AUDIT DE LA SENELEC : Les travailleurs décrient un «favoritisme» et s’interrogent…

L’annonce faite par le ministre d’Etat, ministre de l’Energie, Karim Wade, d’auditer la Senelec continue de soulever des vagues. Après une mission d’inspection de la Banque mondiale et une autre effectuée par des bailleurs de fonds français, les travailleurs s’interrogent sur le bien-fondé d’un audit qui, disent-ils, n’est, ni plus ni moins, que «du favoritisme».

Le secrétariat du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec) estime que le retour des délestages durant les mois de septembre et octobre dans des proportions importantes ont eu raison de l’ancien ministre. Comme qui dirait que du simple fait de ce changement, la situation allait revenir à la normale. «Après le mauvais fuel, le problème du déficit structurel de puissance de réserve nous a encore rattrapés. C’est dire que les problèmes récurrents de trésorerie, l’absence et la difficulté à mettre en place une politique de maintenance (les commandes de pièces de rechange connaissent des retards considérables -problème de trésorerie), le coût et l’impact du prix du combustible sur les recouvrements montrent qu’il y a un problème de fond», soulignent Mademba Sock et ses camarades dans une déclaration reçue hier.

Ils s’interrogent sur le bien-fondé de «la démarche consistant à faire des audits aux frais d’une entreprise confrontée à des difficultés de trésorerie structurelles  alors que la Banque mondiale et la Cour des Comptes s’y sont déjà attelées». La réforme en cours et le diagnostic préalable déjà effectué montrent que les considérations de départ de ceux qui veulent régler les problèmes de la Senelec se sont heurtées à la réalité et à la complexité du sous-secteur de l’énergie électrique, indiquent les travailleurs. «Les audits qui sont pris comme préalables pour toute solution de sortie de crise  intriguent du fait que le mode de sélection de ces cabinets d’audits ne semble pas exempt de favoritisme», relève le texte.

Une tutelle trop encombrante

«La situation de la Senelec doit, en notre sens, être recentrée sur elle-même. Le diagnostic est clair : aucune entreprise ne peut rester stable avec des charges supérieures à ses rentrées surtout quand s’y ajoute une tutelle omniprésente au quotidien, un mangement instable et tatillon, une fraude égale à 20% du produit fini, des pertes techniques importantes et la liste n’est pas exhaustive», lit-on encore dans le texte. Au même moment, se désolent les syndicalistes, le gouvernement qui devait verser de l’argent pour combler ce gap entre le coût réel de l’électricité et le coût supporté par le consommateur ne suit pas.

Un maquillage rebutant

«D’autre part, le fait de mettre en place une commission très hétérogène où d’anciens Directeurs côtoient des Imams et des responsables d’Association de consommateurs relève du saupoudrage, du point de vue de l’efficacité», assènent les travailleurs. C’est pourquoi, doutent les camarades de Mademba Sock, nous ne pouvons pas penser que des solutions en sortiront. «A Ziguinchor, c’est le retour des groupes de location après qu’on a laissé les groupes fonctionner sans pièces de rechange après le fameux fuel «contaminé», rappellent-ils pour s’en indigner. On s’attendait à ce que les déclarations sur les commandes de pièces soient suivies d’effet, mentionne le document.

Le report incompréhensible de la centrale à charbon

Aujourd’hui, soulignent les travailleurs, une nouvelle période s’ouvre et chacun y va avec ses prêt-à-porter, en oubliant souvent l’essentiel. «C’est que, malgré les efforts d’investissement, il reste encore à faire en termes de centrales à installer. Nous ne comprenons pas ce qui est à la base du report de la mise en place de la centrale à charbon annoncée pour 2011 et aujourd’hui 2014», se plaignent les syndicalistes. Qui s’interrogent : «Quelles sont les raisons d’un tel report ? Ne sommes-nous pas avec le même gouvernement ?» Gti continue de se comporter comme elle veut, ce qui devait faire réfléchir sur les contrats avec les privés, conseillent-ils. «Aujourd’hui, la location des groupes ne peut être supportée par la Senelec. Elle doit mettre ses moyens sur la maintenance des centrales existantes et leur suivi, une politique commerciale hardie et des outils logistiques adaptés et non virtuels», recommandent les travailleurs, convaincus que «l’année commerciale décrétée n’a pas connu, pour le moment, de réussite non du fait des travailleurs, mais du budget annoncé qui n’est pas totalement mis en place. Ce qui explique que la  fraude a encore de beaux jours».

Les travailleurs pensent qu’il urge que l’on se penche sur la plateforme «qui devait être discutée avec la direction, que les accords paraphés fassent l’objet d’une application, notamment la prime commerciale dont l’application ne saurait être différée pour des raisons de positionnement qui menacent dangereusement la paix sociale dans l’entreprise».