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Fabrication et vente de cercueils : comment la mort nourrit les vivants (Reportage)

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Fabrication et vente de cercueils : comment la mort nourrit les vivants (Reportage)
Du fabriquant et vendeur de cercueils à l’entretien, la conservation, l’accessoire funéraire en passant par les boutiques de couronnes et d’habits pour mort, l’industrie mortuaire passe pour une activité macabre prospère qui nourrit les vivants.

Yopougon, la plus grande commune ivoirienne, à l'ouest d'Abidjan, la capitale économique dans le sous-quartier Port-Bouët II à quelques encablures du Centre hospitalier universitaire (CHU), se dressent, des ateliers de fabrication et vente de cercueils, des corbillards et autres accessoires mortuaires. 


John Lawson, la cinquantaine révolue, de nationalité ghanéenne, en pleine discussion avec une dame venue le solliciter pour l'achat d'un cercueil pour son défunt parent. Les deux s'accordent sur le prix du cercueil choisi par la cliente. 200.000 FCFA, c'est le prix.


‘' Cela fait vingt ans que je suis installé ici pour confectionner les cercueils ‘', raconte M. Lawson qui a appris ‘'le métier'' aux côtés d'un de ses compatriotes, pendant quatre ans, avant de voler de ses ‘'propres ailes''. A une certaine époque, le métier de fabriquant de cercueils était ‘'l'affaire'' des ressortissants de la sous-région, notamment du Ghana, Togo et du Bénin.


‘'Nos frères ivoiriens ayant compris qu'il n'y a pas de sots métiers, ont, depuis peu, investi le secteur où ils s'en tirent à bon compte'', souligne-t-il. A quelques mètres de l'atelier de John Lawson, l'Ivoirien Roger Zéadé, originaire de Bangolo (ouest) tient le sien.


‘'C'est vrai, au début on avait la phobie du mort donc tout ce qui était lié à cette industrie, somme toute juteuse, nous repoussait. Mais après un apprentissage de trois ans auprès d'un Togolais, je me suis installé à mon propre compte depuis 1999'', indique M. Zéadé, au milieu de cercueils exposés, dans l'attente d'éventuels clients.


Loin des préjugés et de tout complexe, Roger Zéadé exerce son métier comme la plupart de ses ‘'collègues'' avec beaucoup de conviction surtout que ‘'ça rapporte gros'', soutient-t-il entre deux éclats de rires.'' Ici, les prix des cercueils varient entre 20.000 et 400.000FCFA. Mais il y a des grandes personnalités qui commandent des cercueils d'un million de FCFA'', indique-t-il.


Cependant, nuance John Lawson, il n'y a pas de prix standard. ‘'C'est en fonction de la commande des clients car il y a des gens qui commandent des cercueils liés à la fonction du défunt''. Ainsi, apercevons-nous des cercueils en forme de ‘'poisson'' pour les pêcheurs, en ‘'avion'', pour le pilote ou en ‘'livre'' pour les écrivains…


‘'Quand c'est une commande de ce genre, le prix de la prestation augmente atteignant parfois 1 à 1.500.000FCFA'', précise-t-il.


A côté des fabriquants de cercueils, la vente de couronnes et habits mortuaires ne demeure pas moins une activité, hautement, lucrative. Mme Delphine Agnissan, commerçante d'habits et parures pour mort, dans le même périmètre, ne dit pas le contraire.


‘'Nous vendons beaucoup plus d'habits à la fin du mois qui est, généralement, propices pour les levées de corps. Depuis 16 ans que j'exerce ce métier après la mise au chômage de mon mari, c'est cette activité qui nourrit la famille forte de douze membres'', confie dame Agnissan qui révèle ‘'un gain mensuel de l'ordre de 200 à 300.000FCFA''.


Yves Yao, lui, est décorateur d'autel mortuaire. Ce jeune homme qui a arrêté les études en classe de 1ère D, après l'échec au baccalauréat probatoire en 1984, a embrassé ce ‘'métier en 1994 après des cours de beaux arts à l'Institut national des arts d'Abidjan'' et ne semble pas ‘'maudire'' son choix.


‘' Après deux décennies dans ce métier, je bénis le Seigneur pour les grâces qu'il me couvre dans cette profession qui me permettent à subvenir aux besoins de la famille'', reconnaît M. Yao qui affirme avoir sa ‘'clientèle dans le jet society''. 


Ce qui lui procure des gains substantiels allant de 300 à 600.000FCFA par mois quand ‘'ça marche fort'', sinon, ‘'quand le terrain est sec, je me retrouve avec 250, voire 300.000 FCFA. Ce qui n'est pas rien, après déduction des charges'', soutient-il. Autant dire que la mort fait vivre les vivants.


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