Un vent de fronde souffle, depuis quelques jours, au Parti socialiste (Ps) et au Parti démocratique sénégalais (Pds). Une crise qui n’est pas une surprise, selon le professeur Ibou Sané, spécialiste de la sociologie politique, qui estime que ces deux formations «n’ont pas fait fonctionner la démocratie interne».
«Les partis traditionnels, comme le Pds et le Ps, qui ont un ancrage territorial très fort, connaissent des difficultés, à l’heure actuelle, parce qu’ils n’ont pas su prendre les mutations en cours dans l’espace politique sénégalais. Ce sont aussi des partis qui n’ont pas fait fonctionner la démocratie interne pour un renouvellement de la classe politique», déclare le professeur Ibou Sané.
Ce dernier pense que ces deux formations ont besoin d’une nouvelle dynamique, pour avoir perdu le pouvoir à la suite de deux alternances.
«La crise ne doit pas être une surprise. Le Ps et le Pds sont des formations vieilles. Ces frondes étaient même attendues depuis très longtemps». Mieux, à en croire le spécialiste des sciences politiques, le moment est venu de s’interroger sur la viabilité de ce système.
«Il aurait été intéressant que les militants puissent se choisir eux-mêmes un leader et que les autres puissent passer le témoin aux générations les plus jeunes, qui peuvent permettre la reconstitution du parti. Mais, malheureusement, il y a un compromis a posteriori et les jeunes militants ne se retrouvent plus dans cette forme de gouvernance qui centralise tout au profit exclusif d’une personne», fait-il constater.
D’après le Pr. Sané, le problème, avec les partis politiques sénégalais, c’est que leurs fondateurs s’y sont identifiés. «Au Sénégal, on n’a pas la culture du renouvellement. Même les idéologies connaissent des difficultés. Les jeunes militants ont compris qu’il faut absolument repartir à la conquête du pouvoir. Et pour cela, il faut se restructurer pour une redistribution des rôles, pour espérer des lendemains meilleurs», ajoute-t-il.
Ces mouvements de fronde peuvent-ils aboutir ? Le politologue répond par l’affirmative, non sans poser des conditions. «Ils peuvent réussir s’ils sont bien organisés et huilés, s’ils parviennent à embrigader tout le monde dans le même mouvement. Ceux qui dirigent ont tout intérêt à négocier», ajoute-il. Car, rappelle le Pr. Sané, «le monde va tellement vite qu’il faut des jeunes capables de s’adapter aux mutations en cours».
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