». Dans ce nouvel usage, il sert tantôt à dénoncer des membres de l’ancien régime, tantôt à viser des soutiens du pouvoir actuel.
Mais pour le spécialiste en relations internationales, l’emploi du terme s’inscrit aussi dans une tradition culturelle, celle du cousinage à plaisanterie. Cette pratique, connue sous le nom de kal en wolof, kathiolor en diola, dendiraagal en pulaar ou sanankuya en mandingue, permet d’user d’insultes ou de moqueries dans un cadre social accepté. Donc, employer « Kuluna » dans le débat sénégalais peut ainsi relever d’une accusation sérieuse, mais aussi d’une ironie ritualisée destinée à désamorcer les tensions.
« Le mot Kuluna présente une double dimension, à la fois insulte politique et forme de revendication sociale », observe Amadou Diallo. D’un côté, il s’agit d’un instrument de discrédit dans l’arène politique ; de l’autre, d’un symbole de créativité linguistique.
Selon Amadou Diallo, le parcours du mot, de Kinshasa à Dakar, reflète « un véritable dialogue culturel africain ».
Commentaires (16)
Ils vous appellent Kulunas. Appelez- les MICROBES.
Amadou Diallo bii koum yap? Ici au Sénégal Kuluna ce sont tous de l'anciens régime, des voleurs, truands et délinquants financièrs qui ont menti sur la dette et pillés plus de 7 million de dollars. Essayez de vous mettre à niveau au liri de topando.
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tout un article juste pour parler du mot kuluna, seigneur il y a des gens qui n'ont vraiment rien d'autre à faire
Ici au Sénégal il ne s'agit pas de plaisanterie, il s'agit des gens du régime de Macky qui ont pillé nos maigres ressources et qui ont causé des crimes de sang. Ce sont eux les Kulunas. Il ne faut pas jouer à l'équilibriste!
Moi, j ai entendu ce terme bien avant le 10 Aout.
Kulunas: bande de jeunes délinquants, tueurs, pilleurs, voleurs et violeurs.
Quels militants ont plus ce profil parmi les partis politiques sénégalais? Il coule de source que Fentef a le profil du poste! 🤣🤣🤣
Yaw kuluna nga si tu défends les voleurs. bande de voleurs .( j’insulte tous ceux qui volent l’argent du contribuable sans gêne et je l’assume même devant le procureur)
On dirait des adolescents de 17 ans ces leaders du pastef. Niak khorom, niak classe, niak fayda.
Yaw kuluna nga si tu défends les voleurs. bande de voleurs .( j’insulte tous ceux qui volent l’argent du contribuable sans gêne et je l’assume même devant le procureur)
Apr , opposition des kulunas , ahahaha .
On ne connaît pas le mot Koulouna au Sénégal
On n’a pas non plus gang de voleurs violeurs assassins au Sénégal
Il faut cesser d appliquer la théorie de l autre moi aussi
Ce Guy Sagna n a pas l imagination fertile c est pourquoi il fait copie coller c est un ignare
A bien lire l'origine et la genèse du mot, les vrais kulunas sont apparemment ceux qui l'utilisent pour désigner les autres.
autrement dit les kulunus authentiques, originaux sont les pastéfiens issus de milieux défavorisés, évoluant en bandes de casseurs, aigris, violents, destructeurs, etc.
Les kulunas se nourrissent de sang. Qui est plus assoiffé de sang que Sonko ? Lui qui disait que le combat sera mortel, la suite 14 morts après il revient dire que la deuxième vague sera plus dévastatrice et on connaît la suite.
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Je ne comprend pas mais pas du tout un elu peut utilisé ces termes pejoratif aussi violent pour designer des advesaires politiques ..le senegal tan cheri est entrain de tomber aussi bas avec ce gnak
Les kulunas contre les moutons
GMS le justicier. Long life bro. Que le bon Dieu te garde. Amine.
Tu oublie les gougnafiers menteur .
Diégui Diop une kuluna est en fuite au Canada apres avoir été libéréée par cette justice de kuluna
cest dsngereux dadopter la rhetorique de pays qui sont loin derriere le senegal, en guerre civile et autres.., choquant!🇸🇳
Voila où Pastef vous a conduits, dans le caniveau de la violence verbale et quand on les traite de gougnafier, ils crient au scandale et exigent l'emprisonnement des autres. Mais eux, ils peuvent traiter l'autre camp de kulunas sans aucune gêne. Un jour cette histoire d'insultes se terminera par une bagarre sur un plateau de télé, un pastéfien traitera un opposant de kuluna et l'autre lui répondra sa baye moy kuluna. Et ça finira en pugilat pire qu'entre Badara Gadiaga et Amadou Ba. Pastef a pris goût à la violence physique et verbale et plus rien ne l'arrêtera parce que ces gens ne respectent personne ni aucune institution. Toute personne qui n'est pas de leur avis sera insulté sans ménagement du genre 72h contre X. Et pire, ils assument un de leurs leaders prône ouvertement la violence verbale en disant insulter celui qui insulte Sonko alors que le discours responsable aurait dû être, il faut arrêter les insultes quelque soit le camp pour un vrai débat d'idées susceptible de faire avancer le pays. Mais bon assumons notre choix démocratique.
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