Par Décision n°1970/DGD/DRCI/BRD du 26 juin 2018, le Directeur général des douanes a érigé les bureaux frontaliers de Rosso (frontière avec Mauritanie), Kidira et Moussala (frontière avec Mali), Vélingara (frontière avec République de Guinée), Keur Ayib et Karang (frontière avec Gambie) et Ziguinchor en bureaux de plein exercice compétents pour toutes les opérations de dédouanement. À l'instar des grands bureaux de Dakar Port, ces bureaux peuvent désormais accomplir toutes les formalités douanières relatives au traitement des déclarations en douane de toute marchandise. Cela ne va pas sans risque pour l'économie sénégalaise.
Pour rendre opératoire ladite mesure, le Directeur général des Douanes Oumar Diallo a pris une note de service n°1660/DGD/DRCI/BRD du 30 avril 2019 pour procéder à la levée de la mesure de domiciliation du dédouanement de neuf produits arrêtés en novembre 2004 par l'ancien Directeur général des Douanes Armand Jean Jacques Nanga. Il apparaît aujourd'hui clairement qu'aucune décision en douane n'a autant suscité de vagues et de polémiques mais surtout d'incompréhensions tant au change, il ressort que les inconvénients de la mesure sont plus nombreux pour l'économie sénégalaise que les bénéfices qu'elle peut engendrer.
Une seule retombée positive
Pour le second aspect à savoir les retombées positives de la mesure, elles se résument en une seule d'après les spécialistes de la question que nous avons interrogés. La mesure aura l'avantage de rapprocher les opérateurs économiques locaux de leurs marchandises limitant ainsi les surcoûts de transport.
Série d'inconvénients
À part cet aspect positif, c'est une longue liste d'inconvénients pour ne pas dire des risques d'exposer l'économie sénégalaise à la fraude, à la concurrence déloyale des produits venant de la Gambie, de la Mauritanie et du Maroc, la rendant davantage extravertie.
En effet, la Gambie a une économie de réexportations vers ses voisins immédiats dont le Sénégal favorisée par le taux de sa monnaie plus favorable. Les opérateurs seraient tentés d'aller s'y approvisionner directement au détriment du made in Sénégal.
Ensuite, cette mesure devrait augmenter le dynamisme du port de Banjul au détriment de celui de Dakar. Or, les investissements colossaux consentis par les autorités sénégalaises pour faire du port de Dakar un port aux standards mondiaux tomberont inéluctablement à l'eau entraînant des pertes énormes.
Par ailleurs, par cette mesure le DGD expose les recettes de l'état à l insécurité. Comment demander à des bureaux frontière de dédouaner tous les produits alors que dans certaines zones le trésor public n'est même présent. Bienvenue aux détournements de deniers publics, aux braquages etc.
Effets dangereux
Toujours dans le chapitre des effets négatifs ou dangereux de la mesure il ya le fait que tous les douaniers n'ont pas tous suivi la même formation. Il ya les inspecteurs formés à l'ENA préparés au métier du dédouanement et ceux qui sont un peu au dessous dont on nous dit qu'ils viennent en appui aux inspecteurs.
Comment donc on peut autoriser ces agents d'un niveau de grade et d'expertise différents à faire le même travail ?
C'est dire que la mesure manque de logique et de cohérence et est dangereuse pour l'économie sénégalaise. Cela nous laisse penser que le Ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo garant de la bonne tenue de nos finances publiques ne laissera pas passer une telle maladresse et un tel manque de vision d'autant qu'il n'est pas sûr que les bureaux cibles disposent de la logistique nécessaire pour exercer un tel travail.
En effet, outre le manque de personnel suffisamment bien préparé, il ya un manque de locaux adaptés, de matériel informatique suffisant disposant de connexion internet de qualité sans oublier l'interconnexion système gaïnde de la douane et celui du trésor appelé aster.
D'ailleurs, il nous revient que l'administration du trésor n'a pas été associée à cette prise de décision dont l'opérationnalité dépend en partie d'une bonne collaboration avec le trésor qui est le recouvreur des recettes de l'État que les impôts et la douane sont chargés de faire payer. S'il n'y a pas de scanner tout passe par là, y compris les armes. Ca qui est source d'insécurité dans la sous-région.
Autant dire que la mesure tendant à généraliser le dédouanement de tous les produits levant ainsi la domiciliation n'a pas été suffisamment réfléchie car les conséquences qu'elle engendre sont désastreuses pour l'économie sénégalaise.
18 Commentaires
Buju Bamton
En Mai, 2019 (14:07 PM)Si on travaille pour l'état on se contente de faire un minimum de zèle
Khadim
En Mai, 2019 (14:11 PM)Zeusss
En Mai, 2019 (14:19 PM)Gogo
En Mai, 2019 (14:42 PM)Jalow Kolda
En Mai, 2019 (15:01 PM)Esprit Libre
En Mai, 2019 (15:28 PM)1. Rapidité des transactions douanières: en dédouanant leurs marchandises dans les bureaux frontaliers, les opérateurs économiques gagnent du temps car ils n'ont plus besoin de venir jusqu'à Dakar.
2. Réduction des coûts: cette mesure permet de réduire les coûts du transport des marchandises
3. Renforcer la compétitivité du Port: contrairement à ce qui est avancé par l'auteur de cet article commandité, cette mesure va forcer le Port à se moderniser, à innover et à réduire ses coûts car il sera en concurrence avec les autres ports de la sous-région.
4. Augmentation des recettes douanières: Rien qu'avec les véhicules il va y avoir une sécurisation du dédouanement car beaucoup de véhicules qui entrent par voie terrestre disparaissent le plus souvent dans la nature et sont acheminés dans certaines zones sans le paiement des droits et taxes.
5. Diminution du pouvoir de certains agents des douanes: en déconcentrant, les autorités pourront commander tous les agents des douanes. Ce qui n'est pas le cas le cas aujourd'hui.
Ce genre d'article commandité est l'œuvre de gens tapis dans l'ombre et qui veulent pas céder leurs privilèges.
Zeus
En Mai, 2019 (16:41 PM)Mais, si tous les anciens Directeurs généraux avec l’appui de leurs cadres avaient toujours adopté l’attitude contraire à celle d’aujourd’hui, c'est qu'ils avaient des raisons solides. Je fais miennes toutes les conséquences désastreuses évoquées ci dessus que cette décision risque de causer à notre économie.
En réalité les missions de ces bureaux frontaliers sont et restent : l’appui à la protection des activités terroristes, la lutte contre la drogue, la lutte contre les faux médicaments, contre la criminalité transfrontalière, le contrôle des grands mouvements de fonds souvent liés à des opérations de blanchiment de capitaux, à détecter et confisquer les produits prohibés. La perception des droits et taxes est tolérée sur des quittances, et sur de petites quantités, sur la base des valeurs minimales, souvent égales ou inférieures à 200.000f et sur quelques produits.
Au demeurant, ces bureaux frontaliers, avec la mise en place en 2025 du régime de libre pratique (étude en cours) et avec la perspective de la signature de l’APE, vont disparaitre ou jouer des rôles mineurs dans le domaine fiscal.
A mon humble avis, la décision mériterait d’être fortement encadrée ou purement et simplement retirée.
Révolution à La Douane
En Mai, 2019 (17:08 PM)@auteur De L'aricle
En Mai, 2019 (17:22 PM)Ernest
En Mai, 2019 (17:36 PM)ce crédo est aujourd hui matérialisé par le Directeur des douanes surtout en ces temps de fast track
Senegal dou Dakar rek.
De plus ceux qui sont a Dakar et ceux qui sont dans les regions sont formés dans les mêmes ecoles
Amadou Boyz
En Mai, 2019 (18:31 PM)C est les éléments de Amadou BA qui veulent se fossiliser au port qui dénigrent
cette mesure pour mieux financer leur chef de bande.
Honte a vous
Fd
En Mai, 2019 (19:15 PM)Participer à la Discussion