Des milliers d'Irakiens ont scandé samedi "Mort à l'Amérique" en cortège autour des cercueils du général iranien Qassem Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, son principal lieutenant en Irak, a constaté un photographe de l'AFP.
Les deux hommes ont été tués la veille dans un raid américain, alors que des informations contradictoires sur une nouvelle frappe américaine frayaient la chronique.
Des milliers d'Irakiens se sont rassemblés à Bagdad samedi 4 janvier pour les funérailles du général iranien Qassem Soleimani, de son principal lieutenant en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis, ainsi que d'autres tués lors d'un raid américain la veille près de l'aéroport de la capitale irakienne.
Les participants à ce cortège funéraire, dans le quartier de Kazimiya à Bagdad qui abrite un sanctuaire chiite, ont également crié "Vengeance pour Abou Mehdi al-Mouhandis", chef opérationnel du Hachd al-Chaabi, coalitition de paramilitaires chiites intégrés aux forces de sécurité irakiennes.
En tout, le "tir de précision d'un drone" américain qui a pulvérisé dans la nuit de jeudi 2 à vendredi 3 janvier les deux voitures à bord desquelles se trouvaient Soleimani et Mouhandis a fait dix morts - cinq Irakiens et cinq Iraniens.
Les cercueils des cinq Irakiens ont été amenés à Kazimiya sur des pick-ups surmontés des drapeaux nationaux et qui fendaient la foule habillée entièrement de noir.
Les corps des cinq Iraniens étaient, eux, surmontés du drapeau iranien.
Certains dans la foule brandissaient des portraits du guide suprême iranien Ali Khamenei, ou du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah qui assure former avec le Hachd l'"axe de la résistance" aux États-Unis et à Israël au Moyen-Orient, et qui a appelé au "juste châtiment" des "assassins criminels" responsables de la mort de Soleimani.
Après le défilé de Kazimiya, des funérailles nationales officielles auront lieu dans la Zone verte de Bagdad en présence de nombreux dirigeants irakiens.
Une nouvelle frappe américaine ?
Plus tôt samedi, le Hachd al-Chaabi avait affirmé qu'une nouvelle frappe avait ciblé leur base de Taji, au nord de la capitale irakienne, faisant six morts et trois blessés graves parmi un convoi médical. La télévision d'État irakienne a attribué cette nouvelle frappe à l'armée américaine.
L'armée irakienne a toutefois démenti qu'une telle attaque ait eu lieu et la coalition chiite est également revenue sur ses affirmations : le Hachd al-Chaabi a annoncé dans un communiqué qu'aucun convoi médical n'avait été visé.
La coalition anti-État islamique conduite par Washington a également nié samedi 4 janvier avoir mené des frappes près de cette base de Taji. "FAIT: la coalition n'a pas mené de frappes aériennes près de la base de Taji ces derniers jours", écrit un porte-parole sur Twitter.
La veille déjà, le "tir de précision d'un drone" américain qui a tué Qassem Soleimani, l'architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, avait plongé le monde entier dans l'incertitude, faisant redouter "une nouvelle guerre dans le Golfe" que "le monde ne peut se permettre", selon les Nations unies (ONU).
L'Iran plaide le droit d'exercer sa légitime défense
L'Iran a fait savoir vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU qu'elle se réservait le droit d'exercer sa légitime défense en vertu des lois internationales, après ces assassinats. Dans une lettre, son représentant à l'ONU, Majid Takht Ravanchi, écrit que l'assassinat de Qassem Soleimani "est un exemple évident de terrorisme d'État et, en tant qu'acte criminel, constitue une violation flagrante des principes fondamentaux du droit international et, en particulier, ceux stipulés dans la Charte des Nations unies".
L'escalade entre Téhéran et Washington se poursuit, chacun s'estimant en droit de se "défendre". M. Trump a déclaré avoir ordonné l'élimination de Soleimani pour "arrêter" une guerre et non pour en commencer une, affirmant qu'une attaque contre des Américains était "imminente". "Nous ne cherchons pas de changement de régime" en Iran, a-t-il assuré.
Les États-Unis ont commis leur "plus grave erreur" en tuant Soleimani, a averti le Conseil suprême de la sécurité nationale, plus haute instance sécuritaire d'Iran. "Ces criminels subiront une dure vengeance au bon endroit et au bon moment." Le guide suprême iranien Ali Khamenei et le président Hassan Rohani ont, eux aussi, appelé à des représailles.
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