Souleymane Faye est un chanteur sénégalais au talent reconnu de tous. Cet ancien membre du Xalam, formé à la bonne école de la variété, occupe un créneau à part dans le landerneau musical sénégalais. Refusant de se laisser enfermer dans un carcan ou de suivre la tyrannie du Mbalakh, il a choisi sa voie en usant de sa voix. Musicien talentueux et parolier prolixe, prolifique et profond, il étonne et détonne dans son style particulier. Souleymane qui est un homme de son temps a choisi de se dévoiler un peu, histoire de se faire découvrir. En réalité cet être sensible et introverti n’a pas toujours eu la reconnaissance et la promotion qu’il mérite.
A l’entame de ce troisième millénaire, ce jeune et fringant jeune homme de soixante ans a choisi de suivre le train de la marche du siècle. C’est pour cette raison qu’il a senti le besoin de lancer ce site. Une manière de partager sa vision et ses idéaux avec tous les citoyens du monde. Celui qui a consacré quatre décennies de sa vie à la musique pour ne pas dire l’essentiel de son existence n’a pas encore fini de vous étonner. Avec les mots qui sont les siens et ses métaphores à double sens, il a décidé de vous parler. Après Cheikh Tidiane Tall un autre géant de l’ancienne mouture du Xalam nous ouvre son cahier de souvenirs. A la bonne heure.
Souleymane Faye et la musique
Je dirais plutôt la musique et Souleymane. Il faut savoir que je suis devenu musicien sans m’en rendre compte. C’est à force de côtoyer des amis musiciens que j’ai attrapé le virus. C’est donc venu très naturellement. Mais, pour dire vrai, mon véritable métier est la menuiserie.
La transition de la musique à la menuiserie
Après l’école j’ai eu à apprendre le métier de mon oncle que j’aime. En réalité je passais tous les dimanches dans son atelier Finalement, quand j’ai quitté l’école, j’ai naturellement commencé à apprendre la menuiserie. A côté de cette activité, j’allais aussi assister aux répétitions des amis du quartier. A force de les fréquenter, j’ai commencé à chanter. Ce qui fait que mon école est la variété. Il faut savoir qu’à l’époque, on ne composait pas, on se contentait de copier des chanteurs. J’ai appris à chanter en imitant des chanteurs. A l’époque, c’était l’âge d’or du Rythm and Blues, du Rock, du Hard Rock,de la Pop Music, la Country le Folk, la Salsa, bref une belle brochette de musique de variétés. J’imitais des chanteurs comme Otis Reading, Stevie Wonder, Aretha Franklin James Brown, les Beatles etc. Je reprenais aussi des chansons d’artistes français comme Johnny Halliday, Salvador Adamo.
Les hôtels, des îlots de formation
Il faut dire que dans les hôtels on faisait de la variété pour égayer des touristes. Ce qui fait que l’on était obligé de renouveler tout le temps le répertoire. On déchiffrait tous les succès de l’époque et cela m’a amplement aidé. J’ai beaucoup appris par ce biais de la variété. Cela m’a permis de connaître les normes et les règles de la musique. Ce qui fait que j’ai pu cerner la façon d’enregistrer, la façon, d’écrire et honnêtement cela m’a beaucoup aidé. »
Un séjour à l’extérieur, une vie en paroles et musique
Tout est basé sur l’éducation. Quand on est poli et correct, on est obligé de parler poliment. Je suis très sensible à ce qui se passe autour de moi. Même s’il peut sembler que je ne fasse pas attention. Je suis très concerné par tout ce qui m’entoure. J’accorde une attention particulière aux rapports entre les hommes et aussi les difficultés de la vie. Ce qui m’amène à me poser un certain nombre de questions relatives à la vie. Comment faire pour s’en sortir ? Parce qu’il faut bien vivre, je cherche toujours une solution. Je veux toujours réussir à surmonter les difficultés de la vie. C’est ce qui ressort tout le temps dans mes textes. En m’écoutant attentivement, on a comme l’impression que je donne des conseils. Pourtant c’est spontané et naturel chez moi.
Un philosophe malgré lui
Je ne me suis jamais pris pour un philosophe, mais les gens ont tendance à me le reprocher. Pourtant je ne fais aucun effort pour en arriver à ce résultat et je n’ai pas la prétention de philosopher. Par contre, si c’est cela que l’on appelle de la philosophie, alors j’en fais volontiers.
Prophète et visionnaire sans le savoir
En fait, je crois que quand on est un bon croyant, on est obligé de se rapprocher de Dieu. Donc les textes doivent tourner autour de Dieu et de l’Homme. Cette dualité constante peut donner l’impression que je prophétise. Encore une fois, ce n’est pas le but. Il s’agit tout juste d’une manifestation de mes pensées. Je ne viens pas en tant que prophète. Je ne viens pas en tant que messager de Dieu. Je ne viens pas aussi en tant que philosophe. C’est sentimental et je sors ce que j’ai dans le ventre. C’est tout à fait naturel chez moi. C’est la vie de tous les jours qui m’inspire.
La place prépondérante de la religion.
Je suis profondément religieux de nature et cela m’aide beaucoup quand j’écris. Dans la vie, on a forcément besoin de repères. Et ce n’est pas ce qui manque. Avec tous les saints qui sont passés sur terre dans ce bas-monde il y a suffisamment de matières. Chacun est venu avec son histoire, avec sa bravoure, avec ses idées et sa façon d’être. Pour moi, c’est un vivier inestimable et cela me sert beaucoup au moment d’écrire. Cela m’a beaucoup enrichi, car en écrivant je prends forcément exemple sur eux.
Un long séjour à l’étranger comme particularité
C’est vrai je dois reconnaître que l’aventure m’a beaucoup aidé. Il faut dire que je suis parti faire l’aventure tout seul. C’était le grand saut vers l’inconnu. Je n’avais pas où habiter. J’ai beaucoup voyagé et cela m’a considérablement servi. Le soir, je dormais sur la plage avec un sac vide. Je confiais mes bagages aux travailleurs de la gare ferroviaire. J’ai fait l’aventure tout seul pendant une dizaine d’années. Mais ce qui m’intéressait le plus, c’était la musique. Je continuais de jouer au gré d’errances qui m’ont mené en France, en Italie et en Allemagne.
Le déclic au Xalam 2
J’ai connu Prosper Niang à travers son grand-frère Magaye Niang. C’est lui qui m’a vu chanter une fois au Novotel à Dakar. J’évoluais au sein d’un orchestre à l’hôtel. Il voyait que je traduisais des chansons françaises et anglaises en wolof et je chantais cela avec un réel bonheur. Il est tombé sur cela et, un jour, il m’a demandé si je connaissais le Xalam. Je lui ai dit oui et il m’a assuré qu’il aimerait bien que je les connaisse mieux. C’est lui Magaye qui a appelé Prosper qui est venu me trouver au Novotel en 1985 je crois. Il faut dire que c’est un groupe que j’aimais beaucoup et que je ne connaissais pas. A l’époque, je vivais en Europe et eux ils étaient ici. C’est comme cela que j’ai connu le Xalam. Par la suite, je les ai rejoints et j’ai réalisé deux albums avec eux. Je reconnais que le Xalam m’a beaucoup apporté. Je connaissais bien l’afro beat à travers des artistes comme Osibisa, Féla Kuti, Hugues Massakélé, Ifangbondy de la Gambie, etc. Cependant je n’avais jamais eu l’occasion de jouer cette musique et le Xalam m’a offert cette opportunité. En fait, ce groupe m’a permis d’exploser à la face du monde et de montrer le talent qui était caché en moi.
Un retour difficile au bercail
A mon départ du Xalam, à la fin de l’année 1987, je suis rentré au bercail. Aussitôt après, j’ai essayé de sortir un album. Il s’agissait du disque titré «Fouki Djouni». Cependant les choses ne furent pas si faciles. J’ai trouvé sur place une musique dominante et il fallait que je m’adapte. Je dois reconnaître que le style Mbalakh n’est pas mon fort. Il y a aussi le fait que les musiciens que je rencontrais ne me suivaient pas forcément. Parce qu’on n’avait pas le même feeling. Il y a aussi un autre aspect qui rendait les choses un peu plus corsées. Ici au Sénégal, quand tu fais un produit, tu es obligé de faire ce que veut le producteur. Ce dernier a besoin de rentabilité et il veut vendre tout de suite. L’avenir de l’artiste lui importe peu. Supposons qu’ils mettent cinq millions sur toi, s’ils gagnent deux millions de bénéfices ils sont hyper contents. En général, ils insistent toujours sur le côté commercial. Même si cela ne m’agréait pas particulièrement, j’en ai toujours profité pour lancer mes messages. Je ne peux pas parler autrement, je ne connais que ce langage et il fallait s’adapter.
Souleymane et la politique
Je suis déçu parce que les acteurs politiques passent à coté de l’essentiel. La politique me déçoit. On a l’impression que les riches n’aident que les riches. Ils font beaucoup de frais inutiles. Ils gaspillent trop d’argent au moment ou l’essentiel est là. Je n’arrive pas à les comprendre. C’est un monde que je ne maîtrise pas et qui me laisse circonspect.
Un retour discographique amorcé avec bonheur
Il faut dire que j’ai eu du mal à trouver un producteur ici. Et cela a duré plusieurs années. En fait il n y a pas de producteurs au Sénégal. Je suis obligé de jouer trois à quatre fois par semaine pour pouvoir jouir du fruit de mon travail. Cependant je n’ai jamais arrêté d’écrire. Tout le temps les gens me réclamaient un album live, que je n’avais pas. Alors quand on est parti à Toulouse pour le festival Rio Loco, j’en ai profité pour enregistrer le concert. Quand je l’ai écouté avec des amis, ils m’ont dit que c’était vraiment bien et qu’il fallait le sortir sur le marché. Comme j’aime bien écouté les conseils, j’ai trouvé que c’était vraiment audible. Donc c’est pour cette raison que j’ai sorti l’album avec l’aide d’amis qui me soutiennent et que j’aime bien à l’instar de Ndakhté et tous les autres.
Souleymane et l’évolution de la musique sénégalaise.
A mon humble avis, il n y a pas assez de recherche. La musique sénégalaise est beaucoup plus riche que ce que l’on entend. Il faut plus de travail, car tout le monde fait la même chose et le résultat est là. Ce n’est pas bon pour notre musique. Ils sont pressés et cela se voit. Pour sortir un produit de qualité, il faut nécessairement que cela prenne du temps. Je ne peux pas sortir un CD chaque année. Ce n’est pas possible et cela se ressent. C’est vrai qu’il y a beaucoup de musiques qui sortent, mais après, au bout d’un mois, on oublie tout. C’est parce que tout simplement, il n y a pas de qualité. Par contre, au niveau du rap et du reggae, les choses ont positivement évolué. Il existe aussi une nouvelle génération de jeunes qui s’adonnent à la musique acoustique et je trouve que là aussi les choses évoluent de fort belle manière.
Les projets de Souleymane Faye
Je rêve de monter un complexe musical et artisanal. C’est un vieux projet, mais je ne rêve que de cela. Je n’ai pas les moyens pour le moment, mais je n’abdique pas. Il faut savoir que j’ai fait quinze années dans la menuiserie. J’ai trop souffert pour ce boulot et je ne vais jamais le laisser tomber. J’aimerais donc disposer d’un lieu pour mes deux passions à savoir un studio d’enregistrement et un atelier de menuiserie. Je parlerais plutôt d’une école de formation, car je souhaiterais transmettre de mon savoir à des jeunes de mon pays.
25 Commentaires
Djiromay
En Décembre, 2011 (20:04 PM)Balla Gaye 2 dans Farancé Mbeur :
Je sui fiérté de préparé le comba de yakhya diop yikini ! Je vai le térazé en 10 seconde !
Paske tu é jeune, escuz moi ! Je sui jeune !
Je sui fiérté du jeune !
Et moi B. Gay II je sui paré pour afaronté yikini !
... Bon, la lite, c'est ine éspor nassonal ! Et pi, ma cœur épouse beucou lite !
Euheuheuheuheuheu !
Bon farancé mbeur sur la tfm ça me fé plézir ! Et je sui fiérté de mon fans, mon parents, mon fils, mon femme !
Je sui fiérté pour gédiaway ! Je sui fiérté pour cazamass ! Et je sui fiérté pour tou mon fans !
Au faite, farancé mbeur, Bala Gay II sur la tfm
Reply_author
En Décembre, 2022 (11:45 AM)Les faits sont tétus. L'ecole privé catholique forme bien les eleves. C qui n'est pas le cas ailleurs..
bien sur qu'il y a des exceptions. ...
Le chien aboie, la caravane passe.
Temoin
En Décembre, 2011 (20:04 PM)Solidarity
En Décembre, 2011 (20:07 PM)Kofi
En Décembre, 2011 (20:17 PM)Finnnnnnnne
En Décembre, 2011 (21:35 PM)Jules
En Décembre, 2011 (21:51 PM)Shaggy
En Décembre, 2011 (22:32 PM)Makhou
En Décembre, 2011 (23:08 PM)Dxb
En Décembre, 2011 (23:44 PM)Borom pain boulette yaa con
Dbx +
En Décembre, 2011 (00:17 AM)Baba
En Décembre, 2011 (00:52 AM)2012
En Décembre, 2011 (04:22 AM)wade president
wade president
wade wade wade
Jesse
En Décembre, 2011 (04:42 AM)Senenmut
En Décembre, 2011 (09:13 AM)Petit Enfance
En Décembre, 2011 (13:41 PM)Ram
En Décembre, 2011 (14:33 PM)Ceux qui reussient dans ce metier ne savent pas comment ils ont fais. Mais un denominateur commun ils ou elles aiment leur metier.
Vava
En Décembre, 2011 (16:17 PM)Ican
En Décembre, 2011 (02:27 AM)Jack
En Décembre, 2011 (09:30 AM)Lat Dior
En Décembre, 2011 (13:05 PM)Mon tube préféré c'est cabi dji, la clé.
Mes voeux de santé et de prospérité. Bon vent Souley!
Khadysebi
En Décembre, 2011 (16:08 PM)Dommage qu'il y ait des gens qui ne le reconnaissent pas encore!!!!!!
Psd
En Décembre, 2011 (21:01 PM)Flo
En Décembre, 2011 (21:42 PM)Wow
En Décembre, 2011 (23:17 PM)Participer à la Discussion