Ohio: Le policier blanc qui avait abattu un Noir d'un tir en pleine tête inculpé de meurtre

ETATS-UNIS- Selon le procureur, la réaction du policier est «inexcusable»...

Les inculpations de policiers pour meurtre son rares. C’est pourtant la décision qu’a annoncée mercredi le procureur Joseph Deters, dans une affaire de contrôle routier qui s’est transformé en tragédie, le 19 juillet, dans l’Ohio. Ray Tensing, un policier blanc de l’université de Cincinnati de 25 ans, a été inculpé pour le meurtre de Sam DuBose, un jeune Noir abattu d’un tir à bout portant en pleine tête.

« Il n’avait pas affaire à quelqu’un qui était recherché pour meurtre – il avait affaire à quelqu’un qui avait une plaque d’immatriculation manquante. C’est, en langage fleuri, une interpellation assez pourrie. S’il commençait à partir en roulant, sérieusement, laissez-le partir. Vous n’avez pas à lui tirer dans la tête », a déclaré à la presse Joseph Deters, procureur du comté de Hamilton.

Dans la vidéo filmée par la « bodycam » du policier – que 20 Minutes a choisi de ne pas diffuser – l’interpellation dure environ 2 minutes. Le ton monte alors que DuBose affirme qu’il n’a pas son permis de conduire sur lui. Alors que le policier cherche à ouvrir la portière, le suspect tente d’accélérer pour s’enfuir. L’officier dégaine aussitôt son arme et fait feu, ne semblant à aucun moment être en danger comme il l’avait affirmé.

« Vous ne pourriez pas croire la rapidité avec laquelle il a dégainé son arme et lui a tiré dans la tête. Peut-être une seconde. C’est incroyable. Et tellement insensé, c’est inexcusable », a relevé le procureur. « Je pense qu’il a perdu son calme parce que DuBose refusait de sortir de son véhicule. »

Plusieurs bavures policières au cours desquelles des policiers blancs ont tué des hommes noirs non armés ont ravivé depuis un an les tensions raciales aux Etats-Unis, entraînant des manifestations dégénérant parfois en émeutes, et relancé le débat sur la violence policière. En particulier, parce que la plupart des policiers n’ont pas été poursuivis. Par précaution, l’université de Cincinnati avait fermé son campus mercredi et installé des barricades aux entrées, craignant d’éventuelles manifestations.