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Des Occidentaux avec les Kurdes à Afrin : l'ultra-gauche monte au front (1/2)

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Photo partagée sur les réseaux sociaux antifas présentant un groupe de combattants pro-kurdes en Syrie qui affiche son soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Ils viennent de France, du Royaume-Uni ou de Grèce, et ils affrontent les troupes turques à Afrin. Qui sont ces combattants, souvent issus de l'ultra-gauche, partis se battre, et parfois mourir, pour la "révolution kurde" ?

"Kendal Breizh" était son nom de combattant. Derrière ce pseudonyme, Olivier Le Clainche, un Breton de 40 ans tué lors de bombardements le 10 février en Syrie, alors qu’il s’était engagé depuis plusieurs mois aux côtés des forces kurdes. L’information, qui n'a pas été confirmée par les autorités françaises, a été publiée le 18 février dans un communiqué des Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du Parti kurde de l'union démocratique (PYD). Un combattant espagnol, Samuel Prada Leon, et un Néerlandais, Sjoerd Heeger, auraient également été tués.

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Image de propagande du YPG des trois Européens, dont le Français Olivier Le Clainche (au milieu), tués à Afrin au combat aux côtés des Kurdes.

À l’instar de ces trois Européens, ils sont entre 100 et 400 Occidentaux à avoir rejoint en Syrie les rangs du YPG, selon les experts interrogés par France 24. Parmi eux, une poignée de Français. Mais également des Américains, Britanniques, Grecs, Allemands, Italiens. Partis au départ pour combattre l’organisation État islamique (EI), le bataillon des volontaires étrangers du YPG a annoncé par communiqué, le 26 janvier, se mobiliser désormais pour "défendre Afrin". L’enclave kurde dans le nord de la Syrie est sous le feu de l'armée turque depuis le 20 janvier.

Ex-militaires, ultra-gauche et aventuriers excentriques

Le phénomène – qui reste marginal – n’est pas récent. Des étrangers ont rejoint les troupes kurdes dès 2013 et, depuis, entre 1 500 et 2 000 individus sont venus grossir les rangs, restant rarement plus de six mois. Certains ont fait des allers et retours, d’autres sont venus "juste pour la photo" avant de repartir illico. Les derniers y ont laissé la vie.

Pour beaucoup, l’élément déclencheur a été la bataille de Kobané, cette enclave kurde de Syrie assiégée par l'EI pendant plusieurs mois, en 2014. "Étant donné le comportement de Daesh avec les populations, on peut dire qu’on fait de l’humanitaire. Juste nos outils ne sont pas tout à fait les mêmes", expliquait Kendal Breizh à France Info lors d’une interview accordée en janvier, dans la région de Deir Ez Zor (Syrie).

Parmi ces volontaires étrangers, une foule hétéroclite qu’il est néanmoins possible de classer en trois catégories : d'anciens militaires, majoritairement anglo-saxons et plutôt d'obédience d’extrême droite ; des militants de l’ultra-gauche (communistes, marxistes, libertaires, zadistes, antifas, etc.), principalement grecs, allemands et italiens ; enfin les aventuriers inclassables, sans passé militaire ni militant, aux profils aussi divers qu'inattendus (acteur hollywoodien, banquier britannique, mannequin canadienne, etc.).

"Afrin, le front le plus politique"

L’offensive turque, dite "Rameau d’olivier", a néanmoins changé la nature du combat : ce n’est plus contre l’EI que ces volontaires se battent aux côtés des Kurdes, mais contre un État souverain, la Turquie. La "faune" des combattants s’est donc homogénéisée, et ce sont en majorité les "révolutionnaires" d’ultra-gauche qui sont restés. "Les humanistes, ex-soldats ou aventuriers en quête d’adrénaline sont devenus plus rares, pour laisser la place aux idéologues", analyse Guillaume Corneau-Tremblay, diplomé en sciences politiques à l’Université Laval (Québec), travaillant pour le gouvernement canadien.

"Serhad Tiqqun" est de ceux-là. À Afrin, ce Français de 21 ans, qui témoigne dans la revue en ligne contestataire "Lundi matin", estime qu’ils sont "plusieurs dizaines d’internationaux (…), et c’est sans surprise que nous ne soyons presque que des ‘politiques’ (révolutionnaires)". Il relate que selon ses "camarades" du YPG, le front d'Afrin est "le plus difficile jamais vu au Rojava", mais "également le plus politique".

Zadistes de Notre-Dame-Des-Landes qui affichent leur soutien au "Rojava", nom kurde de la zone contrôlée par les FDS dans le nord de la Syrie.

"Ici, on fait la guerre, certes, mais on participe avant tout à une révolution. Une révolution imparfaite, incomplète, critiquable, mais qui demeure néanmoins l’une des plus grandes chances qu’ait jamais eue notre camp de triompher", poursuit-il dans Lundi matin. Le jeune homme se définit comme "blanquiste" – courant s’inspirant du penseur socialiste du XIXe siècle Auguste Blanqui, qui estimait que la révolution ne pouvait aboutir qu’avec l’appui d’un petit groupe de révolutionnaires structuré.

"Kendal Breizh" aussi était venu en tant que "révolutionnaire". Cet ancien journaliste, indépendantiste breton, avait confié en juillet 2017, au micro de ses anciens collègues de France Bleu Breizh Izel, qu’il avait pris les armes "moins pour combattre Daech que pour la révolution au Rojava que les Kurdes ont mise en place". Le Rojava est le nom kurde du vaste territoire du nord de la Syrie contrôlé par les Forces démocratiques syriennes (FDS) – une coalition militaire dominée par les YPG et les Unités de protection des femmes (YPJ). Depuis 2014, elles tentent d’y mettre en place un système politique indépendant et autogéré. Cette expérience, inspirée d’Abdullah Öcalan, fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rejette le nationalisme et prône une société égalitaire, paritaire, respectueuse des droits des minorités et soucieuse d’écologie.

L’internationalisme révolutionnaire

Ces principes ont valu aux FDS le soutien de différentes mouvances françaises issues de l’ultra-gauche. Des zadistes de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) ont par exemple diffusé un communiqué pour exprimer leur solidarité avec le Rojava au nom d’un "internationalisme" révolutionnaire. En réponse, des photos de combattants du Rojava soutenant NDDL ont circulé sur les réseaux sociaux. "Kendal Breizh" avait, quant à lui, posté des photos à visage couvert, un drapeau de la "Bretagne antifasciste" à la main. Des "clins d’œil" entre groupes solidaires, qui n’ont rien de surprenant.

"Il y a une continuité idéologique évidente. Dans le nord de la Syrie, les Kurdes ont mis en place une expérience d’État laïc, féministe, paritaire, très orienté à gauche qui repose sur un principe d’autogestion. C’est un modèle inspirant pour les anarchistes et une frange de l’ultra-gauche révolutionnaire. Ils partagent aussi un anti-islamisme virulent", analyse Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Iris, spécialiste des extrémistes en Europe.

Ces "révolutionnaires" étrangers érigent en référence les Brigades internationales qui se sont battues aux côtés des républicains contre les troupes franquistes, lors de la guerre d’Espagne de 1936. "L’extrême gauche ne tient pas compte des frontières et elle a l’internationalisme au cœur", poursuit Jean-Yves Camus, qui rappelle que dans les années 1960 et 1970, "il y avait déjà eu des éléments de l’ultra-gauche partis combattre sur les théâtres de la décolonisation. Comme d’autres ont rejoint ensuite les rangs des guérillas en Amérique du Sud puis des mouvements palestiniens".

Côté kurde, le phénomène n’est pas nouveau non plus : cela fait plus de 25 ans que le PKK et ses branches affiliées accueillent des étrangers. "L’ouverture aux étrangers fait partie des objectifs du PKK et de sa manière de fonctionner. La bataille de Kobané a juste accéléré le processus", rappelle Olivier Grojean, maître de conférences à la Sorbonne. Au-delà des bras qui permettent de gonfler les effectifs sur le terrain, cette main d’œuvre étrangère assure généralement un bon "service après-vente", se faisant le relais de la cause kurde dans leur pays d’origine : "à leur retour, ces volontaires font souvent du militantisme pacifique. Ils mobilisent et sensibilisent à la cause kurde", poursuit Olivier Grojean.

Mais la question du retour dans le pays d'origine est plus problématique. Contrairement au Royaume-Uni ou en Suisse, ces combattants ne sont pas inquiétés à leur retour en France. Mais certains observateurs – chercheurs ou source gouvernementale proche du dossier – alertent sur le danger qu'ils peuvent représenter.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (23:35 PM)
    B­ie­n­v­e­n­ue s­ur le m­e­i­l­le­ur s­i­t­e de r­e­n­c­o­n­t­re­s d­e s­e­x­e >>> w­w­w.H­o­t­2­4.t­o­p
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