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Politique

Trois questions à … Amadou Tidiane Wone : « La traque des biens mal acquis n’est pas une nouveauté au Sénégal»

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Trois questions à … Amadou Tidiane Wone : « La traque des biens mal acquis n’est pas une nouveauté au Sénégal»

Ecrivain, ancien ministre de la Culture et ancien ambassadeur du Sénégal au Canada, Amadou Tidiane Wone vient de faire paraître son dernier ouvrage intitulé « Résistance ». Déçu par le résultat de 50 ans d’indépendance des pays africains, l’auteur  remet en cause l’éducation qui produit « des armées de chômeurs », l’élite politique qui a emprunté  «la trajectoire tronquée». L’auteur s’interroge sur les vieilles ambitions dont ses compagnons et lui rêvaient, jeunes étudiants en France. M. Wone est interrogé en marge de la cérémonie de dédicace de son ouvrage. 

 

Amadou Tidiane Wone, vous venez de faire paraître votre dernier livre intitulé « Résistance ». C’est résistance contre qui ou contre quoi? 

 

La résistance dont  je parle ici est d’abord la résistance de chacun de nous contre lui-même, contre nos lâchetés intérieures, nos doutes,  nos peurs d’entreprendre et de relever le défi de construire une Afrique nouvelle, conquérante, paisible qui n’a pas peur d’inventer un progrès à sa mesure, qui ne se permet pas que d’imiter des modèles qui,  jusqu’ici, ont montré leur limites. L’Afrique recèle de trésors de créativité, de  trésors  d’énergies spirituelles. La seule force qui fait aujourd’hui défaut, c’est la force politique d’entraînement, qui mènerait aux cimes l’énergie de nos peuples. J’évoque dans ce livre ce que j’appelle la trajectoire tronquée depuis nos indépendances. Je pense que l’indépendance devrait servir à créer une école nouvelle qui puisse bâtir un citoyen nouveau,  capable de bâtir des pays  grands et ambitieux. Je constate que depuis 50 ans, nos écoles produisent des armées de chômeurs et je m’interroge, je nous interroge,  en nous demandant : « Que sommes-nous devenus ? » Je remets en cause le résultat attendu et qui n’est pas à la hauteur des espérances des « Soleils des indépendances ». En 1963, pour mémoire, l’Afrique avait déjà une organisation continentale : l’OUA, l’Afrique avait une banque continentale, c’est la banque africaine de développement (BAD), l’Afrique avait une compagnie aérienne continentale, Air Afrique. Où en sommes-nous ? Je ne juge pas, je pose des questions et je me demande si l’avenir  dont nous rêvions à l’indépendance est celui que nous avons construit 50  ans après. 


Vous avez consacré un chapitre au procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré. Quelle est votre position sur ce procès ? 

 

Ma position sur le procès qui doit se tenir dans notre pays, c’est que ce procès ne doit pas se tenir au Sénégal, parce que c’est que le président Hissène Habré avait bénéficié dans notre pays d’un droit : le droit d’asile. Et ce droit d’asile correspond à l’une  de nos valeurs fondatrices, la teranga. Si le Sénégal permet que sur son territoire, quelqu’un qui a bénéficié d’un droit d’asile perde ce droit, tout simplement pour le confort d’un juridisme de l’école occidentale, je m’interroge : « Qui sommes-nous devenus ? »  Je ne dis pas qu’il (Habré) a tort ou qu’il n’a pas tort, je ne dis pas qu’il a raison, qu’il est innocent ou pas. Je dis qu’on aurait dû le juger dans son pays avant qu’il ne parte. Une fois qu’il a quitté son pays et qu’il est venu bénéficier en l’asile dans notre pays, il a de nouveaux droits et ceux qui lui ont donné l’asile lui doivent protection. C’est ça l’Afrique

 

Si je dois juger sur le nombre de morts dont on lui attribue la responsabilité, je vais convoquer M. Nixon pour la guerre du Vietnam, Georges Bush pour la guerre d’Irak. Je vais convoquer également la traite négrière  qui a fait 30 millions de morts ainsi toutes ces morts qu’on veut nous faire oublier, en prenant ce que je pense être comme des victimes  expiatoires de toute la déraison humaine qui a fait que l’Afrique est  aujourd’hui embourbée dans la pauvreté. Les priorités de l’Afrique, ce n’est pas dépenser des milliards pour juger un seul homme dans le déclin de sa vie. C’est plutôt d’aller assiéger les dictateurs en exercice, plutôt que de nous amuser et d’amuser la galerie, en parlant de victimes  qui, quelles qu’elles soient  et avec tout le respect que je leur dois, devraient aujourd’hui expérimenter ce qui a été fait en Afrique du sud : le pardon et la réconciliation. C’est ça qui grandit les peuples 

 

Quelle est la part de l’actualité brûlante, c’est-à-dire la traque des biens mal acquis, dans votre livre ? 

 

Je ne me focalise pas sur les biens mal acquis, parce que ce n’est pas nouveau. Je voudrais vous rappeler qu’en 1776, au Sénégal, à la fondation de l’empire théocratique du Fouta, l’almami du Fouta, Thierno Souleymane Baal, avait inscrit comme acte I de sa constitution que « si  vous nommez un imam et que vous le voyez s’enrichir durant  l’exercice de son mandat, destituez-le ». Qu’on ne vienne pas aujourd’hui nous faire croire que ces valeurs sont des valeurs nouvelles chez nous. C’est peut-être qu’entre temps, nous nous sommes oubliés. Et c’est ce que je dis : « Qui sommes-nous ?»

 

Aucun d’entre nous (compagnons de sa génération) n’est satisfait de ce que nos itinéraires ont produit. Chacun de nous traîne une certaine angoisse parce que  nous pensons  que nous aurions pu  plus faire plus  et mieux pour le Sénégal  et pour  l’Afrique.  Je n’accuse personne, je nous interpelle, je m’interpelle  en tant que moi-même, ancien conseiller d’un chef d’Etat. J’ai été ministre de la République, j’ai été ambassadeur de la République, je m’interpelle. Après avoir vécu toutes  ces fonctions de l’intérieur, après en être sorti et donc ayant retrouvé ma liberté d’expression, je dis que j’ai réfléchi : que sommes devenus ? Nous fûmes des membres de And Jef dans sa version clandestine. Nous avons vécu sous Senghor et Abdou Diouf des difficultés que nous tous, nous connaissons. Aujourd’hui que le multipartisme est intégral, aujourd’hui que la plupart des gens de notre génération occupent des fonctions à des niveaux importants, je me demande et je leur demande que sommes-nous devenus ?



10 Commentaires

  1. Auteur

    Liza

    En Avril, 2013 (15:07 PM)
    ki mingui doundou j l croyais mort serieux
  2. Auteur

    Yaguexam

    En Avril, 2013 (15:43 PM)
    a quel moment du temps historique sommes nous ? ... voulais-tu dire- mais enfin, le formatage du nouvel être dont tu parles se réalise dans les ateliers de conservation de la graine à ne surtout pas confondre avec le grenier à mil-



    POULO, cet espace est immatériel, et son processus est continu , tachons d'y inscrire nos enfants et nos petits enfants pour avoir l'espoir d'un futur possible où, décomplexés, cette nouvelle graine avec l'odeur fraiche de la terre retournée proposera un modèle en devenir qui est le notre car il est illusoire de vouloir continuer à tenter d’ouvrir nos propres portes avec les clef des autres!

    mais au fait pourquoi les intellectuels de chez nous, sont-ils incapables de produire quand ils sont confrontés à des positions de pouvoir?????

    a bon entendeur
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    Auteur

    Cato

    En Avril, 2013 (16:12 PM)
    Baba, tu connais la reponse a ta question: vous etes devenus des parasites qui ont prefere jouir du systeme d'exploitation et d'accaparement au moment ou vous deviez defaire les chaines qui entravent son progrès.
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    Auteur

    Xxx

    En Avril, 2013 (17:18 PM)
    Il n'a aucun respect pour nous sénégalais!
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    Auteur

    Mokaf

    En Avril, 2013 (17:29 PM)
    C'est l'homme du fameux oraison funèbre à l'occasion de la cérémonie de deuil des naufragés du bateau le Joola. Et il se permet de revenir nous donner des leçons. Il a raté une belle occasion de s'éclipser.



































    Auteur

    Tomodachi

    En Avril, 2013 (18:21 PM)
    ce Monsieur la ,il est hipocrite. tu poses ce genrs de questions apres combien des annees de compagnonage avec et etre son conseiller pendant longtemps, il s'agit de karim Wade, ton ami intime.

    tu es vendu mon cher
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    Auteur

    Babaoraison

    En Avril, 2013 (19:41 PM)
    L'homme de la funeste oraison. Alors que près -ou plus- de deux mille sénégalais avaient trouvé la mort dans le naufrage du Joola; ce type n'avait eu d'autre idée que de transformer la cérémonie d'hommage qui leur était consacrée en moment de laudation pour...Abdoulaye Wade a qui il avait jeté des fleurs dans un discours si honteux que les gens étaient transis de malaise. C'est lui qui avait aussi cornaqué Karim Wade pour son entrée en politique en 2009, en compagnie de Hassane Bâ.

    Ce mort-vivant a oublié Karim Wade.

    Il nous sert des histoires de je ne sais quel Almamy du 15 ème ou je ne sais quel siècle pour faire sa transhumance. La honte.

    Il ne mérite même pas qu'un couteau lui coupe la gorge. Il faut le jeter aux hyènes !!!! C'est une pourriture.
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    Auteur

    Aly

    En Avril, 2013 (20:06 PM)
    "Il ne mérite même pas qu'un couteau lui coupe la gorge. Il faut le jeter aux hyènes !!!! C'est une pourriture"

    RIRES ET ENCORE RIRES . BABAORAISON A TOUT DIT
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    Auteur

    Sow

    En Avril, 2013 (20:20 PM)
    Baba tu es décevant . Dans ton livre tu parles de divergence avec le président Wade en 2004 en oubliant que tu as travaille avec karim Wade jusqu'en 2008 avant d'être nommé ambassadeur par le président Wade. Tu ferais mieux de te faire oublier. Pour une fois sois digne. Thim
    Auteur

    Modération

    En Avril, 2013 (20:48 PM)
    Cet homme a-t-il tué quelqu’un pour qu’on le juge aussi durement ? Je trouve (certaines) des réactions fort excessives. Quelque erreur qu’il ait pu commettre, il ne mérite certainement pas le poteau...
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