Demain, au soir d’une campagne entre 24 listes concurrentes pour le contrôle ou la présence à l’Assemblée nationale, le Sénégal se réveillera, drapé d’une nouvelle Législature. Une Législature recouverte de l’écharpe neuve d’une citoyenneté résolument en marche, mais aussi, quelque part, porteuse de la fureur et de la ferveur dont était déjà grosse, près de quatre mois auparavant, une élection présidentielle marquée par une magistrale sanction infligée à un régime qui avait fini de faire converger contre lui les frustrations, les colères, les rancœurs et les rancunes accumulées du Peuple.
L’Assemblée nationale naissante ne saurait restée aphone et
aveugle par rapport aux événements historiques du 23 juin 2011, notamment à
l’élan de rupture de la «droite patience» des citoyens qui, ce jour-là,
décidèrent de reconquérir leur souveraineté déléguée et que des arrogances
infidèles à leur véritable mission parlementaire ont voulu confisquer, en tout
cas aliéner. Désormais, chaque acte constitutionnel ou législatif prendra en
compte la succulence et la pertinence subversives du 23 juin.
PLUS JAMAIS… !
Symbolique et symptomatique aura été la campagne pour les Législatives, qui
s’est éteinte, hier, et au cours de laquelle, dans une unanimité obligée, parce
que dictée par les leçons politiques récentes, les différents protagonistes ont
proclamé et clamé la nécessité d’une Assemblée nationale de rupture. S’il en
est ainsi, c’est justement parce qu’ils ont, au moins, intégré la dimension
d’une revendication et d’une exigence, désormais citoyennes, qui ne fera plus
place à une médiocrité parlementaire. Oui, il nous faut enfin une Assemblée
nationale de rupture dans laquelle le député ne sera plus l’appendice
subalterne du président de la République, le chef de l’Exécutif. Plus de député
du président, place au député du Peuple ! Oui, il nous faut enfin, une
autre Assemblée nationale au sein de laquelle le député ne sera plus formaté
dans l’exercice facile et routinier consistant à lever sa main complice pour
approuver sans discernement les lois capricieuses d’un président-roi qui ne
touche point la loi d’une main tremblante. Il nous faut maintenant une
Assemblée qui ne soit plus désertée par des députés qui font l’Hémicycle
buissonnier après avoir encaissé leur salaire et empoché leurs paquets de bons
de carburant. Plus de Madame la députée qui confond son pupitre de
parlementaire à un vulgaire étal d’un marché. Que soit ôtée du regard
citoyen, l’image de ce parlementaire, plus prompt à faire parler les biceps que
sa science des lois !
QUESTIONS DéONTOLOGIQUES
Il y a lieu d’évoquer, d’invoquer et de convoquer le Code de déontologie de
l’Assemblée nationale française, non pas simplement par esprit d’aliénation,
mais bien parce que, ce code dont la muse est la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen de 1789, mérite que nos futurs députés s’en inspirent. A propos
de «l’intérêt général», l’Article 1 de ce code dispose que «les députés doivent
agir dans le seul intérêt de la Nation et des citoyens qu’ils représentent, à
l’exclusion de toute satisfaction d’un intérêt privé ou de l’obtention d’un
bénéfice financier ou matériel pour eux-mêmes ou leurs proches». Parlant de
«L’indépendance», l’article 2 dudit code affirme : «En aucun cas, les
députés ne doivent se trouver dans une situation de dépendance à l’égard d’une
personne morale ou physique qui pourrait les détourner du respect de leurs
devoirs…» Même la question de «L’objectivité» y est abordée pour établir que
«les députés ne peuvent intervenir dans une situation personnelle qu’en
considération des seuls droits et mérites de la personne». L’Article 4 portant
sur «La responsabilité» consacre que «les députés doivent rendre compte de
leurs décisions et de leurs actions aux citoyens qu’ils représentent. A cette
fin, les députés doivent agir de manière transparente dans l’exercice de leur
mandat». Alors que l’Article 5 relatif à «La probité» stipule que «les
députés ont le devoir de faire connaître tout intérêt personnel qui pourrait
interférer dans leur action publique et prendre toute disposition pour résoudre
un tel conflit d’intérêts au profit du seul intérêt général». Enfin, selon
l’article 6portant sur «L’exemplarité», «chaque député doit promouvoir, dans
l’exercice de son mandat, les principes énoncés dans le présent code». Avouez
qu’il y a ici de quoi puiser pour un nouveau mantra parlementaire. Pour une Assemblée
nationale de rupture !
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