Comment
analysez-vous les résultats issus des élections législatives du 1er
juillet 2012 ?
Les résultats sont d’abord les effets d’un
contraste frappant et gênant entre la ferveur de la présidentielle et la
langueur des législatives. Ils reflètent
secondement un certain nombre d’hérésies qui, jusque-là, avaient les couleurs
d’une somme de certitudes politiques et électorales. Enfin, du point de vue de
leur portée sur l’échiquier comme dans la marche du pays, ces résultats installent
les acteurs à la croisée des chemins : ou c’est l’aggiornamento porteur
d’un âge d'or démocratique ; ou alors c’est l’affaissement fertile en sauts
dans l’inconnu.
Comment
expliquez-vous le fort taux d’abstentions ?
Taillons d’abord en pièces l’argument selon
lequel, l’abstention est quasi-structurelle, c’est-à-dire caractéristique de
tout scrutin législatif, sous tous les cieux. Discutable à défaut d’être faux.
Aux législatives d’avril 2001, organisées dans la foulée de la victoire de
Wade, le taux de participation avait frôlé la barre des 70 %. Exactement :
67, 04 %, bien qu’elles fussent consécutives au référendum de janvier de la
même année sur
A mon avis, il y a toute une panoplie
d’éléments explicatifs. En vrac, on peut pointer le dégoût engendré par la
législature antérieure très négativement emblématique du phénomène Doudou Wade.
Si à l’Assemblée nationale, un député parmi les députés, a pu radier deux de
ses collègues élus au suffrage universel, sans provoquer une levée de boucliers
trans-partisane, c’est qu’il y a quelque chose de pourri au cœur du pouvoir
législatif. Ce qui n’a pas échappé à la vigilance ou à la sagesse du peuple qui
n’est pas loin de penser que l’Assemblée nationale est une caserne où l’on est
aussi raide dans le garde-à-vous qu’au camp Dial Diop géographiquement voisin.
A cet élément d’explication d’origine ancienne, s’ajoutent les présentes
erreurs nées des audits fort justifiés mais opérés suivant des modalités
politiquement risquées et électoralement suicidaires. Dans un contexte pré-législatif,
ne fallait-il pas, de manière graduelle, commencer par cravater les directeurs
– en épargnant momentanément les ministres et les figures politiques notoires
– jusqu’à la fin du mois de juin ?
Pareille démarche garantirait davantage le caractère politiquement incolore des
audits et, par ricochet, sécréterait moins de frustrations dans les familles,
clans et alliés des audités. Je passe sur les investitures contestables à
maints égards, pour m’appesantir sur la maladresse improductive qui a présidé à
la confiscation des voitures des très bien nommés…chefs de villages. Donc pas
étonnants que les villageois aient pris le chemin des champs, le jour du vote.
Last but not least, les Partis ont largué honteusement leurs vocations
originelles et permanentes, pour devenir des wagons chargés de quotas. Un Parti
doit s’assumer électoralement, et non se lover dans une coalition dès
l’obtention du récépissé. Sans un baptême de feu électoral. Bref, la grande
armée des sincères abstentionnistes a vaincu la phalange des malins calculateurs.
Mais, par-delà l’explication, affleure le
danger. Me Mbaye Jacques Diop a constaté avec perspicacité, le danger qui
consiste à s’éloigner des urnes. A juste titre. Car, lorsqu’un peuple s’éloigne des urnes, il s’approche des armes.
Géométriquement et politiquement.
Quelle
lecture faites-vous de la percée des religieux ou enturbannés ?
La contre-performance des politiques, passée
en revue ci-dessus, a fait le lit de la performance des citoyens et leaders
d’opinion qui ont des références religieusement marquées. Sans être des émules
ou des épigones de Ben Laden. Mansour Sy Jamil est flanqué de la fervente
catholique Hélène Tine. On est à mille lieues de ce qui se passe en Afghanistan
et au Nord-Mali. On est au Sénégal, rassurez-vous.
La
future Assemblée, sera-t-elle une Assemblée de rupture?
Un discours sur la rupture n’est pas la
rupture. Ce sont les actes qui rompent. En revanche, les paroles trompent. Tout
sera tributaire du rapport de forces qui ne sera pas statique avec de tels
résultats et de telles coalitions. Et, surtout, de tels desseins dévorants et
impatients chez les uns et les autres. En politique, les coalitions ne sont pas
des cimetières d’ambitions ; ce sont plutôt des carrefours d’ambitions. Je
ne veux pas être un oiseau de mauvais augure. « Laissons l’avenir venir » chantait Tino Rossi.
Macky
Sall, aura-t-il les coudées franches pour gouverner tranquillement avec sa
majorité « apériste » forte de 61 députés ?
Je ne sais pas si les résultats officiels et
définitifs confirmeront ou infirmeront le nombre de députés que vous avancez.
Je sais par contre qu’on ne gouverne jamais – avec ou sans majorité – dans la
tranquillité. La démocratie n’est pas silencieuse. Elle est bruyante et
mouvementée. Ce sont la dictature et la tyrannie qui sont muettes. Seuls les
ventres repus garantissent un minimum de quiétude aux Rois, or la situation
économique ou plus spécifiquement la demande sociale reste notre talon
d’Achille.
Propos
recueillis par Harouna Fall
18 Commentaires
Unitecentrale
En Juillet, 2012 (10:19 AM)Da
En Juillet, 2012 (10:20 AM)Kane
En Juillet, 2012 (10:24 AM)Nio Taye
En Juillet, 2012 (10:26 AM)KAN TU PARTIRA DU PALAIS
AVEC TES SOUCIS PAR MILLIERS
NOUBLIE PAAS TA FAMILLE SOUILLé
Ser
En Juillet, 2012 (10:26 AM)Second
En Juillet, 2012 (11:01 AM)Azou82
En Juillet, 2012 (11:13 AM)Voila les questions que nous jeunes souhaitons avoir des réponses au lieu de Macky, Wade, et consors.
Wassalam, excusez moi si mes paroles ont de près ou de loin offense une tierce personne.
Ibra Italie
En Juillet, 2012 (11:16 AM)Liberte1
En Juillet, 2012 (12:45 PM)Liberte2
En Juillet, 2012 (13:58 PM)Ami
En Juillet, 2012 (15:25 PM)Mbabadiakhou
En Juillet, 2012 (15:34 PM)L'analyse d'un scrutin se fait avec les chiffres en les interprétrant objectivement. La liste de BBY a obtenu environ 40% des suffrages exprimés. Si on fait un cumul des résultats obtenus par BBY et ses anciens alliés, les résultats tournent autour de 55% comparés au 65% enregistrés à la présidentelle.
La liste du PDS a obtenu environ 23%. Si on fait une comparaison avec les résultats obtenus lors de l'élection présidentielle et en prenant également en compte la création de Bokk Gis Gis et autres listes, on se rend compte que les opposants au président Sall totalisent environ 60%.
Pro-anti-macky Latortue
En Juillet, 2012 (16:20 PM)Doktooru Kajoor
En Juillet, 2012 (17:56 PM)So
En Juillet, 2012 (18:09 PM)Si nous n'avons pas elu Macky qui est ce que on a élu.
Comment un démocrate qui croit à la dictature de la majorité ose t'il refusé l'election de Macky.
C'est cette analyse tient il y a pas un seul président élu car à chaque élection on a chassé un ancien président.
MON CHER VOUS AVIEZ DIT QUE SI WADE EST BATTU IL NE PARTIRAIT PAS ET SJD avait répliqué pour dire que bien sur Wade sera battu et il partira.
IL FAUT QUE CES TYPE D'ANNALYSTE D'UN AUTRE AGE ARRETE DE TYMPANISER LES GENS.
Marre De Justin
En Juillet, 2012 (18:31 PM)Kunfu
En Juillet, 2012 (19:51 PM)El Hadj Sy
En Juillet, 2012 (06:08 AM)Participer à la Discussion