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Après un long périple, des réfugiés sur le chemin de l'insertion

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Des réfugiés s'entraînent à des travaux de la plomberie à Meaux, près de Paris, le 30 mai 2017 PATRICK KOVARIK / AFP

"Avec mes mains je n'ai pas de problème, mais le français, c'est vraiment difficile." A la veille de passer son examen décisif de plomberie, Ahmed, réfugié politique soudanais, se sent pourtant "tranquille" comme il le dit en cherchant encore ses mots.

Il fait partie de la centaine d'Afghans, Érythréens ou Soudanais, qui ont obtenu le statut de réfugié politique ou sont en passe de l'obtenir et qui arrivent au bout d'un parcours d'insertion social, culturel et professionnel de huit mois, débuté en novembre 2016.

"Ils jouent leur avenir, s'ils ratent cet examen ils perdent tout: la possibilité de travailler, leur appartement", explique le formateur Christophe Flamant du centre Afpa de Meaux en Seine-et-Marne.

Cette expérimentation est le fruit d'un partenariat entre l'Agence pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), Pôle emploi, le Fonds d'assurance formation du travail temporaire (FAF.TT) et une entreprise de travail temporaire spécialisée dans l'insertion, Humando.

Quatre mois ont été consacrés à l'apprentissage de la langue et de la culture française, quatre autres à apprendre un métier pour une cinquantaine d'entre eux.

"Un peu compliqué" pour Imam, 26 ans, ou "vraiment difficile" pour Hamed, 32 ans, le français est un obstacle de taille pour la majorité d'entre eux.

"On est passé par la vidéo, par le mime, par le dessin, on a fait de tout, explique Jilianne Roucou, formatrice langue française langue étrangère (FLE).

En mathématiques, "il était impossible pour eux de poser des multiplications et pourtant ils faisaient des calculs mentaux justes, même avec les chiffres à virgule", raconte la formatrice.

A ces difficultés, se greffent celles liées à l'administration. Par exemple "savoir remplir une feuille d'impôt pour obtenir un logement est fondamental, tout comme reconnaître le logo d'une administration", insiste Christophe Vandaele.

"Un appui très sérieux" des préfectures a permis de constituer les dossiers pour l'obtention du statut de réfugié politique.

Pour gagner du temps, ils ont été traités de manière groupée et les demandes administratives aux pays d'origine ont été faites par les autorités françaises.

Des visites de musées dans Paris ont aidé à la compréhension de la culture du pays où l'avenir des réfugiés est désormais inscrit.

'Changement total'

Pourtant, une certaine angoisse est perceptible et l'atmosphère est tendue dans l'atelier de plomberie où les élèves en bleu de travail sont soumis à un exercice de montage chronométré.

Les formations choisies ciblent des secteurs en tension qui ont du mal à recruter, notamment le bâtiment et la restauration.

"Quand ils sont entrés en formation qualifiante, qu'ils ont commencé à pratiquer, cela a été un changement total", explique le formateur encore impressionné par la volonté de ses élèves qui "veulent s'intégrer et font tout pour".

Les stages en entreprises en immersion totale ont permis une meilleure compréhension de la langue et facilité l'expression orale.

Le résultat ne s'est pas fait attendre, l'expression s'est libérée.

"Vous faites un atelier de plomberie mais vous faites aussi assistante sociale" dit encore l'enseignant qui considère avoir "eu une enfance royale" après avoir entendu le récit de Majdi venu du Soudan.

Le réfugié a marché une semaine dans le désert, ensuite pris un 4X4, puis une semaine de bateau" avant d'arriver en Europe. Hemri, venu d'Afghanistan, a lui vu un membre de sa famille égorgé par Daech (acronyme arabe de l'EI).

Des passés douloureux que les formateurs découvrent un jour, subitement. "A un moment ils ont besoin de parler, de raconter", explique la formatrice qui ne pose jamais de question.

Il y a aussi ceux qui ont tout laissé, comme Tarek venu d'Afghanistan qui caresse la photo de ses filles sur son téléphone "quand les choses ne vont pas".

Mais tous savent que leur vie est maintenant ici à l'image d'Imam qui veut "rester en France car j'ai des amis français".

"Demain soir ils auront passé leur examen et notre travail sera terminé", disent avec émotion Christophe Flamant et Jilianne Roucou qui les suivent depuis le premier jour.

Pour Ahmed, Imam, Majdi et les autres, qui devront quitter les centres Afpa dans quelques jours, tout commence.



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