Mal barré, point barre !

Le journalisme est aussi une affaire de train et d’horloge. Le train qui arrive à l’heure est comme la gamelle dans laquelle les mains puisent leur pitance. Ordinaire ! En revanche, le train qui entre en gare, avec du retard, est la perle des Unes. Ce « train », aussi boiteux que le canard de la formule populaire, est soigneusement fixé sur la vitrine des tabloïds. Il est la star des chercheurs de faits sensationnels. N’est pas conducteur de train primatorial n’importe quel cheminot-journaliste !

C’est ce qui propulse le Premier ministre Abdoul Mbaye à la Une des médias dans une sorte de destin lié à celui de la Nouvelle Star Malick Gakou. Vous connaissez cette compétition de la chaîne française M6 qui récompense les « compétences » d’imitateurs de stars faisant aussi preuve de dispositions à tenter, plus tard, une carrière solo. Eh bien, la démission, si ce n’est pas Jean-Pierre au Nord dans un contexte de guerre d’Irak, c’est Malick au Sud par temps de querelles entre meuniers et gouvernants.

L’imitateur ‘’mélaniné’’ de Chevènement a créé l’évènement en mettant sous les feux de l’actualité les lobbies qui se cramponneraient sur nos rêves de salut, selon les âmes furieuses et les esprits flagellés par une Alternance aussi chancelante qu’un Bateau Ivre. La situation décrite est pire que celle installée par des lobbies. 

Dans son acceptation nord-américaine, le lobby est une organisation qui promeut l’image d’un groupe ou d’un individu afin de lui faire obtenir une position professionnelle dans une administration publique ou privée. Le lobbying peut aussi être une opération de communication publique destinée à lustrer l’image d’un acteur de premier plan. Les jeux d’intérêts décrits sont encore plus préoccupants que le lobbying conventionnel. Sauf que les tuyaux soient bouchés, nous sommes en présence de réseaux mafieux qui feraient main basse sur des secteurs de la vie nationale. La grosse rumeur plaçant le Premier ministre Abdoul Mbaye au cœur de ce jeu d’intérêts a maintenant la dignité d’un débat public, plus que l’onde de choc de l’argent de Hissène Habré. Maintenant, la polémique a un nom et un visage : Malick Gakou. Depuis trois jours, l’espace public est traversé par le courant d’un jeu d’intérêts qui enfarinent grave la ligne républicaine de l’éthique de gestion. Le malaise ne se chuchote plus comme la bouderie d’une colonne hostile à l’éclosion d’un nouveau leadership sur les flancs des écuries politiques.Soyons clairs : l’avènement du Premier ministre Abdoul Mbaye liquide le succès de l’homme d’affaires Abdoul Mbaye. Il n’est plus dans la tour d’ivoire de ses histoires à succès. Il est dans la clairière d’une brousse où ça tire à vue voire braconne pour déstabiliser un adversaire. Jusque dans les lignes insoupçonnées des inconditionnels de son patron Macky Sall, à en croire les articles de presse. Pendant ce temps, l’autre train de la Section des recherches de la Gendarmerie passe, transportant, à son bord, Abdoulaye Baldé. Juste quelques lignes dans les flash-infos. Etre dans l’antichambre deRebeuss est comme devenu une « histoire bidon », pour reprendre le fameux clash du rappeur La Fouine à Rohff. La nouvelle de la semaine, c’est que le PM est plus que jamais mal barré pour continuer à diriger son Gouvernement, sans encombre. Point barre !