«A compter de ce jour, honorables juges, le monde vous observe. Je n’ai pas de doute, en ce qui me concerne que vous réussirez votre mission». C’est le message qu’a adressé Ciré Aly Ba, coordonnateur de la Chambre africaine extraordinaire (Cae) aux magistrats chargés de juger Hissène Habré, ce jeudi, au Palais de justice de Dakar.
Au cours de la rencontre organisée pour installer la Cae, chargée de juger l’ancien président Tchadien, détenu depuis près d’un an, le magistrat sénégalais a dès l’entame de ses propos, rappeler que «le sort des droits humains n’est plus laissé à la seule discrétion des Etats».
«Nous voici arrivés après une longue et difficile gestation à la phase décisoire de la procédure. Et cela aussi paradoxale que cela puisse paraître, c’est là que tout commence. Durant la phase d’instruction la procédure était principalement écrite, secrète et inquisitoire, a-t-t-il relevé. Elle sera dorénavant orale publique et entièrement contradictoire.
Pour vous permettre de faire toute la lumière sur les crimes dénoncées le code de procédure pénal vous confère des prérogatives étendues qui seront exercées tantôt par la Chambre elle-même, tantôt discrétionnairement par son Président. Mais ce code vous impose aussi des devoirs, dont le plus important est sans conteste le devoir d’impartialité». Et cite à cet effet, l’article 14 du Pacte international relatif au droits civils et politique qui «contient à cet égard un catalogue précis de tous les pré-requis qu’une justice qui se veut équitable et impartial doit respecter.
Ses règles s’imposent naturellement à vous. La justice constitue à n’en plus douter un aspect de fixation social, mais elle n’est pas que cela. Elle est aussi pour des communautés qui ont vécu des tragédies d’une ampleur, le passage obligé pour parvenir à une paix et une réconciliation durable ».
Selon Ciré Aly Bâ, la connaissance de la vérité facilite le dépassement. Et permet, en outre d’éviter la récidive. « Dans cette quête de la vérité, ayez constamment en l’esprit que la culpabilité d’un accusé ne doit pas être retenue que si elle s’impose au-delà de tout doute raisonnable. Aucune thèse ne doit s’imposer à vous, à priori. Tout élément de preuve devra être librement débattu et subir l’épreuve du contre interrogatoire. Soyez des agnostiques le temps d’un procès, conseille-t-il. A cet égard, il ne me parait pas superflu d’inviter le président Hissène Habré à venir livrer sa part de vérité. Il doit cela, je crois, à ses proches, à ses sympathisants et à l’Afrique toute entière».
Pour leur part, il a affirmé que «les Chambres africaines extraordinaires sont disposées à lui prodiguer le soutien nécessaire pour que s’instaure une salutaire égalité des armes entre les deux pôles que constituent l’accusation et la défense».
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Joe Ngor
En Avril, 2015 (19:18 PM)Participer à la Discussion