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Nigeria: au Biafra, 50 ans après la guerre, le souvenir reste traumatisant

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Nigeria: au Biafra, 50 ans après la guerre, le souvenir reste traumatisant

Un agent de sécurité dans une ruelle vide à Ogbaru le 30 mai 2017 à l'occasion d'une journée ville morte pour commémorer les 50 ans du début de la gurre civile au Biafra, dans le sud-est du Nigeria.

Une journée « ville morte » avait lieu ce 30 mai dans certaines parties du sud-est du Nigeria. Des militants ont ainsi voulu marquer le 50e anniversaire de la déclaration unitatérale d'indépendance du Biafra. A Enugu, ancienne capitale de la république biafraise, la guerre civile (1967-1970) qui s'en est suivie reste un tabou dans l'inconscient collectif.

A Enugu, Ije s'est construite en s'affranchissant des blessures jamais guéries et surtout non verbalisées dans sa famille. « Le Biafra est plus que l'esprit d'un Igbo qui souhaite se voir donner la chance comme tout le monde de pouvoir être candidat, d'avoir la parole. C'est aussi l'opportunité d'un traitement plus juste en faveur de ce coin du pays. Evidemment, même un enfant se rend bien compte que quelque chose ne va pas bien au Nigeria. »

Ije est née dans les années 1980. Elle a pu étancher sa soif de connaître le passé récent de son peuple grâce aux livres. « Certains récits prétendent que la guerre a été provoquée par les Igbos. D'autres indiquent que ce n'était pas un conflit igbo. D'autres évoquent une sorte de génocide. C'est pour cela que j'ai besoin de lire des choses avec un point de vue venant des Haoussas. Mais aussi des histoires avec une perspective yoruba. Et également la vision d'auteurs igbos. »

La résurgence des revendications probiafraises et contemporaines interpelle Ije. « Nous devons nous tourner vers l'histoire. Pour savoir qui nous sommes, nous, les Igbos. Sur quelle chemin allons-nous ? Que nous est-il arrivé ? Que se passe-t-il en ce moment ? Demain, quel sera notre futur ? Une chose à propos de nous, les Igbos, les gens du sud-est : nous essayons de conduire une voiture comme si nous montions sur un vélo. »

En l'état, Ije estime que la société igbo est bloquée. Elle pose la main sur son ventre arrondi. Ce geste d'une mère à son bébé à l'intérieur apparaît comme une promesse de bien transmettre des clefs de compréhension à son enfant à venir.

« Ni vainqueur, ni vaincu »

Jerry avait 17 ans au moment de la sécession du Biafra. Cette période le hante encore : « Imaginez-vous un instant sans une seule goutte d’eau. Vous déambulez comme vous pouvez, vous êtes épuisé, vous ne pouvez rien porter. Même pas une petite bouteille avec juste un peu d’eau. Cela devient très vite un lourd fardeau. »

Comme beaucoup de survivants, Jerry reste très marqué. Il ne partage jamais ses cauchemars avec ses enfants, des adultes pourtant en âge de les entendre : « Des gens étaient installés autour des installations pétrolières. Ils triomphaient en criant qu’ils avaient contenu l’incendie malgré les bombardements. Mais ils n’imaginaient pas que le feu couvait à l’intérieur. Les cuves ont commencé à exploser, j’ai vu des gens transformés en torches humaines, la peau qui tombait du corps d’un seul coup. »

« Ici, tout le monde fait comme si les Igbos sont le seul peuple qui a été vaincu. Et pour moi, c’est assez frustrant car nous n’avons pas été en mesure de nous relever et de démontrer au monde qu’au-delà de la défaite du Biafra, les Igbos sont encore capables de faire des choses », estime un professeur d’art de l’université de Nsukka, à Enugu. Selon lui, l’absence de transmission de mémoire entre les générations provoque un complexe identitaire.

Depuis la fin de la guerre civile, le Nigeria réunifié poursuit sa route avec comme seule boussole la formule du général Yabuku Gowon : « Ni vainqueur, ni vaincu. »



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2017 (14:05 PM)
    la vraie patrie de aly BONGO : le biaffra

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