Les migrants qui fuient les nombreux fléaux du continent se retrouvent bien souvent confrontés, une fois la Méditerranée traversée, à une pandémie parfois niée en Afrique.
À l’heure où le coronavirus continue d’inquiéter, faut-il se rêver Africain de cette France aux soins intensifs surnuméraires ou Africain de cette Afrique aux contaminations sporadiques ? Le 16 avril dernier, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) indiquait qu’en France, la mortalité des personnes nées au Maghreb avait connu une hausse de 21 % en 2020 et celle des individus nés dans un autre pays du continent un pic de 36 %, tandis que le nombre de décès, toutes origines confondues, avait lui augmenté de 9 %. La mortalité des patients étrangers originaires d’Europe, d’Amérique ou d’Océanie a enregistré, elle, une croissance « proche de celle observée pour les personnes nées en France ».
LES MIGRANTS ORIGINAIRES DU SUD SONT SOUVENT VICTIMES D’UNE PRÉCARITÉ QUI SUREXPOSE AU VIRUS
Si l’étude « photographique » de l’Insee n’a pas vocation à expliquer ces différences de surmortalité, les acteurs de la société civile y lisent une confirmation de ce qu’ils dénoncent depuis des mois : les migrants originaires du Sud sont souvent victimes d’une précarité qui surexpose au virus. Dès mi-2020, Médecins sans frontières (MSF) indiquait que le taux de positivité au Covid-19 atteignait, en Île-de-France, 50 % dans les centres d’hébergement et 89 % dans les foyers de travailleurs migrants. Des lieux décrits comme « essentiellement peuplés » par des ressortissants africains.
« Corona-obsessionnels »
La valse des pourcentages est-elle de nature à décourager les voyageurs candidats à l’émigration en France ? Si les médias occidentaux sont devenus « corona-obsessionnels », la Méditerranée continue d’engloutir ceux qui fuient bien d’autres fléaux qu’une pandémie parfois niée sur le continent. Quant à la perspective du miracle vaccinal occidental, elle pourrait inquiéter, cette fois, les résidents d’une Afrique victime des disparités Nord-Sud.
En attendant la justice mondiale en matière de vaccin, et l’efficacité des politiques transnationales d’approvisionnement, chaque pays s’est fixé sa propre stratégie. L’Égypte et le Nigeria ambitionnent de trouver leur propre immunité contre le coronavirus. Certains entendent produire localement des vaccins sous brevets étrangers, chinois ou américains. D’autres encore négocient des approvisionnements auprès des fabricants, des dons auprès des partenaires ou des assouplissements de l’accès aux brevets. Le Groupe de travail pour l’acquisition de vaccins en Afrique (Avatt) de l’Union africaine semble patiner ? Eh bien, « quand la barbe de ton voisin brûle, arrose d’eau la tienne ».
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