“Sirènes dégagistes”, discours “lourdingue”, et “escalade” verbale : les relations déjà chaotiques entre Jean-Luc Mélenchon et les communistes se sont nettement dégradées au cours d‘un week-end émaillé par les échanges de piques à distance. Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a lancé dimanche un appel à l‘union de la gauche, en clôture de la Fête de l‘Humanité, au lendemain d‘un discours pourtant parsemé d‘allusions sonnant comme autant de reproches adressés au chef de file de La France insoumise.
“Vous pouvez compter sur les communistes pour jouer collectif, pour toujours jouer collectif”, a-t-il déclaré dimanche, en réfutant l‘hypothèse d‘une “guerre des gauches”. Il a précisé que son parti enverrait une délégation au rassemblement des “Insoumis” contre la réforme du Code du travail, organisé le 23 septembre à Paris. Mais, dans le même temps, il a dénié au député de Marseille le statut de premier opposant à Emmanuel Macron, que lui ont attribué plusieurs sondages.
“Si quelqu‘un dans les médias (...) cherche les meilleurs opposants à Macron, ils les ont trouvés. Ils sont ici, à la Fête de l‘Humanité. Oui, c‘est bien vous le meilleur opposant”, a lancé Pierre Laurent à son assistance. Jean-Luc Mélenchon, en déplacement à La Réunion et par conséquent absent à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), était omniprésent tout au long du week-end dans les discours et les conversations à “La Fête de l‘Huma”. Pierre Laurent a ouvert les hostilités samedi en dénonçant les “sirènes dégagistes” défendues notamment par l‘ex-ministre durant la campagne présidentielle et en déclarant: “Lui n‘est pas là mais le peuple, lui, est là.”
“DIRECTION COMMUNISTE EN PERDITION”
“Lourdingue”, a immédiatement réagi sur Twitter le député de La France insoumise Alexis Corbière, présent dans la salle. “Un discours méprisant et violent”, a pour sa part estimé Eric Coquerel, lui aussi député “mélenchoniste”. “Nous sommes venus hier à la Fête de l‘Humanité (...) avec un état d‘esprit positif, fraternel”, a déclaré dimanche Adrien Quatennens, autre figure de proue du groupe “insoumis” à l‘Assemblée nationale, lors du Grand Rendez-vous Europe 1-CNEWS-Les Echos. “Il a beaucoup trop parlé de Jean-Luc Mélenchon.” “On ne va pas le cacher, il y a des désaccords stratégiques”, a-t-il ajouté.
Ces deux composantes de la gauche de la gauche entretiennent des relations aigres-douces depuis que l‘ex-ministre de Lionel Jospin a rendu sa carte du Parti socialiste, en 2008, pour s‘installer à son compte. Le PCF l‘a officiellement soutenu à la dernière présidentielle, malgré les réticences d‘une partie de la direction, mais les deux parties n‘ont pas réussi à s‘entendre pour les législatives de juin et, depuis lors, les députés des deux rives siègent dans des groupes distincts à l‘Assemblée. “Je vois bien qu‘il y a une espèce d‘escalade”, a estimé dimanche Jean-Luc Mélenchon, à la Réunion, aux micros de BFM TV et Europe 1.
“Les communistes sont toujours mes amis. Ils viendront par dizaines de milliers au rassemblement le 23 (septembre-NDLR) (...) Ce n‘est pas parce qu‘il y a une direction communiste en perdition, qui s‘accroche, qui ne s‘exprime plus que contre moi, je ne vais pas m‘arrêter à ça”, a-t-il poursuivi. Le leader de La France insoumise est la personnalité qui incarne le mieux l‘avenir de la gauche en France, selon un sondage BVA pour l‘Obs publié samedi. Avec 34%, il domine le classement de l‘institut de sondages, devant l‘ancien ministre Arnaud Montebourg (20%) et l‘ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve (16%).
Simon Carraud, édité par Jean-Stéphane Brosse
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