3000 milliards de francs Cfa! C’est le montant global de la commande publique au Sénégal, de janvier 2008 à septembre 2014. Sept années de passation de marchés, avec un endettement de 3738,1 milliards en fin 2014. Les ressources dépensées ces dernières années, n’ont, cependant, ni catalysé la croissance, ni endigué ou freiné le chômage et la pauvreté. La commande publique, qui reste pourtant, pour d’éminents économistes comme Keynes, un outil important pour stimuler la croissance, générer des emplois et réduire la pauvreté, semble être un levier cassé au Sénégal.
L’argent du contribuable mal dépensé
Aujourd’hui, ces milliers de milliards du contribuable sénégalais sont dépensés sans que ce dernier ne l’ait ressenti grandement dans la création d’emplois et la réduction efficace de la pauvreté qui frappe environ un Sénégalais sur deux. «Cette persistance de la pauvreté résulte, d’une part, d’une faiblesse de la croissance économique et, d’autre part, d’un déséquilibre dans la distribution de la richesse nationale», avait avoué l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, en septembre 2012.
Pour la croissance, le taux n’a dépassé les 4% qu’une seule fois en 7 ans, alors que la commande publique n’a pas cessé de croître. De 3,7% en 2008, le taux de croissance a chuté à 2,4% en 2009. Pendant ce temps, 204,6 milliards de Cfa de marchés publics ont été passés. Puis, le taux remontera à 4,3% en 2010 au moment où la commande publique était de 276 milliards de Cfa. En 2011, malgré une explosion de la commande publique, avec 661,4 milliards de Cfa, la croissance a lourdement chuté à 2,1%. Celle-ci se relèvera fébrilement pour se placer à 3,5% en 2012 au moment où l’Etat a dépensé 478,5 milliards de Cfa. En 2013, le taux de croissance grimpe à 4%. Mais au lieu de stabiliser ses dépenses, l’Etat les augmente jusqu’à hauteur de 658,2 milliards de francs Cfa.
S’endetter et dépenser sans créer d’emplois
Les 3000 milliards de la commande publique et l’endettement publique n’ont aucunement freiné l’envol du chômage. De 10,2% en 2005, le taux de chômage a explosé à 25,7% au Sénégal. Il a plus que doublé, selon les chiffres du recensement général de la population, de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage de 2013. Pour les jeunes âgés de 20 à 24 ans, le taux de chômage est de 30,5% là où il culmine dans certaines régions, comme Matam, à 54,2%. Aujourd’hui, la question est de savoir si le régime de Macky Sall pourra éviter de faire la même chose avec les 9685,6 milliards du plan d’actions prioritaires du Pse, créer massivement des emplois et atteindre une croissance de 7% en 5 ans comme il l’a promis.
Mounirou Ndiaye : «La majeure partie des investissements publics est perçue par des entreprises étrangères»
Le Dr El Hadj Mounirou Ndiaye, économiste enseignant-chercheur à l’université de Thiès, pense qu’à ce rythme, le régime de Macky n’arrivera à rien. «Dans la logique keynésienne, les dépenses publiques n’ont d’effets multiplicateurs significatifs sur le Pib et l’emploi que si elles sont perçues par des entreprises nationales. Malheureusement la majeure partie de nos investissements publics est perçue par des entreprises étrangères, ou servent à des importations de mobiliers et d’appareils ou autres machines», analyse-t-il. Pour que l’impact de la commande publique soit significatif sur l’emploi, la croissance et la pauvreté, Macky Sall doit en faire davantage bénéficier aux entreprises locales, pense l’économiste. «Si l’Etat fait l’effort d’en réserver une bonne partie aux entreprises nationales, les effets sont plus perceptibles puisque celles-ci emploient des Sénégalais et distribuent des revenus à des Sénégalais et cela va relancer la machine de la consommation», dit-il.
Moubarack Lô : « Il y a trop de gaspillages, des surfacturation et de la corruption»
Moubarack Lô, lui, aussi pense que l’Etat n’est pas engagé dans la bonne direction. «L'ampleur des investissements ne se traduit pas dans la croissance», dit-il, car le levier de la commande publique n’est pas efficacement utilisé par l'Etat au Sénégal. L’économiste est d’avis que «la commande publique est un instrument précieux de soutien de l'activité économique», à condition que l'Etat sache bien l'utiliser. L’ancien directeur de cabinet adjoint du chef de l’Etat, Macky Sall, souligne que le problème au Sénégal c’est «le mauvais choix des investissements, les gaspillages et parfois les surfacturations et la mauvaise qualité des produits délivrés, beaucoup d'entreprises n'étant pas qualifiées et remportent quand même des marchés (corruption)». Dans son analyse, Moubarack Lô a aussi souligné que plusieurs axes majeurs qui auraient dû être mis en œuvre ne l’ont pas été. Il pense que l’Etat aurait dû faire bénéficier de la commande publique, autant que faire se peut, aux entrepreneurs locaux, fixer des règles en termes de contenu national minimal des produits et services offerts par les entreprises sélectionnées, afin de générer des effets multiplicateurs élevés.
12 Commentaires
Teus
En Janvier, 2015 (19:33 PM)vive baye niasse
Idy Moko Yorr
En Janvier, 2015 (19:34 PM)Beru72
En Janvier, 2015 (19:57 PM)Mbeur-doff
En Janvier, 2015 (20:01 PM)Slt
En Janvier, 2015 (20:11 PM)Weissmann
En Janvier, 2015 (20:28 PM)Fafa
En Janvier, 2015 (20:43 PM)Nagn dem beuyi toll y liguey amna
Fans
En Janvier, 2015 (20:44 PM)Economiste.
En Janvier, 2015 (22:09 PM)Yhf
En Janvier, 2015 (22:21 PM)Oussod
En Janvier, 2015 (02:01 AM)l'emploi viendra vous trouver
Causes7845
En Janvier, 2015 (22:59 PM)Participer à la Discussion