CONTRE LES GASPILLAGES, LES COUPURES D'ÉLECTRICITÉ, LA CHERTÉ DE LA VIE... : La marche de Bennoo Siggil Senegaal violemment réprimée

La manifestation organisée, hier, par Bennoo Siggil Senegaal pour protester contre les gaspillages, les délestages intempestifs de la Senelec et la cherté de la vie, entre autres, a été violemment réprimée par les forces de sécurité qui avaient mis en place un impressionnant dispositif. Les leaders de ladite Coalition ont dû se retrancher à la Maison du Parti socialiste (Ps) pour délivrer leur message.

Bennoo Siggil Senegaal a connu, hier, une journée mouvementée. Dans la mesure où la marche qu'elle a tenu à organiser, malgré l'interdiction préfectorale, a été violemment réprimée par les forces de l'ordre qui avaient été déployées au niveau du rond-point du Jet d'eau de la Sicap, où ses responsables et militants s'étaient donné rendez-vous. Une situation consécutive au refus des leaders de la Coalition précitée de se plier aux injonctions des policiers. Lors de la confrontation entre les forces de sécurité et les protestataires qui a duré une trentaine de minutes, les chefs de file de l'opposition ont été malmenés ainsi que leurs militants, avec à la clé l'arrestation de Maguette Thiam, Secrétaire général du Pit, et de deux femmes de l'Apr. Finalement, les leaders de Bennoo Siggil Senegaal ont regagné leurs véhicules avant de se retrancher à la Maison du Parti socialiste (Ps) où ils seront rejoints par leurs militants. Sur place, les Ousmane Tanor Dieng, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Mamadou Lamine Diallo, Barthélemy Dias, entre autres, ont, tour à tour, vilipendé le régime de Me Abdoulaye Wade. Le tout sous le regard des forces de sécurité qui étaient positionnés en face du siège des socialistes. Des policiers qui n'ont pas cédé à la provocation, lorsque de jeunes militants de l'opposition leur ont jeté des pierres. À souligner que Maguette Thiam qui avait été arrêté et acheminé à la police de Dieuppeul a été finalement libéré, de même que les deux femmes de l'Apr.

Réactions

Ousmane Tanor Dieng (Ps)

«2011 sera une année chaude pour Wade»La marche a été interdite, mais nous avons voulu symboliquement aller dire aux policiers de dire à Wade que nous ne sommes pas d'accord sur l'interdiction illégale de la marche. Nous avons parlé aux policiers, et nous leur avons dit que le combat que nous menons est un combat patriotique. Et de toutes façons, ce n'est pas Wade qui nous fera reculer. Après cela, nous nous sommes retrouvés à la Maison du Parti socialiste pour dire aux militants et aux populations de se préparer aux combats futurs, pour qu'on puisse créer un rapport de forces, et que la prochaine fois, les choses aillent beaucoup mieux. Je suis persuadé que, dans les mois qui viennent, la situation va s'empirer. Wade, ce n'est pas la peine qu'il se précipite, car 2011 sera une année chaude pour lui.

Amath Dansokho (Pit)

«Il n'existe aucune loi qui autorise Wade à se présenter en 2012» Ça fait sept mois que je suis absent du Sénégal, mais ce rassemblement confirme la confiance que j'éprouve constamment. Nous avons battu à plate couture Wade aux Locales. Nous préparons les élections à venir. Mais, ce qui nous rassemble aujourd'hui, c'est l'état du pays, les souffrances des populations. Cet homme s'est accaparé de notre pays, comme si c'était sa propriété. Pratiquement dans le gouvernement, il n'y a que lui et son fils. Même pour le festival, on a écarté les hommes de culture du pays pour le confier à sa famille. Il faut que nous continuions le travail. Wade doit partir, et c'est pour très bientôt. Il ne sera pas candidat au Sénégal. Il n'existe aucune loi qui l'autorise à se présenter en 2012. Il n'existe aucune loi au Sénégal qui l'autorise à se faire succéder par son fils.

Abdoulaye Bathily (Ld)

«Il a confié le festival à sa famille, parce que c'est un projet familial » Au moment où les paysans attendent depuis le mois de septembre le début de la campagne de commercialisation de l'arachide, Wade se permet d'organiser un soi-disant Festival mondial des arts nègres. D'ailleurs, on ne connaît même pas le budget du festival. Tantôt il parle de 40 milliards, tantôt de 70 milliards, et il a mis en dehors de l'organisation de ce festival tous les hommes de culture réels du Sénégal. Il a confié le festival à sa famille, parce que c'est un projet familial. Après l'Anoci confiée à son fils, voilà un autre projet à milliards confié à sa fille. C'est inacceptable. C'est pourquoi nous avons organisé cette manifestation de protestation qui a été interdite de manière illégale. Et nous sommes allés sur le terrain pour montrer que nous nous opposons à une interdiction illégale, sous prétexte qu'il n'y avait pas assez de forces de sécurité pour encadrer la manifestation. Il y a des milliers de policiers qui sont venus pour disperser la manifestation.

Mamadou Lamine Diallo (Tekki)

«40 milliards pour le festival, vous allez découvrir dans les jours à venir que c'est plus que ça» Les populations de Dakar ont démontré leur attachement à leur droit reconnu par la Constitution. Wade ne peut pas nous empêcher de marcher. Le pays ne lui appartient pas. 40 milliards pour le festival, vous allez découvrir dans les jours à venir que c'est plus que ça. Avec ça, on peut approvisionner en électricité toute la Casamance, tout le Sénégal oriental. Avec 40 milliards, on peut avoir quatre hôpitaux. C'est pour dire que ces gens-là sont spécialistes dans le gaspillage de nos ressources financières et foncières. Ils ont bradé le patrimoine foncier du Sénégal à Dakar, dans la vallée, à Mbour etc. Il ne faut pas se décourager. Ce régime-là est aux abois. Il ne peut plus aller de l'avant. Il faut renforcer notre mobilisation pour chasser Wade et son régime.

Moussa Tine (Alliance démocratique/Pencoo)

«On ne peut pas fêter la culture dans un pays qui n'a pas une culture démocratique» Je crois qu'il est important qu'on signifie aux uns et aux autres que Bennoo n'est pas là pour briser la tradition d'hospitalité dans ce pays. Nous voulons bien accueillir des étrangers. Nous voulons accueillir des hommes de culture, mais on ne peut pas venir fêter la culture dans un pays qui n'a pas une culture démocratique. Il est inadmissible dans un pays démocratique d'interdire une marche garantie par la Constitution. C'est un pays de bêtise démocratique. Comment peut-on interdire une marche où on ne demandait que 20 policiers, et mettre 1000 policiers dans la rue pour réprimer la manifestation ? C'est une bêtise démocratique. Le premier festival de Senghor, ça se comprenait. On venait tout juste de sortir de la colonisation, l'Afrique voulait se positionner. Mais aujourd'hui, on ne peut justifier le Festival. Ils veulent simplement s'enrichir.