Sénégal : Les enseignements d’un référendum

Les Sénégalais ont boudé le référendum du 20 mars 2016, portant sur la révision constitutionnelle, avec un boycott de plus de 60%. Néanmoins, si aucun résultat officiel n’a été annoncé, les premières tendances vont vers une légère victoire du Oui.

Le référendum du dimanche 20 mars 2016 au Sénégal est riche en enseignements. D’abord, il en ressort une absence totale de consensus autour des 15 propositions. En témoignent un taux de participation estimée à 60% et plus de 45% de Non parmi les votants. Comparativement à celui de janvier 2001, qui avait dépassé les 90% de Oui et un taux de participation de plus de 80%, il n’y a pas photo. On pourra tout dire sur ce référendum, mais personne ne contestera que le Oui a été loin d’être plébiscité. D’ailleurs, pour diverses raisons, de nombreuses voix discordantes de leaders politiques ou de la société civile s’étaient élevées pour surseoir à ce vote… 

Ensuite, au lendemain du scrutin, les premières tendances font ressortir un certain désaveu de la politique menée par le régime du président Macky Sall. Sa légitimité s’en ressort grandement contestée, relativement aux 65% de ses compatriotes qui l’ont porté au pouvoir un soir du 19 mars 2012. 

Pour nombre d’observateurs, la rupture entre une partie des électeurs et le régime en place a été consommée, suite à l’espoir vain d’un développement inclusif clamé sur tous les toits, des nominations partisanes dans un pays qui s’est toujours glorifié de sa cohésion sociale, et des valeurs traditionnelles bafouées, telles que la parole donnée. 

De toutes les façons, au sortir de ce référendum, qui, espérons-le, va solder les hésitations initiées depuis 2001, le régime de Macky Sall est sorti affaibli. Les prochaines échéances électorales, singulièrement les législatives en 2017 et la présidentielle en 2019, s’annoncent très difficiles pour l’Alliance pour la république (APR) au pouvoir et ses partisans.