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Diplomatie

Entre Russie et Turquie, des législatives bulgares sous influences

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Des affiches de campagne en faveur de Kornelia Ninova, la cheffe du parti socialiste bulgare. Photo AFP Nikolay Doychinov

Il y avait beaucoup de sujets à aborder pendant la campagne des législatives qui se tiennent ce dimanche en Bulgarie, le pays le plus pauvre de l’Union européenne: pouvoir d’achat en berne, corruption endémique, émigration économique de masse, inefficacité des services publics… Mais ce sont les questions de politique étrangères qui ont dominé le débat.

Moscou, l’invité incontournable

En vertu d’une tendance désormais installée, les relations présentes et à venir avec Moscou ont occupé une place importante dans les discussions entre candidats, dans ce pays d’Europe orientale qui dispose de liens historiques, économiques et culturels très étroits avec la Russie. Membre de l’UE depuis 2007, le pays demeure économiquement très dépendant du grand frère slave: 22% de son PIB repose sur des entreprises liées à la Russie, qui a aussi le quasi-monopole d’approvisionnement en gaz. L’unique centrale nucléaire bulgare est de fabrication russe et la raffinerie appartient à Lukoil, un géant du pétrole russe. Et pas moins de 320 000 Russes ont des propriétés en Bulgarie.

Les principaux partis en lice souhaitent relancer la coopération avec la Russie, notamment dans le domaine énergétique (les projets d’une deuxième centrale nucléaire et South Stream avaient été abandonnés sous pression des Etats-Unis et de l’UE). L’humeur générale est donc à l’entente, mais c’est sur le degré de proximité que les positions des candidats divergent. Le Parti socialiste (PSB), héritier du parti communiste et traditionnellement proche de Moscou, qui a le vent en poupe depuis l’élection en novembre de son candidat Roumen Radev à la présidence du pays, milite pour une levée des sanctions européennes contre la Russie. Sa cheffe de file, Kornelia Ninova, a même fait l’objet d’une caricature dans laquelle elle est représentée assise sur une monture en bois, devant la forteresse de l’UE, pendant Vladimir Poutine s’introduit en douce à l’intérieur de ce cheval de Troie… Au coude-à-coude avec les socialistes, le parti conservateur Gerb de l’ex-premier ministre Boïko Borissov entend, quant à lui, renforcer l’ancrage européen de la Bulgarie, tout en ménageant les susceptibilités russes. «J’aime bien la Russie, mais c’est de l’UE que viennent les milliards d’euros de subventions», résume Borissov, cité par l’AFP. La coalition nationaliste Patriotes unis, en troisième position dans les sondages, est ouvertement pro-russe.

Toutefois, il n’y a pas à craindre que la Bulgarie quitte l’OTAN (entrée en 2004) ou l’UE, car les Bulgares demeurent majoritairement euro-optimistes, préviennent les experts.

La Turquie veut aussi s’incruster dans la partie

Puissant partenaire de la Bulgarie, la Turquie est accusée d’ingérence dans les affaires intérieures. Vestige de la domination ottomane sur les Balkans, la Bulgarie abrite toujours une minorité turque de 700 000 personnes (sur 7,4 millions d’habitants), tandis que 60 000 Turcs possèdent la citoyenneté bulgare et jouissent du droit de vote. Historiquement, ils sont représentés par le Mouvement pour les droits et libertés, présidé par Moustafa Karadayi, plutôt critique du président Recep Erdogan, et qui clame sa fidélité aux valeurs nationales bulgares. Mais une nouvelle formation, Dost, a gagné récemment en popularité. Les autorités et les principales forces politiques bulgares accusent Ankara de soutenir ouvertement ce parti pro-turc.

Des militants nationalistes ont décidé de bloquer trois postes frontières avec la Turquie, pour limiter l’afflux d’électeurs turcs pour le scrutin de dimanche. «Quelque 6-7000 personnes sont déjà arrivées de Turquie en transport gratuit avec la consigne de voter pour l’un des deux "partis de la minorité turque". Nous arrêterons ce tourisme électoral», a affirmé à l’AFP l’un des leaders de la coalition nationaliste Patriotes unis, Valeri Simeonov. Le rôle de l’extrême droite risque d’être décisif dans le scrutin, dont le candidat, Krassimir Karakatchanov, arrivé troisième à la présidentielle, entend jouer l’arbitre entre les socialistes et les conservateurs.



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