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Casamance : Cap Skirring, une station balnéaire à la recherche de la gloire perdue

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Casamance : Cap Skirring, une station balnéaire à la recherche de la gloire perdue

La fermeture de plusieurs hôtels au Cap Skirring a sérieusement déteint sur l’activité touristique. Les artisans vivent aujourd’hui des moments difficiles faute de touristes. Mais la situation est surtout aggravée par l’ouverture des résidences de plus en plus nombreuses.

Dans les rues du Cap Skirring, la principale zone touristique de la Casamance, Abdou Khoudoss dit « Baye Fall » est en train de devenir une icône. Avec sa tenue bariolée, lunettes fumées, un gros collier autour du cou, le bonhomme traine son pousse-pousse en noir et blanc sur lequel il vend du café Touba. Il a lui-même rebaptisé cela en « café Touba original ». Souriant et très taquin, « Baye Fall » ne refuse jamais une photo à un touriste qui l’aborde en pleine rue. Au Cap Skirring, il a très vite conquis les cœurs.

Pourtant, le vendeur est arrivé nouvellement au Cap, en provenance de Saly Portudal, l’autre site touristique situé sur la Petite Côte, dans le département de Mbour, où il a séjourné pendant sept ans. « J’étais à Saly Portudal, mais je suis arrivé au Cap Skirring, sur ordre de mon marabout, il y a tout juste deux mois. Ici, les gens sont bien, on m’a très vite adopté. J’ai même rencontré des touristes que je connaissais à Saly », explique le jeune talibé mouride. Seulement, cette bonne humeur d’Abdou Khoudoss contraste bien avec la situation qui règne dans cette zone touristique.

Aujourd’hui, Cap Skirring n’est plus que l’ombre de lui-même avec la fermeture de la plupart des hôtels, au cours de ces dix dernières années. L’épidémie à fièvre hémorragique du virus Ebola, la politique de visa adoptée pendant un certain temps par le gouvernement et la liste rouge du quai d’Orsay interdisant aux citoyens français de se rendre en Casamance sont autant de facteurs qui ont donné un coup de frein à l’activité touristique. Excepté le Club Méditerranée, tous les grands hôtels comme Savana, Royal Cap, Hibiscus, Kabrousse, Maison Bleue ou Alizées ont mis la clé sous le paillasson.

Le galeriste Mamadou Dieng regrette bien cette période faste où au Cap Sikiring « tout marchait bien » durant les mois de novembre et décembre. Lui qui a séjourné à Saly, à Nianing avant de s’installer au Cap Skirring, est inquiet de la situation dans laquelle est plongé le site touristique. « Jusqu’en 2002 et 2005, l’activité touristique marchait bien ici, mais c’est surtout en 2012 que les choses ont commencé à se détériorer. Si on n’y prend garde, Cap risque de devenir comme Saly », alerte cet artisan. Mais Mamadou Dieng n’est pas le seul à s’inquiéter de la situation actuelle du Cap Skirring.

« C’était la période faste »

La plupart des vendeurs qui connaissent le site vivent des heures difficiles. « Cap n’est plus ce qu’il était auparavant », fulmine la commerçante Adjaratou Ndèye Maty Faye. Cette pensionnaire du village artisanal a vécu des moments bien meilleurs que cette période. « Quand le tourisme marchait bien ici, je ne faisais ici que dix jours pour épuiser mon stock et je repartais à Dakar pour en chercher au marché Sandaga. C’était la période faste », soutient la bonne dame.

La période faste, c’était quand les hôteliers organisaient, à tour de rôle, des visites dans le village artisanal et quand les produits étaient facilement écoulés. « Les touristes ne viennent ici que par hasard. Parfois, ils tombent sur notre enseigne et entrent dans le village. Dans d’autres cas, c’est pour chercher une connaissance tout simplement », relève l’horloger Serigne Sèye.

Aujourd’hui, le Club Méditerranée qui reste le seul établissement encore ouvert n’organise plus des visites pour ses clients. Une politique mal vue par les artisans de Cap Skirring. « Pourtant, cet hôtel organise le plus souvent des soirées africaines deux fois dans la semaine. Certains artisans sont sélectionnés pour exposer, mais nous pensons que ce n’est pas une bonne solution », regrette l’horloger. Mais pour Alfred Kâ, le chef de village de Cap Skirring, le problème de fond reste l’existence des résidences qui tuent à petit feu l’activité touristique. « Aujourd’hui, s’il y a 200 touristes qui descendent à l’aéroport, les 100 vont dans les résidences, parce que beaucoup de touristes qui connaissent la zone y ont acheté des maisons qu’ils transforment en résidence. C’est un vrai gâchis », regrette le chef de village.

Pour ce retraité qui s’est installé au Cap Skirring depuis plus d’une trentaine d’années, les résidences restent la cause principale de la perte d’emploi de beaucoup de jeunes. Car, selon lui, les excursions que les jeunes organisaient sont faites maintenant par les toubabs eux-mêmes. Face à cette situation, les artisans du Cap estiment qu’il est temps que le gouvernement réagisse en incitant les privés à construire des hôtels sur le site, mais aussi en réglant le grand problème des résidences. Cela permettrait à Baye Fall, le vendeur de café Touba, et à plusieurs autres jeunes artisans de pouvoir tirer leur épingle de l’activité touristique au Cap Skirring.

Avec 15.000 âmes comme population : Le casse-tête de l’eau au quotidien

Cap Skirring est né presque en même temps que le Club Méditerranée en 1973. Le village était surtout une cité dortoir que les responsables du groupe hôtelier français avaient construit pour les travailleurs. Au fur des années, des populations s’installent sur le site et créent des activités commerciales. La cité est devenue un village de l’ancienne communauté rurale de Diémbering. Faisant partie des premières personnes à s’installer sur le site en tant que travailleur, Alfred Kâ est aujourd’hui le chef de village. « Au Cap, on dénombre aujourd’hui 13 ethnies composées essentiellement de Diolas, de Peuls, Mandingues, Manjacks, Sérères, Bambaras, Mancagnes, Papels. Au dernier recensement fait en 2014, la population était évaluée à environ 15.000 âmes », explique le chef de village. Cap Sikirring dispose d’infrastructures de base telles qu’un poste de santé, une maternité, deux écoles primaires et un Cem. Mais depuis longtemps, le village est confronté à un sérieux problème d’approvisionnement en eau. Le liquide précieux manque terriblement dans le village. Les populations continuent à s’approvisionner en eau à partir des puits. Souvent, des Peuls puisent cette eau qu’ils revendent aux populations moyennant 100 FCfa le bidon de 20 litres. « Dans cette situation, on ne dispose jamais d’assez d’eau dans nos maisons pour se laver, faire le linge ou les travaux domestiques », signale Alfred Kâ. Mais le chef de village est optimiste quant à la résolution de ce problème sous peu. Actuellement, les responsables des sociétés en charge de la question sont en train, selon lui, de rechercher les points d’eau afin d’y implanter des forages.



5 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2017 (16:19 PM)
    L'etat ne fait rien pour creer des emplois dans se secteur dans cette zone du senegal ou il n,y rien
  2. Auteur

    Thiey

    En Janvier, 2017 (16:22 PM)
    Ce nest plus ce que ca été en vérité; Il faut dire aussi que le gouvernement a préféré se focaliser sur le tourisme à mbour après les événements de la rébellion en casamance. Le probleme a cap maintenant c'est très difficile pour un enfant du village c'est a dire née et grandit à cap d'acheter un terrain car les proprios préfèrent vendre aux roubabs qui souvent ne négocie pas le prix.

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    Auteur

    Toutyre

    En Janvier, 2017 (17:26 PM)
    Pas surprenant , destination du senegal est trop chère en la comparant à : Maroc , Mexique , St Domingues , Turquie Grèce , en sus à chaque coin de rue les touristes sont harcelés

    De la part d'un expatrie ayant séjourner au senegal
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    Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2017 (18:01 PM)
    à cause des rebelles ,la casamance souffre d'une stigmatisation jamais égalée non seulement aux yeux de l'état mais surtout des citoyens.
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    Auteur

    Anonyme Modou

    En Janvier, 2017 (21:37 PM)
    gouverner c'est prévoir. le patriotisme économique qui conduit à pendre des décisions irréfléchies au nom du principe de réciprocité sans évaluer les rapports de force re relève de l'irresponsabilité politique....le Sénégal accueillait avant cette décision environ 300.000 touristes selon certaines sources plus fiables que celles qui affichent le double. nous avons débranché notre pacemaker. les hôtels sont en arrêt cardiaque. nous ne savons pas vendre la destination Sénégal. notre présence dans les salons et forums touristiques reste presque obsolète. notre politique d'accueil n'est pensée...le quotidien du touriste n'est pas sécurisé...trop livré à la merci des marchands ambulants dont le harcèlement n'a pas d'équivalent dans le monde...j'ai voyagé sur tous les continents et nous sommes en tête de gondole croyez moi...nous exportons même notre méthode de harcèlement touristique (à breveter) au pied de la tour Eiffel avec au besoin le coup de savate facile contre la police. En sus nous avons le problème mfdc pour couronner le tout même si celui-ci à très peu jouer sur la fréquentation touristique du cap skiring car il y avait comme une sorte de pacte de non agression entre les rebelles et le monde économique touristique qui était premier employeur des parents de ceux qui n'ont pas rejoint le maquis. c'est dommage qu' à cause des politiques de gribouille on soit amené à conjuguer au passé l'histoire récente d'une jeune station balnéaire poule aux oeufs d'or!!! hélas et pourtant il ne suffirait pas de Grands choses pour que ça reparte...volontarisme VOUS dites????

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