Mame Cheikh Anta, de son vrai nom Sidy Moukhtar Mbacké, se distingue non seulement par sa proximité spirituelle, mais aussi par son lien de sang avec le fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba. Fils de Mame Mor Anta Saly et de Anta Ndiaye, il est né en 1866 à Prokhane. Cheikh Anta est un jeune frère de Serigne Touba,

Très jeune, à l’âge de trois ans, il est confié à Serigne Touba par leur père. Il grandit donc dans l’ombre protectrice de son illustre frère, dont il deviendra l’un des premiers disciples, mais surtout le tout premier à être élevé au rang de Cheikh, ce qui lui vaut l’un de ses surnoms les plus connus: Cheikh Anta, ou plus affectueusement, le Cheikh fils de Anta.

À l’âge de six ans, alors qu’il est envoyé à l’école coranique de Rufisque pour y poursuivre ses études, il fait un choix marquant : celui de revenir auprès de son frère, refusant de rester éloigné de lui. Ce geste, révélateur d’un amour profond et inconditionnel envers Serigne Touba, marquera tout son parcours.

Reconnaissant cette fidélité, Serigne Touba lui offre le village de Darou Salam, dont il devient le guide spirituel et le développeur principal. Il y établit une communauté vivante, faisant de cet espace un foyer religieux majeur. Plus tard, en 1905, il fonde le village de Gawane, ce qui lui vaut les surnoms de Borom Darou Salam et de Borom Gawane.

Argentier du Cheikh, homme de mission et de confiance, il effectue le pèlerinage à la Mecque en 1928, sur instruction directe de Serigne Touba avant son décès, portant ainsi le message mouride jusqu’aux lieux saints de l’Islam. Son engagement ne s’arrête pas là. A la suite de l’élection de Blaise Diagne, et dans un contexte de tensions entre les autorités coloniales et les figures religieuses, il est déporté au Mali en 1930. Une épreuve qu’il endure avec une patience remarquable. Il ne reviendra au Sénégal qu’en 1935, avant de s’éteindre en décembre 1940, à l’âge de 74 ans.

Oustaz Mame Balla Guèye, enseignant et prêcheur à la mosquée de Darou Salam, retrace la vie de cet homme, qui n’est pas seulement un frère de Serigne Touba, mais un modèle de fidélité, de sacrifice et de service pour l’œuvre de son guide spirituel.