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Une prime de départ à... 17 centimes d'euro

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Nicolas Maduro

Yolanda a travaillé cinq ans comme cardiologue dans un hôpital de Caracas avant de démissionner. Lorsqu'elle a reçu le chèque avec son solde de tout compte, elle a écarquillé les yeux: elle avait à peine de quoi se payer un café. A l'image de cette femme de 36 ans, pourtant hautement qualifiée, des millions de Vénézuéliens voient leurs revenus partir en fumée à cause de l'inflation galopante dans ce pays pétrolier, autrefois l'un des plus riches d'Amérique latine.

Elle est attendue à 13.800% cette année par le FMI. Histoire virale Son histoire est devenue virale après la publication sur Twitter d'une photo de son chèque d'un montant de 156.584,29 bolivars, soit 17 centimes d'euro au taux du marché noir, devenu la référence pour nombre de produits et de services. Chèque de départ "On m'a appelée de l'hôpital universitaire de Caracas pour retirer mon chèque de départ après cinq ans de travail comme médecin spécialisé en cardiologie et en électrophysiologie (mesure et intervention sur les irrégularités du rythme cardiaque, ndlr)...

Un petit café?", a écrit sur le réseau social une Yolanda Abreu remontée. Pénurie de médicaments Le Dr Abreu a quitté cet établissement public en janvier 2017 à cause de la pénurie de médicaments qui frappe son pays et de la "politisation" de la direction de l'hôpital, explique-t-elle à l'AFP. Si elle avait reçu son indemnité à ce moment-là, celle-ci aurait représenté 45 dollars, mais l'inflation débridée érode à vue d'oeil le pouvoir d'achat des Vénézuéliens.

Chèque ridicule Son message a été retweeté plus de 11.000 fois en une semaine et a entraîné plus d'un millier de commentaires racontant des expériences similaires ou des témoignages de soutien. "Je n'ai jamais imaginé que ça aurait un tel impact. J'ai écrit (sur Twitter) car le chèque était tellement ridicule que ça m'a fait rire, et tu te retrouves avec beaucoup de gens qui, comme toi, sentent que leur travail, leur effort n'est pas respecté", ajoute-t-elle à l'AFP.

Salaire minimum Lundi, veille du 1er mai, le président socialiste du Venezuela Nicolas Maduro a annoncé le quasi-doublement du salaire minimum, avec une hausse de 95,4%. Il s'agit de la troisième augmentation depuis le début de l'année pour ce salaire minimum qui s'établit désormais à 2,56 millions de bolivars, ce qui équivaut à 37 dollars au taux de change officiel, 3,2 dollars sur le marché noir.

Ce salaire - déjà augmenté de 64% le 2 mars - ne permet toutefois d'acheter qu'environ deux kilos de poulet. "Course perdue" contre l'inflation Candidat à la réélection lors du scrutin anticipé du 20 mai, le chef de l?État a déjà augmenté à cinq reprises, en 2017, le revenu minimum. Les experts, comme Asdrubal Oliveros, estiment que ces hausses salariales constantes resteront "une course perdue" contre l'inflation tant que les déséquilibres de l'économie vénézuélienne n'auront pas été corrigés. Parmi eux, le fait de financer le déficit budgétaire -estimé à 20% du PIB- en faisant tourner la planche à billets.

"On paye presque pour travailler" Yolanda Abreu, diplômée de l'université centrale du Venezuela, la plus grande du pays, et de la prestigieuse Complutense de Madrid, vit désormais en réalisant des consultations privées tout en continuant de travailler dans le secteur public pour "aider à la formation" des internes. "On paye presque pour travailler. C'est dur de les voir partir à peine diplômés mais je les comprends (...) on ne peut pas vivre avec ces salaires", souligne-t-elle.

Émigration galopante Selon la Fédération des médecins, 40% des praticiens diplômés dans ce pays ont émigré au cours des dix dernières années. Au Venezuela, le revenu minimum intégral est composé du salaire, qui s'élève désormais à un million de bolivars, et d'un bon alimentaire d'un million et demi. Le poids de ce bon alimentaire n'a cessé d'augmenter ces dernières années, passant de 32,38% du total au début du mandat de Maduro à 60% actuellement.

"Rire ou pleurer" Pour la dirigeante syndicale Marcela Maspero, ce dispositif n'est plus qu'un "mirage" pour les travailleurs vénézuéliens, dont les avantages se réduisent toujours plus. Mery Rojas, professeur d'université durant 16 ans, n'a pu s'acheter que deux litres de glace avec l'argent versé sur un fond d'épargne du ministère de l'Éducation. Elle a touché cette somme cinq ans après son départ à la retraite. "Je ne savais pas s'il fallait rire ou pleurer", confie-t-elle à l'AFP.



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