Moustapha Fall, Ché, le leader du parti Actions patriotiques de libération (Apl- Mouvance présidentielle) estime que Jean Félix Paganon, l’ambassadeur de France au Sénégal qui s’est prononcé dimanche dernier sur le procès de Karim Wade « est dans ses droits ». Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il soutient aussi la coalition, « Macky 2012 » doit être le socle d’une nouvelle majorité qui va accueillir tous ceux qui veulent soutenir Macky Sall en 2017.
Le président de la République a reçu (ndlr : l’entretien a eu lieu mardi) « Macky 2012 ». Cette audience sonne-t-elle la fin des remous au sein de la coalition ?
C’était d’abord une rencontre de mise à niveau. Nous avions demandé à rencontrer le président. Nous avons profité de l’occasion pour arrondir les angles. Nous avons enregistré récemment des sorties qui étaient très dures à l’endroit du régime. On a recadré tout cela. Les uns et les autres ont compris. La réunion s’est bien terminée parce qu’entre le président Macky Sall et nous, il n’y a qu’un grand amour. On l’aime beaucoup. On l’estime beaucoup. On peut faire des sorties mais on est toujours avec lui. Nous nous sommes rencontrés et nous avons trouvé la bonne formule. Il ne s’agit plus de poser les problèmes concernant la coalition à la place publique. Le président nous a permis de trouver un cadre. Chaque mois, nous le rencontrerons. Nous n’avons plus besoin d’étaler nos malheurs sur la voie publique.
Qu’est-ce qui explique ces sorties ?
En toute chose, la communication est bonne. Il faut communiquer. Le manque de communication entraine des suspicions qui créent de l’animosité. A un moment, il y avait un manque de communication entre le président Sall et la coalition. Son agenda ne lui permettait pas de nous recevoir à tout moment. Parmi nous, il y a des jeunes sincères qui aiment Macky Sall mais qui sont par moment pressés. A défaut de voir Macky Sall pour lui parler de leurs problèmes, ils en parlent publiquement pour se libérer. Nous allons corriger cela puisqu’il n’y aura plus de pareilles situations. Nous n’avons plus le temps de nous occuper de petites choses. Nous mettons maintenant le cap sur le travail politique.
Qu’entendez-vous par travail politique ?
Nous allons voir comment faire pour réélire le président. La coalition Macky 2012 avait amené le président au deuxième tour malgré le fait qu’on l’appelait la petite coalition. Nous avons le devoir de le reconduire et de lui donner un second mandat. C’est notre mission. Nous avons décidé de surseoir à tous les problèmes de postes, de pitance, d’encadrement. On va régler ces problèmes sans en faire un programme politique. Notre programme politique, c’est faire face à l’adversaire en faisant tout pour une victoire de Macky Sall dès le premier tour. Par conséquent, il faut travailler pour combler le gap. Au premier tour en 2012, il avait 26 %. Pour l’amener à la victoire, il faut porter ce score à 51 %.
Comment comptez-vous vous y prendre ?
La politique, ce sont les rapports de force, c’est l’art de modifier les rapports de force. Ces forces sont avec le président Macky Sall dans la grande coalition «Bennoo Bokk Yaakaar». Mais nous ne sommes pas sûrs que tous les partis de Bennoo vont le soutenir. Les ¾ des partis de la coalition auront comme candidat unique Macky Sall, mais cela ne garantit pas tout de suite que nous allons combler ce gap. Il faut travailler pour modifier les données de 2012, pour que ceux qui n’avaient pas voté pour le président Sall, le fassent à la prochaine élection.
Ce travail prend-t-il en compte les leaders de partis ou de mouvements qui rallient la mouvance présidentielle ?
Chaque jour, il y a des gens qui rejoignent le président Sall, qu’il s’agisse d’organisations, des partis politiques, etc. Les responsables de ces partis ou organisations ne sont pas des transhumants. Le transhumant, c’est quelqu’un qui a perdu. Ceux qui viennent vers Macky Sall ont déjà quelque chose. Ce sont des gens qui ont gagné. Ils sont des députés ou des conseillers municipaux ou départementaux. On ne peut pas dire que ce sont des transhumants parce qu’ils ne demandent rien à Macky Sall. C’est une participation responsable. Ce n’est pas une transhumance.
Ne tendez-vous pas vers la création d’une nouvelle majorité si l’on sait qu’au moment où certains arrivent, d’autres affichent des ambitions présidentielles ?
On va évoluer vers un autre type de coalition. «Macky 2012» peut être le socle d’une autre coalition. On peut dire le front pour l’émergence du Sénégal ou l’alliance pour l’émergence du Sénégal parce qu’on fait allusion au Pse. Il faut changer le nom de la coalition. « Macky 2012 » peut être le socle de cette nouvelle majorité pour accueillir, à bras ouverts, tous ceux qui sont venus et les canaliser dans un cadre. On va trouver l’appellation adéquate.
Que pensez-vous des candidatures annoncées au sein de «Bennoo Bokk Yaakaar» ?
J’ai deux appréciations. D’abord en tant que politique, je pense que l’idéal serait que Macky Sall qui a été soutenu par d’autres candidats au second tour soit le candidat. Il a été élu sur la base d’un programme. C’est lui qui rend compte, il est donc le candidat naturel. Il est le président. Il doit un bilan au peuple sénégalais. Si on ne le reconduit pas, comment il va défendre son bilan ? Sous ce rapport, tous les partis de «Bennoo Bokk Yaakaar» doivent participer à reconduire Macky Sall. Dans un pays normal, c’est cela qu’on devrait faire. La question ne devait même pas se poser. On est ensemble. On l’a fait gagner, on est comptable des actes qu’il pose. L’idéal est de le reconduire pour qu’il présente le bilan du programme pour lequel les Sénégalais avaient voté pour lui. L’autre versant, je suis un démocrate. Ils sont libres d’avoir leurs candidats. Il y a des choses qui ne se passent qu’au Sénégal. Dans les grandes démocraties, si des candidats qui ont perdu au premier tour soutiennent le candidat le mieux placé de l’opposition, ils disparaissent aussitôt après la victoire. Ils ne restent pas là pour demander des postes. Demander des postes, c’est renoncer à son programme, c’est renoncer à son ambition d’être président. Malheureusement au Sénégal, tous les souteneurs du deuxième tour attendent qu’on leur donne des postes. Si j’avais des ambitions présidentielles, je ne prendrais rien de Macky Sall. Je me contente de voter pour lui puisque je veux être candidat à la prochaine présidentielle. Le paradoxe, c’est d’être au pouvoir avec lui, de gérer avec lui et se présenter contre lui à la prochaine élection.
Mais le mot d’ordre en 2012 était gagner ensemble, gouverner ensemble…
On a gagné ensemble, on gouverne ensemble. On doit ajouter reconduire notre candidat ensemble.
Au même moment, Wade mène une offensive contre le régime…
Le grand âge émousse les facultés. Abdoulaye Wade à son âge, il n’est plus sain d’esprit. C’est un désespéré pour le sort de son fils alors qu’il est responsable de tout ce qui lui est arrivé. Les propos d’Abdoulaye Wade sont indignes d’un homme qui a été président de la République pendant 12 ans. Ce sont des choses condamnables. Dire que quelqu’un est esclave est condamné par la Constitution. Taxer quelqu’un de mangeur de bébé est condamné par le code pénal. N’eut été son grand âge, il allait être arrêté. L’avocat qui avait parlé en ces termes a été arrêté. Abdoulaye Wade a suffisamment fait pour que la justice l’arrête. Je suis entré dans cette histoire et secret pour secret, j’ai dit à Abdoulaye Wade d’arrêter ou bien je balance. Je tiens le secret de deux évènements qui se sont produits à Niarry Tally et à Tilène. S’il n’arrête pas d’insulter Macky Sall, je dévoilerais ces secrets. Abdoulaye Wade est un homme pour qui j’ai beaucoup de respect. J’ai fait la prison pour lui mais je n’aime pas l’injustice. Il faut qu’il arrête. Il a bien planifié ce qu’il fait. Il avait bien dit qu’il va détruire Macky Sall et sa famille. Tout démocrate doit combattre l’attitude du président Wade. Il a le droit de défendre son fils, mais il doit le faire avec lucidité.
Des voix s’élèvent au sein du Pds pour soutenir une candidature de Karim Wade en 2017. Karim Wade peut-il constituer une menace pour le président Sall ?
Wade veut occuper l’actualité. Le maillon essentiel pour Wade et le Pds, c’est la sortie de Karim Wade. Ils parlent d’élections pour occuper l’actualité mais ils n’y croient pas. Wade veut crédibiliser Karim pour faire des pressions sur le public et l’opinion internationale. Si Karim Wade sortait de prison, Wade ne parlerait plus d’élections. Il va rentrer en France avec lui. Le parti meurt de sa belle mort. C’est de l’intox. Il veut crédibiliser son fils alors que Karim était le chiffon rouge de son régime. Le Pds a perdu la mairie de Dakar à cause de lui. C’est Karim qui a précipité la chute de son père. Personne n’a peur de lui. Karim a tout fait en 2012 pour que son père gagne, mais Macky Sall l’a écrasé.
La Crei livre son verdict sur le procès de Karim Wade le 23 mars. Quelles sont vos attentes ?
On attend le verdict. Le procureur général a fait son réquisitoire. Il a requis 7 ans avec une amende de 200 milliards de francs Cfa. Ce sont les juges qui doivent donner le verdict final. Seul le juge est responsable. S’il donne son verdict, tout le monde doit accepter. Ceux qui n’accepteront pas feront face à la loi. Force restera à la loi. Les matraques que Wade avait utilisées contre l’opposition en 2012 sont toujours là.
Que pensez-vous du tollé suscité par la sortie de l’ambassadeur de France ?
L’ambassadeur de France est dans ses droits. Abdoulaye Wade a voulu que la France intervienne en tant qu’arbitre. Il a saisi ce pays par le biais de son ambassadeur. Tout ce que l’ambassadeur dit, c’est la voix de la France. L’ambassadeur n’est pas en déphasage avec Hollande. Il ne fait que donner l’avis de son gouvernement face à la requête de Wade qui voulait que la France arbitre. La France a arbitré et son arbitrage, c’est ce qu’a dit l’ambassadeur.
10 Commentaires
Osez
En Mars, 2015 (18:11 PM)Grams
En Mars, 2015 (19:24 PM)Opport....
En Mars, 2015 (21:33 PM)Mil
En Mars, 2015 (21:58 PM)Kilo
En Mars, 2015 (22:05 PM)Atypico
En Mars, 2015 (05:36 AM)Diiioooppp
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En Mars, 2015 (15:18 PM)Ouls
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