[ Entretien ] Macky Sall, président de l’Alliance pour la République : ‘ Le jour où on repousse les élections…’

Que nul ne compte sur Macky Sall pour accepter la prolongation du mandat de Me Wade.Interrogé par Walf sur cette éventualité, le leader de l’Apr a répondu par la menace : installer un gouvernement parallèle.

Wal Fadjri : Depuis peu, le pouvoir procède à des découpages administratifs. D’aucuns disent que c’est pour faire repousser les élections. Qu’en pensez-vous ?

Macky SALL : Le jour où on repoussera les élections, mon parti et moi, nous mettrons en place un gouvernement parallèle. Puisqu’il n’y aura plus d’Etat, chacun fera ce qu’il voudra. Au nom de quoi, ils vont reporter les élections ? A partir du moment où le président de la République n’a plus la légitimé, chacun fera ce que bon lui semblera. De ce fait, nous déclarerons notre gouvernement. Et nous verrons ce qui va se passer.

Diakhao attend l’installation d’une délégation spéciale. Quelle sera votre attitude ?

Nous sommes absolument opposés à toute forme de délégation spéciale. Nous ne pouvons l’accepter. Nous avons compris que le gouvernement est en train d’usurper une propriété d’autrui. C’est de l’usurpation. Nous avons été aux élections, ils étaient candidats et nous les avons battus à plate couture. Moins de deux ans après, ils veulent faire une délégation spéciale. On n’est pas d’accord. Il n’y a absolument aucune motivation objective qui justifie cela. Ensuite, nous pensons que, s’il doit y avoir une délégation spéciale, il faut d’abord dissoudre la collectivité.

Alors, que comptez-vous faire ?

Nous allons engager la bataille juridique parce que nous sommes des républicains et nous croyons à l’Etat de droit. Ensuite, si l’Etat fait du forcing, nous nous opposerons. Il y a eu une opposition à Sangalkam qui a malheureusement entraîné mort d’homme. Je pense que les forces de sécurité doivent avoir plus de retenue. Ce qui s’est passé à Sangalkam, peut bien se reproduire à Diakhao si l’Etat s’entête à arracher les collectivités gagnées par d’autres. Au nom de quoi, l’Etat dissout-il les collectivités ?

L’Etat promet de faire la lumière sur le meurtre de Sangalkam…

Il n’y aura pas de lumière dans cette affaire de Sangalkam. C’est du saupoudrage. Il y a plusieurs crimes qui sont là et qui ne sont pas élucidés. L’Assemblée nationale, elle-même, a une demande de mise en accusation d’un ancien ministre (Farba Senghor pour saccage présumé des sièges de l’As et 24 heures chrono, Ndlr). Ils ont mis les pieds dessus alors que la justice et la police judiciaire ont fait leur travail.

Pouvez-vous nous parler du programme Fatick 2011 ?

Fatick 2011 est un complément, pas une opposition de ce qui a été fait. Il s’inscrit dans le cadre de l’exécution du budget 2011. Nous avons une autorisation spéciale de recettes et de dépenses concernant le fonds de dotation, le fonds de concours, mais également le Bci dans l’éducation. Mais l’autre motivation a été le démarrage des travaux que la commune a initiés dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens de Fatick. Dans ce cadre, je suis venu lancer les travaux du garage des taxis qui doivent déménager. (…) Nous avons aussi la protection des berges du Sine par des grilles, la construction du mur de clôture des cimetières de la communauté maure. Ensuite, il y a eu l’inauguration de la mosquée historique de Peulgha. Le coût de ce programme tourne autour de 55 millions. Tous ces événements étaient le motif de mon déplacement à Fatick.

J’ai été surpris par l’initiative des femmes amazones de l’Apr de Fatick. Elles ont organisé à mon domicile de ce qu’on peut qualifier de ‘doogou investiture’. Elles ont tenu absolument à proposer mon investiture pour la prochaine élection présidentielle dans un climat de forte mobilisation et d’engagement sans faille. Cela m’a beaucoup touché. Car entre ces femmes amazones et moi, c’est une longue histoire politique, un long compagnonnage qui était couronné de succès. Donc, cette forte mobilisation des femmes me réconforte pour les élections de 2012.