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Afrique

Génocide rwandais : la peine de Pascal Simbikangwa confirmée en appel

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Pascal Simbikangwa, condamné à 25 ans de prison pour génocide

La justice française a confirmé samedi en appel la condamnation à 25 ans de réclusion criminelle de Pascal Simbikangwa, premier Rwandais à avoir été jugé en France en lien avec le génocide des Tutsi en 1994, et qui n'a cessé de clamer son innocence.

Après six semaines de débats, l’ex-capitaine Simbikangwa, 56 ans, a été reconnu coupable de génocide et complicité de crime contre l’humanité, comme en première instance en 2014 et comme l’avait demandé l’accusation.

La défense a immédiatement annoncé qu’elle allait se pourvoir en cassation, dénonçant une décision « torchée, bâclée », par la cour « en moins de six heures », selon les mots de Me Fabrice Epstein.

La cour d’assises de Seine-Saint-Denis était chargée depuis le 25 octobre de rejuger, au nom de la « compétence universelle », cet homme pour des faits qui se sont déroulés il y a 22 ans à 6 000 kilomètres de distance.

« On a été naïfs, on a voulu croire qu’il n’était pas condamné d’avance », s’est insurgé Me Epstein à la sortie du tribunal, estimant que la cour avait fait le procès du génocide au Rwanda « et non celui de Simbikangwa ».

Les avocats des cinq associations parties civiles sont quant à eux sortis de la salle sous les applaudissements des militants présents.

Simon Foreman, l’avocat du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), a salué la « confirmation d’une décision qui est juste ».

« Ca légitime le combat qu’on mène depuis 20 ans, sans qu’on en tire aucune gloire », a aussi souligné le président du CPCR, Alain Gauthier. Il a prévenu qu’il y avait « d’autres combats à mener ».

« La liberté ou le calvaire »

Dans un communiqué, la Fédération internationale des droits de l’Homme et la Ligue des droits de l’Homme, également parties civiles, se sont félicitées d’une décision « qui prend en compte la voix des victimes qui attendent, depuis plus de vingt ans, que justice soit faite ».

Ancien capitaine de la garde présidentielle de Juvénal Habyarimana reconverti dans la police politique après un accident qui l’a cloué dans un fauteuil en 1986, Simbikangwa a donc été jugé coupable à deux reprises d’avoir organisé des barrages routiers au passage desquels étaient filtrés et exécutés des Tutsi à Kigali, et d’avoir livré armes, instructions et encouragements aux miliciens extrémistes hutu qui les tenaient.

Son procès en 2014 était le tout premier en France d’un Rwandais pour le génocide de 1994. Un second a eu lieu depuis, celui de deux anciens bourgmestres, Octavien Ngenzi et Tito Barahira. Ils ont été condamnés à perpétuité en mai 2016 et ont fait appel.

Simbikangwa avait longuement pris la parole samedi matin avant que la cour ne se retire. « Ce jour, c’est le mien: ou bien c’est la liberté ou bien c’est encore le calvaire », avait-il lancé.

Il a selon lui été « diabolisé » parce qu’il était « inconditionnel » du président hutu Habyarimana, dont la mort dans un attentat le 6 avril 1994 avait été l’élément déclencheur du génocide.

Ses avocats, qui plaidaient l’acquittement, avaient estimé vendredi que ce procès n’avait eu « qu’un but »: « torpiller l’accusé », arrêté en 2008 à Mayotte pour trafic de faux papiers et détenu depuis 2009 au centre pénitentiaire de Fresnes, en région parisienne.

Comme il a été « le premier Rwandais jugé en France, le premier accusé de génocide, il faut le condamner », avait ainsi déploré Me Epstein, disant comprendre son sentiment « d’être mal jugé, d’être un accusé politique ».

Pour la défense, la France essaie de s’acheter une « bonne conscience au rabais » avec ce procès. Kigali accuse régulièrement Paris d’avoir soutenu le régime génocidaire, puis protégé ses responsables dans leur fuite et enfin d’avoir tardé à juger les suspects installés dans l’Hexagone.

Les parties civiles et le ministère public ont raillé de leur côté le fait que Simbikangwa se soit souvenu, 22 ans plus tard, avoir « en fait vu une victime » pendant le génocide, qui a fait plus de 800 000 morts. Il avait affirmé en première instance n’avoir pas vu un seul cadavre.



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