Il est de certaines gens, politiciens innés et acquis, qui une fois au pouvoir, perdent subitement la mémoire. Celle d’avant leur accession au pouvoir, celle des électeurs qui les ont portés au pouvoir. Le temps ne passe plus alors pour eux, figé en un imparfait au présent, sans passé ni futur. La conscience du temps se fait bonne conscience. Et puis après, de retour dans l’opposition, ils oublient qu’ils avaient perdu la mémoire. Et redeviennent ces êtres des lointains dont parle Heiderger. Solidement ancrés dans le présent, ils sont littéralement projetés vers le passé pour y puiser les ressources, l’expérience et la sagesse nécessaires pour conquérir et configurer le futur. Tout obstacle devient ainsi point d’appui, source d’énergie et de motivation pour théoriser un nouveau projet de société, la promesse d’un pouvoir sans parti, avec et pour la patrie. Le Président Macky Sall est passé par tous ces états, au gré des vicissitudes politiques et démocratiques de la vie de notre République et à la faveur de ses positions d’État.
D’un point de vue historique, l’élection de Macky Sall est un véritable événement. Son caractère inattendu en a fait une sorte de contingence, que son simple avènement a transformée en nécessité pour l’approfondissement de notre démocratie. Mais depuis son accession au pouvoir, l’unique souci du Président semble être de consolider cette nécessité et d’en ancrer la certitude dans nos consciences. C’est dans cette seule perspective que méticuleusement, il capte et oriente l’intérêt de tous les citoyens, mobilise l’énergie de toute l’opposition et l’expertise de tous les experts autour de l’effet sans cause que constitue la réduction ou non de son mandat. Tous sont ainsi embarqués dans une sorte de conflit d’interprétations, toutes frappées d’inanité. Sur ce registre, les Présidents Wade et Macky Sall sont définitivement entrés dans l’Histoire.
En effet, en échafaudant les mêmes schémas et déployant les mêmes stratégies de conservation systématique du pouvoir, ils nous enferment dans une histoire qui ne sert plus à produire de l’avenir et du progrès. De ce point de vue, le recours à la Constitution, au référendum, aux avis du Conseil constitutionnel ou de l’Assemblée nationale, ne servent en vérité que de caution légale, légitime et démocratique d’une manipulation des référents institutionnels de la démocratie pour conserver le pouvoir par des voies détournées, mais droites au regard du Droit. C’est dans cette logique que s’inscrit la révision constitutionnelle proposée par le Président Sall : la 38e du genre dans notre pays en 52 ans. Si bien qu’à l’épreuve des faits et de la volonté de nos gouvernants, la Constitution ne serait finalement qu’un Texte, dont la sacralité toute profane autorise toutes sortes de « clauses d’éternité » à des élus dont les mandats sont éphémères par nature. Mais dans le cas précis du Président Macky Sall, la rupture promise n’aura été que simple rumination du passé, par crainte d’affronter l’avenir avec le même courage et la même originalité qui l’ont rendu sympathique aux Sénégalais en 2012. C’est que comme Me Wade avant lui, avec cette révision constitutionnelle, le Président Sall intègre volontairement « l’histoire monumentale », dont les acteurs sont par Nietzsche considérés comme des « héros purs », « convaincus que leurs œuvres sont l’accomplissement et l’aboutissement nécessaires de leur destin individuel et de celui de la collectivité. En vérité, ils ne sont que des antiquaires faisant commerce de ce qu’ils n’ont pas produit. » En politique plus qu’ailleurs, l’histoire n’est jamais innocente. Comme l’affirme Pierre Yves Bourdil : « Elle est au service de ceux qui, incapables d’ouvrir l’avenir au péril de leur vie, conservent et vénèrent le passé, comme s’il pouvait valoir en soi. » Tout le déploiement médiatique auquel on assiste depuis quelque temps est ainsi destiné à prouver par quelles nécessités historiques le pouvoir actuel doit être celui du prochain quinquennat. Les alliés deviennent alors des entraves dont il faut se défier et se défaire, comme du professeur Malick Ndiaye, ou qu’il faut réduire à de simples souteneurs en les disqualifiant par le péché de l’âge avancé. Qui n’est pas forcément synonyme d’indigence et d’incompétence, ni la jeunesse une garantie de compétence et de patriotisme. En définitive, ce référendum n’est qu’une élection sans candidats, ayant pour objet un texte élaboré et mis en forme par un homme et dont l’unique objectif est de conforter son propre pouvoir. Par ce biais, le Président cherche à nouer avec le peuple un pacte de confiance qui sera désormais le socle moral de toute nouvelle promesse qu’il formulera en vue d’un nouveau mandat. Il se sera donc confectionné l’image virginale d’un homme d’Etat au-dessus de la mêlée politicienne, d’un démocrate libéral et généreux, d’un homme d’honneur qui respecte sa parole et ses engagements : candidat idéal à sa propre succession. À la fin des fins, comme au début de tout, par rapport au peuple et à ses préoccupations les plus primaires, toute cette agitation de tous les politiciens, tous ces experts redondants…, n’est qu’une haute et basse trahison.
36 Commentaires
Anonyme
En Janvier, 2016 (11:12 AM)Anonyme
En Janvier, 2016 (11:14 AM)Anonyme
En Janvier, 2016 (11:23 AM)Anonyme
En Janvier, 2016 (11:26 AM)Maky Degage
En Janvier, 2016 (11:31 AM)maky veut enterrer en vain wade qui lui a tout donné, il veut l humilier
mais bientot la revanche en 2017, beugg beuré, bagne beuré
Anonyme
En Janvier, 2016 (11:33 AM)Anonyme
En Janvier, 2016 (11:34 AM)Max
En Janvier, 2016 (11:43 AM)Que la société civile se lève comme le 23 juin 2011 et refuse la formation du Conseil constitutionnel que Macky Sall nous propose.
Anonyme
En Janvier, 2016 (11:45 AM)Lala
En Janvier, 2016 (11:47 AM)Anonyme
En Janvier, 2016 (12:15 PM)Sidiki Diouf
En Janvier, 2016 (12:21 PM)Macky a été elu sans surprise et la preuve estq ue tous les sondages le citaient
Quant à Malick N'diaye ,il a été remercié par Macky parcequ'il est du lobby ethnocentriste wolof qui voulait semer la division en voulant perpétuer la domination fictive et raciste des wolofs au sein du pouvoir .
Mandat De 7 Ans
En Janvier, 2016 (12:22 PM)Foulbés,
En Janvier, 2016 (12:31 PM)Foulbés,
Anonyme
En Janvier, 2016 (12:33 PM)Heideger
En Janvier, 2016 (13:17 PM)Maky Degage
En Janvier, 2016 (13:21 PM)allez voir les nominations dans les ministères et autres
Anonyme
En Janvier, 2016 (13:30 PM)Mbodji Iba Depuis Lespagne
En Janvier, 2016 (13:38 PM)Senegal En Danger
En Janvier, 2016 (13:38 PM)Politique D'autriche
En Janvier, 2016 (13:48 PM)Tout ce que macky aura fait en matière de politique politicienne pour sa réélection sera vain, tant qu'il s'obstinera à garder MASSATA DIACK au frais. De quoi ont-ils peur?
Anonyme
En Janvier, 2016 (14:00 PM)Anonyme
En Janvier, 2016 (14:20 PM)Kouydeug
En Janvier, 2016 (14:37 PM)Anonyme
En Janvier, 2016 (14:57 PM)Inconnu
En Janvier, 2016 (15:01 PM)Inconnu
En Janvier, 2016 (15:01 PM)Inconnu
En Janvier, 2016 (15:01 PM)Inconnu
En Janvier, 2016 (15:01 PM)Inconnu
En Janvier, 2016 (15:01 PM)Anonyme
En Janvier, 2016 (15:07 PM)Arissoi
En Janvier, 2016 (15:22 PM)La Boucle Gus
En Janvier, 2016 (15:24 PM)haute et basse saison dans cette tirade insipide qui trahit un homme blablateur
Anonyme
En Janvier, 2016 (15:32 PM)Anonyme
En Janvier, 2016 (15:59 PM)Anonyme
En Janvier, 2016 (08:17 AM)maky degage
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