Avec les domestiques qui quittent la capitale pour passer la Tabaski dans leurs villages, les mères de famille sont confrontées à une double équation. Prises entre le marteau des tâches ménagères et l’enclume des préparatifs des repas de fête, ces dernières ne savent plus où mettre les pieds. Une situation qui oblige certaines à prendre des domestiques journalières qu’elles paient à prix d’or.
Si les préparatifs de la Tabaski restent un véritable casse-tête pour les ménages, plus particulièrement les mères de famille, le jour de la fête n’en demeure pas moins une autre galère. En effet, avec l’absence des domestiques qui la plupart quittent la capitale pour aller passer la fête dans leurs villages respectifs, les mères de famille vivent le calvaire le jour et les lendemains de fête. Une équation contraignante qui nécessite beaucoup d’organisation.
À Fann-Résidence, c’est un silence de mort qui nous accueille le jour de la Tabaski. En cette fin de matinée, seuls des vigiles scotchés à leurs chaises et quelques rares personnes qui vaquent à leurs occupations constituent le décor. À la «Villa Ndiaye», l’odeur de la grillade nous accueille. À l’intérieur de la maison, l’on pouvait voir dans un coin de la villa le sang du mouton qui a été sacrifié, la peau étalée à l’entrée, des hommes qui découpaient la viande et des femmes qui s’activaient autour des marmites.
«Aujourd’hui, on est très débordés. Mes domestiques sont toutes parties faire la fête au village et je me retrouve toute seule avec mes enfants», lance Mme Ndiaye, la maîtresse des lieux, qui partageait de la viande dans des sachets en plastique. Dans son boubou traditionnel, le tablier autour des reins, le front dégoulinant de sueur, elle explique : «Heureusement qu’il y a mon beau-frère qui est venu avec sa famille passer la fête. Et sa femme est là avec une de ses amies. Donc, on s’est organisés pour aller beaucoup plus vite et pour ne pas trop se fatiguer. On a dispatché les tâches. Moi je suis en train de partager la viande pour la distribuer dans les maisons et ce sont les garçons qui vont se charger de cette tâche. Ma belle-sœur, elle, est en train avec sa copine de préparer les repas. Mes deux filles vont les aider et elles vont aussi s’occuper de la vaisselle».
Même situation à la villa Sakho, située à quelques pas de là. Dans la cour, une femme, la quarantaine, la tête bien coiffée fait des va-et-vient. Sarata, c’est son nom, indique : «la bonne est partie depuis 3 jours dans son village pour la Tabaski. Et depuis, on se débrouille à la maison. Heureusement, j’ai deux jeunes filles qui donnent un coup de main et il y a aussi une voisine chrétienne qui est venue nous aider».
«Aujourd’hui, pour ne pas être trop débordées, on s’est levées à 6 heures du matin pour faire les tâches ménagères. C’est cette stratégie que l’on adopte depuis maintenant des années», explique Sarata qui ajoute : «Vous voyez, on a fini les travaux domestiques et l’on est en train de préparer le repas. On s’est déjà organisées et chacune d’entre nous sait ce qu’elle doit faire, après le repas. L’une va faire la vaisselle, l’autre va nettoyer et s’occuper des invités et les autres vont gérer le repas».
Les bonnes affaires des domestiques journalières
Mais si certaines familles, malgré l’absence de leurs domestiques, parviennent tant bien que mal à s’en sortir avec l’aide des voisins et des amies, d’autres sont par contre obligées de prendre une bonne, le temps de la fête. Mais ses «bonnes d’un jour» ont des exigences financières que seuls les plus aisés peuvent supporter. Elles factures en effet au prix fort cette journée de travail. Salimata, une mère de famille qui habite Sicap Fann, avoue avoir été contrainte de recourir aux services l’une d’entre elles. Trouvée à l’intérieur de sa maison en train de donner des directives à son employée d’un jour, Salimata, assise sur une chaise devant son grillage rempli de viande, explique n’avoir pas d’autre choix. «Je suis débordée, ma bonne est partie et je n’ai personne pour m’aider. Parce que je n’ai pas de fille. J’étais donc obligée, comme chaque année d’ailleurs, de prendre une bonne pour qu’elle m’aide le jour de la Tabaski», dit-elle.
Seulement, elle avoue que c’est au prix fort qu’elle paie son «assistance du jour». «La fille qui est là aujourd’hui je lui paye 7500 F Cfa la journée. Elle m’avait demandé au début 10 000 F Cfa, mais après marchandage, on s’est accordées sur 7500 F Cfa. Mais elle fera toutes les tâches ménagères avant que je lui donne son argent. Ma bonne doit revenir la semaine prochaine, en attendant, je suis obligée de me débrouiller seule».
Awa Diouf, autre mère de famille vivant à la Sicap Fann, indique qu’elle a été lâchée par sa bonne à la dernière minute. «On était d’accord qu’elle allait venir travailler aujourd’hui, jour de la Tabaski, pour m’aider dans les préparatifs. Et demain (Ndlr : jeudi), elle devait se reposer puisqu’elle ne part pas au village pour la fête. Mais aujourd’hui (mercredi), à ma grande surprise, je ne l’ai pas vue», se désole-t-elle avant d’indiquer, en jetant un œil à sa montre : «il est actuellement 12 heures et elle n’est toujours pas là. Heureusement, mon mari a appelé l’une des femmes de ménage de son service qui a accepté de venir nous donner un coup de main moyennant une somme de 10 000 F Cfa. C’est elle qui est là et qui nous assiste».
7 Commentaires
Stupeflippe
En Novembre, 2010 (15:57 PM)tu as ta place a l'academie francaise
Nubianne
En Novembre, 2010 (16:10 PM)Reply_author
En Avril, 2021 (10:58 AM)Femme
En Novembre, 2010 (16:11 PM)Le Juge
En Novembre, 2010 (16:11 PM)S
En Novembre, 2010 (16:15 PM)Maimouna11
En Novembre, 2010 (17:42 PM)Timorlon
En Novembre, 2010 (20:36 PM)Participer à la Discussion