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Varsovie accueille une conférence controversée de Washington sur le Moyen-Orient

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Varsovie accueille une conférence controversée de Washington sur le Moyen-Orient

Le secrétaire d’État américain poursuit sa visite en Europe de l’Est. Après la Hongrie et la Slovaquie, Mike Pompeo est en Pologne jusqu'à jeudi. Dans la capitale, Varsovie, se déroule une grande conférence ministérielle mercredi et jeudi coorganisé par la Pologne et les Etats-Unis. Officiellement pour promouvoir la paix et la sécurité au Moyen-Orient. Mais certains pays et observateurs y voient une réunion anti-Iran. Le pays n’a pas été invité à Varsovie par les Polonais et les Américains, coorganisateurs. Avant le début de la conférence, Mike Pompeo a rencontré le ministre des Affaires étrangères polonais dans l’après-midi.

Cela a duré à peine quelques secondes. Le ministre des Affaires étrangères polonais a évoqué l’Iran, principal absent de cette conférence sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient. En tant que membre de l’Union européenne, signataire de l’accord sur le nucléaire iranien, la Pologne accepte cet accord, le considère toujours comme valable, malgré le retrait des Etats-Unis. C’est d’ailleurs un des seuls points de désaccord affiché entre les deux pays.

Car Jacek Czaputowicz a surtout réaffirmé les positions très pro-américaine de son pays.
Sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient, l’Union européenne n’est pas assez puissante pour agir seule. Il faut travailler de concert avec les Américains, dit-il.

Sur l’énergie, Etats-Unis et Pologne s’opposent fermement au projet North Stream 2, l'acheminement de gaz russe vers l’Europe en passant par la mer Baltique et l’Allemagne. Mike Pompeo a déclaré que les Etats-Unis feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour bloquer ce projet de gazoduc.

Enfin, toujours face à la menace russe, le secrétaire d’État américain et le ministre des Affaires étrangères polonais iront voir ce mercredi des soldats de l’Otan basés en Pologne.
En attendant l’implantation possible et tant espérée par Varsovie d’une base militaire américaine permanente sur son sol.

Les pays européens affichent leur distance avec une participation a minima

L'administration Trump semble vouloir resserrer les rangs face à l'Iran. Les Etats-Unis se sont retirés l'an passé de l'accord sur le nucléaire iranien et ont réimposé de lourdes sanctions à Téhéran. Mais à Varsovie une fois de plus les pays européens affichent leur distance avec une participation a minima.

La chef de la diplomatie de l'Union européenne Frederica Mogherini ne participera à la conférence organisée à Varsovie. Elle a annoncé avoir d'autres engagements. Seule puissance européenne à envoyer son ministre des Affaires étrangères : le Royaume-Uni. Jeremy Hunt a tout de même souligné que le but de sa participation était d'aborder la crise humanitaire déclenchée par l'offensive de l'Arabie saoudite au Yémen. La précision était utile car, sous couvert de travailler à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient, cette conférence se concentrera principalement sur l'Iran et son « influence déstabilisatrice » selon les mots du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo.

Si une majorité des pays européens rejette la ligne dure de Washington contre Téhéran, les alliés du Golfe et Israël répondront eux bien présents. Le Premier ministre israélien a annoncé sa venue en confirmant que le principal sujet de la conférence sera bien l'Iran. Les Etats-Unis ont également annoncé des discussions autour de propositions de paix israélo-palestinienne : l'« accord du siècle », selon l'administration Trump, qui a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël il y a moins d'un an.

Une stratégie américaine « dangereuse »

Je ne sais pas à quoi rime cette conférence. Si l'idée est de mettre de plus ne plus de pression sur l'Iran, dans quel objectif et avec quel risque ?— Mieux aurait-il fallu réfléchir, comme d'ailleurs le préconise si on les lis entre les lignes, les chefs de service de renseignements américains, qui disent que le plus gros risque aujourd'hui d'une course au nucléaire c'est la violation par les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire avec l'Iran ; que le risque aujourd'hui c'est que l'Iran sous pression économique, diplomatique, politique et peut-être militaire redouble ses activités régionales. Donc, on peut maintenir la pression sur l'Iran, là n'est pas la question. Mais il faudrait revenir en conformité avec l'accord nucléaire et c'est bien que l'Europe fasse ce qu'elle peut pour continuer les échanges commerciaux avec l'Iran et il faudrait engager des pourparlers sérieux avec l'Iran, en leur demandant des choses précises tout en leur offrant également une relation diplomatique différente. On est dans une stratégie de pression à sens unique avec un tout un tas de buts irréalistes et dangereux.
Robert Malley: «Une stratégie de pression à sens unique avec un tout un tas de buts irréalistes et dangereux»président de l'International Crisis Group12/02/2019 - par Oriane VerdierÉcouter

Pourquoi la Pologne organise cette conférence?

« La Pologne a un problème avec la Russie, elle la considère comme une menace. Donc, la stratégie et l’objectif n°1 de la conférence est d’obtenir l’installation de troupes américaines sur le sol polonais. Aujourd’hui, elles viennent et repartent, nous voulons un déploiement permanent », analyse Robert Czulda, spécialiste de l’Iran et des questions de sécurité à l’université de Lodz, en Pologne. « Alors, que pouvons-nous perdre en organisant cette conférence ? Eh bien, nous pouvons abîmer nos relations avec l’Iran. Mais elles sont plutôt faibles, nous coopérons peu avec ce pays. Alors, pour la Pologne, l’objectif principal, ce sont les Etats-Unis. Et dans ce cadre, notre gouvernement ne veut pas faire plaisir aux pays d’Europe de l’Ouest », ajoute-t-il.

« Dans ce dossier, il y a deux camps : les Etats-Unis et l’Union européenne.
Les deux camps vous posent la même question : quelle est votre politique vis-à-vis de l’Iran ? Et vous ne pouvez pas être dans les deux camps. A un moment, vous devez décider. Les Etats-Unis nous ont demandé de choisir. Et à cet égard, la sécurité de la Pologne est garantie notamment par l’Otan dans lequel les Etats-Unis sont l’acteur principal. Donc, l’Union européenne n’est pas le principal garant de notre sécurité », explique Robert Czulda.

 



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