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Chronique

Cinq questions de souveraineté nationale non encore réglées Par Paul Faye

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Cinq questions de souveraineté nationale non encore réglées Par Paul Faye

 « Nous sommes tous en sursis », a dit Jean-Paul Sartre.


Nous avons l’impression que nos gouvernants aiment plus constater que prévoir. Il a fallu que le Joola fasse près de deux mille (2.000) victimes pour tirer des conclusions sur la sécurité maritime. Il a fallu que la banlieue soit confisquée par les eaux de pluie pour que l’Etat se mette à réfléchir pour trouver des solutions qui peinent à se concrétiser. Il a fallu que la mobilité urbaine échoue à hauteur de Rufisque pendant des années pour que l’Etat pense, des années plus tard, à une autoroute à péage. Il a fallu que le pays sombre dans le noir et qu’il ait des émeutes de l’électricité, pour qu’on parle de plan Takkal et de construction de centrales à charbon. Comme il a fallu que la route devienne la maladie la plus meurtrière pour que nos gouvernants cherchent sans succès des solutions du moins jusque-là. Enfin il a fallu que Dakar soit privé d’eau pendant plus de quinze jours pour qu’on pense à d’autres forages qui puissent relayer le lac de Guiers. A ce rythme, nous serons un gouvernement qui réagit et non qui agit. S’il faut construire le Sénégal avec des projets imprévus ou accidentels, quand est-ce nos projets bien ficelés et bien budgétisés seront exécutés ?


A notre humble avis, il y a encore des questions de souveraineté nationale qui tardent à être réglées. Des éléments armés ont trouvé un boutiquier à Ziguinchor, l’ont tué, ont pris la poudre d’escampette. La poste de Bounkiling, dans la région de Sédhiou, a été cambriolée en plein jour et trois (3) millions ont été emportés. La station Total sise au rond point Saly à Mbour dans la région de Thiès a reçu la visite d’agresseurs qui ont également empoté cinq (5) millions il y a quelques années. . Bref, chaque jour, des cas divers sont enregistrés presque dans toutes les régions du pays. Suffisant pour en déduire que la sécurité nationale, n’est pas encore une réalité au Sénégal, malgré les efforts inlassables des autorités dans ce domaine. Au niveau de nos frontières, les razzias des troupeaux de bovins, d’ovins et de caprins ont fini d’appauvrir les masses rurales. La porosité des frontières a découragé tous les éleveurs et semé la panique suite aux attaques armées perpétrées nuitamment.


La seconde question qui pose un problème de souveraineté nationale est la sécurité alimentaire qui n’est pas encore réglée. Un pays, qui importe ce qu’il mange, importe ce qu’il boit, importe ce qu’il porte, importe même ce qu’il dit et ce qu’il fait, a encore beaucoup à faire. Notre riz local n’est pas prisé, notre oignon local n’est pas non plus prisé, notre pain local se consomme en cachette, notre eau local (des puits) rend ridicule ceux qui la boivent ;  le port de notre tissu local (pagne traditionnel) renvoie encore à des identités culturelles. Les plats traditionnels sont préparés désormais pour les malades ou les convalescents alors que c’est qu’il faut manger pour éviter d’être malade. « Le monde a voyagé », disait un écrivain africain traduisant le wolof « aduna tukki na ».


L’accès aux infrastructures de base demeure la troisième question de souveraineté nationale qu’il faut régler. Une grève du Sutelec avait plongé le pays dans la mort de l’âme dans les années 90. Alors que les Sénégalais n’ont pas encore oublié cette forfaiture du gouvernement d’Abdou Diouf à l’époque, voilà qu’une panne constatée à l’usine de Keur Momar Sarr (Louga) remet en cause la souveraineté du pays. On a l’impression que l’Etat a suspendu sa vie à un bout de fil qu’il ne tient pas entre ses mains. Il y a des choses qui doivent dépendre du privé et des choses qui relèvent de la souveraineté nationale. Parmi celles-là figure aussi l’accès à l’électricité. Le courant ne doit plus être un luxe dans un pays qui aspire au développement. Mais dans des grandes villes comme Mbour, Ziguinchor, Thiès et Kaolack, des populations qui ont regagné leur nouveau quartier scrutent désespérément le ciel de la Senelec. A Mbour, l’élargissement du réseau électrique est inexistant car la Senelec privilégie plus les lignes privées que le réseau public. Des Toubabs (hommes blancs) qui construisent dans les nouveaux quartiers négocient avec des promoteurs privés qui les connectent au réseau de la Senelec moyennant des sommes faramineuses. Ayant gouté à cette facilité monnayée à coups de millions, la société ne veut plus entendre parler d’un projet étatique.


L’avant-dernière question est liée au transport. L’Etat a montré sa faiblesse lors de la dernière grève des transporteurs. Si un Etat autorise à un secteur de paralyser le pays, il y a de quoi dire, que cet Etat, n’est pas confortablement bien assis. Les habitudes que les gouvernements précédents avaient données aux populations doivent disparaitre. La liberté d’expression, la liberté d’aller en grève, ont été exagérées avec Wade qui, poussé par la folie d’un démocrate, a plongé le pays dans l’incorrection.


Enfin, il faut désenclaver la Casamance. Dans plusieurs manifestations, il n’est pas rare d’entendre les populations dire que nous ne sentons pas Sénégalais. Tout simplement parce que leurs enfants ne fréquentent pas l’école sénégalaise, parce elles sont connectées au réseau d’un pays limitrophe.  Parfois c’est parce qu’ils se soignent dans les hôpitaux situés au-delà de la frontière. Douze heures en voiture pour se rendre au sud du pays situé au plus à cinq (500) kilomètres, cela mérite une autre réflexion que celles en cours.


Paul Faye



14 Commentaires

  1. Auteur

    Goor

    En Octobre, 2013 (09:39 AM)
    Mr vous avez raison mais une chose est sûr pour penser au développement viable nous devons avoir notre souveraineté monétaire pour que les citoyens puissent acceder a des crédit bancaires et puissent entreprendre et créer des emplois c'est a dire avoir notre propre monnaie car le Franc cfa est une monnaie française qui est imprimée en France à Chamalière et c'est elle qui décide de la quantité de monnaie mise en circulation dans nos pays comme le Sénégal la Cote d'Ivoire; le Bénin ect en pensant les africains ne peuvent gérer leur propre monnaie Réveillons chers Sénégalais

    La solution est simple faire pression sur le président pour qu'il demande a avoir une monnaie sénégalaise

    Quand vous empruntez 12milliards à la France vous les plaçez dans des banques BCAO ou autres qui sont des banques française avec un taux d’intérêts et ces interets appartiennent aux africains et c’est sur ces taux intérets que la France va puiser pour dire on va aider les africains

    Wade en 2008 avait dit pourquoi la BCAO continue de placer (stokés) ses réserves estimées à 4700 millards en France alors nous avons de ses fonds pour investir.

    Tout pour utiliser des mots simples pour que tout le monde puisse comprendre

  2. Auteur

    Free Maçon

    En Octobre, 2013 (09:40 AM)
    tres pertient ce senegal la depasse les hommes politiques
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    Auteur

    Wagane Coumba Sadiane

    En Octobre, 2013 (09:48 AM)
    Monsieur FAYE, votre réflexion a été très pertinente à mon avis et jespère que les autorités politiques vont prendre cette réflexion avec beaucoup de soin.

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    Auteur

    Senenmut

    En Octobre, 2013 (09:51 AM)
    Merci Paul, pour cet écrit d'une grande qualité, mais qui, malheureusement est loin d'être exhaustif car tant de dysfonctionnement restent à être dits sur ce pays. On ne peut les finir! Mais je le mets avant tout sur le compte d'un manque d'idéologie , d'éducation critique, de défaut de perspectives. Pourtant des penseurs émérites tel que Cheikh anta diop ont tracé le chemin dans des ouvrages disponibles et actuels. Mais ils préfèrent jouer à l'autruche, regarder ailleurs, par paress, et facilité, manque de courage : laissant la pieuvre et ses tentacules agir en toute impunité.

    Ce qui n'est pas vrai ne durera jamais. mais il faudra qu'on soit capable de penser par nous même pour que les choses changent.

    Changeons de paradigme! Entamons le processus de déconstruction mentale, politique, spirituelle, sociale économique culturelle pour nous redévelopper, en prenant appui avant tout sur nos humanités egypto-nubiennes. Nous en sommes capables! Nous devons!. Manquer la marche de l'histoire signifiera la mort du peuple d'Horus.

    Ank wdja snb.
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    Auteur

    Thiessois

    En Octobre, 2013 (10:36 AM)
    Bien dit Paul. Ce sont des choses que nous connaissons et à la limite tout le monde sent qu´il y´a quelque chose qui ne va pas. Mais au fait rien ne va ! Le seul leader Sénégalais qui a marqué les esprits pour faire décoller ce pays fut Mamadou Dia, rahimaho Lah. Senghor n´aimait pas la technique, Diouf ne savait gérer que ce qui est déjà là, Wade mégalomane est vendu vendre notre Ame au Diable.. Et Macky ? Le moteur démarre avec beaucoup de ratées d´allumage. Mais comme en Wolof on dit que " on reconnait le bon repas par l´odeur qui vient de la cuisine !". Eh bien l´odeur n´est pas encore bonne, et c´est l´avis de beaucoup.
    Auteur

    Ridiale

    En Octobre, 2013 (10:48 AM)
    Merci Paul, au moins vous avez la solution. Le Sénégal dépasse largement les hommes politiques comme un intervenant l'a dit...

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    Auteur

    Jules

    En Octobre, 2013 (10:57 AM)
    bien dit mais aduna tukkina c'est autre chose ! c'est à dire c'est la fin du monde
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    Auteur

    Suggestion

    En Octobre, 2013 (11:02 AM)
    De Abdou DOIUF(avec son éminence grise d'alors Ousmane Tanor Dieng) en passant par Abdoulaye WADE et son co-mafieux et co-voleur, Idy SECK, nos décideurs politiques ne se sont jamais occupés de nos priorités vitales mais de clientélisme politique et maraboutique laissant en rade tout un peuple indigent depuis des décennies. J'en veux pour preuve ces fameux caisses noires noires noires de milliards qui n'ont servi qu'à enrichir des clans. C'est à Macky Sall que revient le devoir historique de créer une rupture épistémologique en reconsidérant ces caisses noires et procéder à une révolutionnaire allocation des ressources de notre pays en diminuant d'une manière drastique le train de vie de l'Etat dont les Ministres se pavanent dans des Mercedes que même Merkel la Chancelière Allemande(fabricante de la marque) n'ose pas conduire. C'est à ce prix que les Sénégalais prendront au sérieux ce nouveau régime qui, il faut le saluer, entame des projets et programmes sociaux qui ne demandent qu'à être renforcés par cette manne financière que l'Etat gaspille en dépenses de prestiges et de fonctionnement...  :sn:   :sn:   :sn:   :sn:   :sn:   :sn:   :sn: 
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    Auteur

    Koplan

    En Octobre, 2013 (11:05 AM)
    Félicitation Mr FAYE,

    Ce qui est sûr et certain, tu n’es pas un politicien. Un politicien commente ce qu’il ne maitrise pas et un scientifique ou technicien analyse ce qu’il maitrise. Je ne peux pas comprendre pourquoi le Sénégal ne décolle pas jusqu'à présent. Nous sortons des mêmes écoles que les occidentaux et dès fois major de leurs promotions. Une fois rentrée au pays nous ne pouvons rien réaliser car c’est un problème environnemental et de volonté politique. L’autre avait bien raison en disant « Et si l’Afrique refusait le développement ? »

    Ton article m’a poussé à penser qu’il est temps d’ouvrir un forum ou les gens qui veulent le développement du Sénégal pour la génération futur puissent se retrouvez pour des échanges d’idées et de les concrétiser.

    Merci encore.

    Auteur

    Esprit Rebel

    En Octobre, 2013 (15:37 PM)
    En lisant cet article, beaucoup de réactions me sont venus à l'esprit. Concernant la SENELEC(Mais dans des grandes villes comme Mbour, Ziguinchor, Thiès et Kaolack, des populations qui ont regagné leur nouveau quartier scrutent désespérément le ciel de la Senelec. A Mbour, l’élargissement du réseau électrique est inexistant car la Senelec privilégie plus les lignes privées que le réseau public. Des Toubabs (hommes blancs) qui construisent dans les nouveaux quartiers négocient avec des promoteurs privés qui les connectent au réseau de la Senelec moyennant des sommes faramineuses. Ayant gouté à cette facilité monnayée à coups de millions, la société ne veut plus entendre parler d’un projet étatique),

    je vous voudrai tout juste vous faire un aveu de taille. Je connais un agriculteur qui a investi son argent dans une machine de transformation de produits agricoles qui coute des millions de francs dans la ville de Ndioum(Saint Louis) depuis plus de trois ans elle est à l’arrêt puisque la Sénélec dit qu'elle ne peut lui amener le courant jusqu'au site tant qu'il ne paie des millions à la boite. Donc vous vouyez le manque à gagner de cet homme qui investit dans un grand projet agricole n'arrive pas à le faire démarrer à cause de l'électricité. En plus l'engin a été acheté en Espagne sans compter les frais de débarquement de port et les pourboires etc. Je me demande si le Yonu Yokuté va dans le sens de régler les choses dans élan politique-économique pour le bien être des populations freinées par un État inerte et inactif conjugué au nombreuses injustices sociales?
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    Auteur

    Allou

    En Octobre, 2013 (16:18 PM)
    Bravo Paul !!!
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    Auteur

    Zagalo

    En Octobre, 2013 (16:36 PM)
    La chose la plus grave dans ce frein de notre souveraineté nationale reste la non continuité du territoire. En effet quitter la Casamnce pour Kaolack ou vice versa pose un réel problème de souveraineté nationale. Pourtant, la solution est simple facilitée par la réhabilitions de la RN6. Alors le gouvernement doit favoriser en subventionnant au début, les entreprises qui vont s'installer le long du trajet, pour qu'à n'importe quelle heure, sur un nombre de km donné, pouvoir s'arrêter, se restaurer, se soulager , se reposer si on a envie et continuer le chemin. Nous gagnerons en temps et nous développerons en même temps le petits commerce sur le trajet Kaolack-Kolda-Bignona ou Ziguinchor ou Sedhiou ou Velingara. Mais le gain le plus important resterala fierté d'être souverain. RÉSULTAT: la Gambie acceptera la construction du pont sur son fleuve. Au 20 eme siècle, un bac sur une route continentale, il faut être dingue pour l'accepter.
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    Auteur

    Education

    En Octobre, 2013 (20:37 PM)
    Il faut y ajouter le probleme de l'education.
    Auteur

    Que Dois Je Faire Pour Mon Pay

    En Octobre, 2013 (11:15 AM)
    Je salue vraiment vos remarques Mr FAYE. Pour dire que le Sénégal est vraiment en retard. On s'attarde trop sur des détails plutôt que sur l'essentiel. Le népotisme, le clientélisme, l'amateurisme, les dessous de table qui ont pour nom la corruption et j'en passe, ont fini par prendre siège au cœur de nos structures privées comme publiques, ceux depuis des décennies .Mais il faut dire que pour changer les choses, nous devons nous engager et aspirer à des postes de responsabilité et de décisions .Pour qu' enfin, à la hauteur de notre vision, nous puissions nous mouvoir efficacement dans cette dynamique.Un appel à la citoyenneté responsable et entreprenante présagera un avenir radieux. Bonne lecture
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