La justice a été enfin rendue hier aux parents de Mactar Ndiaye après dix mois d’attente. L’affaire de ce jeune garçon, tué par balle d’un policier à Grand-Yoff, a été jugée hier par le Tribunal correctionnel. Le policier Cheikh Diop, auteur principal de cet acte, comparaissait pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, violence et voies de fait, et ses coprévenus Maurice Dioly Diouf, El Hadji Mamadou Diop et Mame Cheikh Diouf répondaient du délit de non-assistance à personne en danger.
Le policier Diop risque 2 ans et les agents Asp 6 mois ferme. Les faits se sont produits dans la nuit du 24 juillet 2015 à Grand-Yoff. Le lendemain matin, le commissaire de police de Dieuppeul avait saisi le procureur de la République pour l’informer que l’agent de la police Cheikh Diop venait d’atteindre mortellement un jeune à Grand-Yoff.
L’enquête confiée à la Dic a confirmé la mort de Mactar Ndiaye atteint par une balle de 9mm et dont la douille correspondant à l’arme en question a été trouvée sur les lieux du crime. En bon responsable qu’il était à la tête de l’équipe qu’il conduisait, le policier a assumé l’entière responsabilité de son acte.
Depuis l’enquête jusque devant le juge d’instruction et hier devant la barre du Tribunal, le sieur Diop n’a pas cherché à altérer la vérité. Il explique les faits : « Nous étions en mission de sécurisation. Un gars est venu me dire qu’il y a un trafiquant de drogue qui vient à bord d’un scooter. Comme c’est une information de taille, j’ai commencé à procéder aux vérifications. Quand j’ai arrêté un jeune qui conduisait un scooter, je lui ai demandé de voir ce qu’il avait dans son sac. Il m’a répondu qu’il n’y avait rien. Au moment où je m’approchais, ayant sa main sur l’accélérateur, il a démarré en trombe. Je me suis agrippé sur la moto et 7 cornets sont tombés. Mais comme il me traînait et je risquais de me blesser, j’ai lâché prise. C’est ainsi que j’ai demandé à Maurice Dioly Diouf qui conduisait de le poursuivre. Nous l’avons pourchassé et arrivés à hauteur de la Pamecas qui jouxte la police de Grand-Yoff, nous l’avons perdu de vue. Et j’ai dit au chauffeur qu’il ne pouvait encore arriver à ce niveau. Je lui ai demandé de faire demi-tour.» Il poursuit le film de cette nuit qui a bouleversé sa vie : «Quand nous faisions le demi-tour, notre attention a été attirée par une odeur de chanvre indien. Nous sommes entrés dans une ruelle. Et quand des individus qu’on n’arrivait pas à identifier nous ont aperçus, ils ont commencé à nous jeter des pierres. J’ai demandé à mes collègues de battre retraite. J’ai sorti mon arme et donné deux coups de sommation. Je ne sais pas si la balle a atteint quelqu’un.»
Ce jour-là, il portait une arme scorpion qui n’avait pas de sécurité. Mais à l’en croire, c’est une fois à la police, au moment où il procédait à la fouille des jeunes qu’ils ont arrêtés sur les lieux, que le nommé Jean Mendy l’a informé qu’il a atteint son ami à la cuisse. «Je me suis rendu à l’hôpital Cto (Hoggy) en compagnie de Jean. Et quand je suis arrivé, j’ai trouvé la victime couchée. Je lui ai demandé s’il me reconnaissait et il m’a répondu par la négative. C’est ainsi que je lui ai fait savoir que je suis le responsable de ce qui lui ai arrivé. Il m’a dit que je lui ai causé un tort. Je lui ai demandé de me pardonner. Ce qu’il a accepté», témoigne-t-il.
Selon toujours ses déclarations, il s’est même chargé de payer toutes les ordonnances de la victime. Et quand il est reparti à l’hôpital le lendemain, les médecins lui avaient dit que le patient était hors de danger. Malheureusement, il a rendu l’âme après, se désole-t-il. Ses coprevenus ont déclaré avoir entendu un coup de feu, mais ne savaient pas d’où il provenait. Ils disent n’avoir vu personne être atteint d’une balle. Maurice Dioly Diouf soutient qu’il n’est jamais sorti de la voiture alors que ses collègues pourchassaient les trafiquants.
La partie civile réclame 50 millions
Après avoir reconnu le courage de Cheikh Diop qui a assumé son acte, Me Assane Dioma n’a pas aussi manqué de préciser que le policier était en mission de sécurisation. Selon cet avocat de la partie civile, non seulement le prévenu n’a pas averti ses supérieurs, mais il n’était pas aussi dans sa zone de compétence. Pis, il a fait usage de son arme, dit-il, alors qu’il n’y avait pas de nécessité. Ainsi, pour Me Assane Dioma, le policier a commis beaucoup d’erreurs. Il pouvait se retirer quand les conditions n’étaient pas réunies. Estimant le préjudice à 50 millions, la robe noire a demandé d’installer l’Etat du Sénégal dans la procédure et de le déclarer civilement responsable.
Dans son réquisitoire, le Parquet estime qu’on ne peut pas parler de légitime défense «parce que le policier n’a pas informé son chef de sa mission». A l’exception de Maurice Diouf pour qui il a requis la relaxe, il a requis 2 ans contre Cheikh Diop et 6 mois contre les autres pour non-assistance à personne en danger.
La défense de l’Asp Mame Cheikh Diouf a plaidé la relaxe. Selon Me Tall, son client ne savait pas qu’il y avait un blessé. Donc, il ne pouvait porter secours à personne. Selon Me Barro, Cheikh Diop était en mission commandée pour protéger la population. Il n’avait pas l’intention de tuer, mais voulait seulement intimider ces jeunes qui jetaient des pierres. Pour lui, c’est le coup du destin, car les policiers ne sont pas là pour tuer. Il a plaidé la clémence pour Cheikh Diop et la relaxe pour les autres. De l’avis de Me Adnan, nous sommes en présence d’un homicide involontaire. «Quand il tirait, il n’y avait personne devant lui. C’est une balle perdue», a dit l’avocat qui demande de requalifier les faits en homicide involontaire et de lui faire une application bienveillante de la loi. Le Tribunal rendra sa décision le 23 juin.
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7 Commentaires
Anonyme
En Mai, 2016 (20:02 PM)Samba Yacine
En Mai, 2016 (02:18 AM)Anonyme
En Mai, 2016 (10:57 AM)[email protected]
En Mai, 2016 (15:17 PM)J'espère que tous ces pourris finiront en taule
Anonyme
En Mai, 2016 (18:07 PM)Anonyme
En Mai, 2016 (09:49 AM)Anonyme
En Mai, 2016 (15:59 PM)Participer à la Discussion