Durant les années 1980-90, Ndiaffate était sous les feux des projecteurs. Grâce à l’une de ses filles qui s’était mariée au puissant ministre d’Etat du Président Abdou Diouf, le défunt Jean Collin, ce village situé à moins d’une vingtaine de kilomètres de Kaolack, ne manquait de rien. Le défunt couple Collin y organisait des grandes cérémonies les 15 août, distribuait des vivres de soudures, des habits, des chaussures, entre autres. Avec la disparition de Jean et de Marianne Collin, Ndiaffate a été sevré de tous ces privilèges. Aujourd’hui, la nouvelle commune se bat contre l’oubli général.
Ils ont laissé un grand vide derrière eux. Jean et Marianne Collin resteront toujours gravés dans les mémoires des populations de Ndiaffate. Grâce à ce défunt couple, ce village proche de Kaolack, a jadis, été sous les feux des projecteurs. En effet, un lien fort unissait le tout-puissant ministre d’Etat de Diouf, à son épouse. D’après certains témoins de l’époque, Marianne Turpin Collin avait une certaine influence sur son époux. Au summum de sa puissance, elle a même pu rivaliser avec Elizabeth Diouf, Première dame du Sénégal à cette époque.
Beaucoup de nominations à des postes-clefs de l’Etat, ont pu être faites grâce à son influence et son intervention. Le poids qu’elle exerçait sur les décisions de l’Etat était tel qu’elle fut très redoutée, aussi bien par les politiques que les hauts fonctionnaires. Et son attraction a pu faire en sorte que son village d’origine, non seulement ne manquait de rien, mais surtout en plus, était un centre d’attraction de tout ce qui comptait comme personnages d’influence dans la République. «Grâce à Mme et M. Collin, Ndiaffate a été électrifié et branché sur le réseau d’eau courante. Les populations de Ndiaffate étaient aussi respectées, du fait de l’influence du couple Collin. Aucun dossier de fils de Ndiaffate ne pouvait traîner en justice. Tous les fils et filles de la localité bénéficiaient de ces privilège», témoigne Ngor Sour. Qui ajoute avec nostalgie : «Ces deux personnages avaient fait la promotion de cette localité. Avec leur disparition, la célébrité et l’aura du village ont aussi baissé. L’image de Ndiaffate s’est effritée». Le chef du village de Ndiaffate Sérère soupire : «Nous regrettons leur disparition».
Pendant les périodes de soudure, Mme Collin, soutenue par son époux, faisait venir d’importantes quantités de vivres, de chaussures, des habits, entres autres aides, au village. Un des proches de Mme Collin raconte : «Tout ce qui est réalisé ici, c’est grâce à la volonté de Marianne, qui aimait tant ce village. Mais puisque c’était Jean Collin, l’homme, toutes les réalisations lui ont été attribuées. Mme Collin a toujours valorisé le village qui l’a vue naître et grandir. Elle a amené beaucoup de ses amies d’enfance à la Mecque pour les musulmans et à Rome pour les chrétiens. Elle a permis à certains d’avoir des biens et une certaine autorité. Elle confiait des troupeaux à certains. Elle a toujours voulu que le village ne manque de rien. Alors qu’elle-même vivait à Dakar». Mme Collin était une intellectuelle très attachée à ses valeurs sérères.
Les 15 août au Sans Souci de Ndiaffate
Tous les 1er janvier, le couple organisait une grande fête à Dakar. Une fête à laquelle, tous ses amis, du monde politique et du secteur des affaires étaient conviés. Les gens du village n’avaient pas l’occasion de participer à cette grande fête. A force de réflexion et de préparation, les Collin ont décidé d’organiser une fête les 15 août, à Ndiaffate, pour partager avec les villageois. Une fête pendant laquelle on mettait les petits plats dans les grands. «La fête commençait le 13 et allait jusqu’au 16 août. Au début ils dressaient des bâches. Par la suite, ils ont construit cette villa, dénommée Domaine Sans Souci. Trois ou quatre jours d’avance, les femmes du village venaient nettoyer la cour de la villa et les alentours. Une quarantaine de femmes qui travaillaient en chantant et dansant.
Pendant quatre jours, c’était la bamboula. On mangeait, buvait et dansait sans limite ni restriction. L’alcool coulait à flot. Et il y avait toutes sortes de boissons alcoolisées : Gin, whisky, bière… Rien ne manquait. Les invités se servaient à volonté. C’était du self service. Il y avait les Yandé Codou, le tambour major Oumar Thiam et tous les autres grands artistes du Sine et du Saloum. C’était des quinze août pluvieux, mais cela ne gâchait en rien la fête», rapporte Jacky Ndaw.
Comme Frédéric II de Prusse et son ami Voltaire, les Collin ont pu reproduire leurs luxes de Prusse, à la dimension du Sénégal…
Retrouvailles
A cette époque, Yandé Codou, la défunte diva Sérère et Omar Thiam étaient très cotés. Ainsi, poursuit le beau-fils de l’ancien ministre de l’Intérieur du régime socialiste, «tout Ndiaffate et les villages environnants prenaient part à cette fête. On se retrouvait à plus de 300 personnes dans cette villa. Tous les amis et alliés du couple Collin de Dakar ne rataient pas ce rendez-vous. Il y avait des musulmans, des chrétiens et autres. C’était vraiment une grande retrouvaille.
Pendant ces quinze août, presque tous les membres du gouvernement de Diouf, peut-être à l’exception de très peu d’entre eux, se rendaient à Ndiaffate. Hommes politiques ou hommes d’affaires, diplomates, entres autres, personne ne voulait se le faire raconter et beaucoup y contribuaient financièrement». Les témoins de citer l’exemple du défunt Pierre Babacar Kama, ancien Directeur général des Industries chimiques du Sénégal (Ics), un cousin de Mme Collin, qui amenait lors de ses déplacements annuels, environ deux bœufs, vingt sacs de riz et deux ou trois millions de francs Cfa pour soutenir les organisateurs. Et tant d’autres autorités, parfois même moins célèbres, faisaient de même.
Fin du lustre
Mais, après le retrait des affaires de Jean Colin en 1990, les choses ont commencé à s’émousser. Après son limogeage brutal, l’ancien homme fort du régime de Diouf avait quitté l’appareil de l’Etat pour aller se détendre en France, son pays d’origine. Et de 1990 à 1993, Mme Collin a continué à faire la navette entre Paris, Dakar et Ndiaffate où elle a tenu à faire inhumer son défunt mari.
Avec ce retrait des Collin des affaires, la descente aux enfers a commencé, et Ndiaffate a commencé à se retrouver logé à la même enseigne que les autres villages du Sine Saloum. Même si l’eau continue à y couler dans les robinets, aussi bien publics que privés, si l’électricité a éclairé les maisons et certaines ruelles, les autres avantages ont cessé. Le magasin dans lequel les vivres de soudure étaient stockés est devenu un lieu de stockage de matériel agricole, de réserve de semence et paille d’arachide pour Jacky Ndaw. Les fêtes majestueuses des 15 août sont rangées dans le placard aux vieux souvenirs. «On n’est pas capable d’organiser ce genre de fêtes de quinze août. Même si on voulait les perpétuer, ce ne serait pas pareil. Les contextes ne sont pas les mêmes, les temps diffèrent également», avoue M. Ndaw.
Ndiaffate a aussi perdu beaucoup de ses richesses. Une bonne partie des champs ne sont plus cultivables à cause de l’avancée de la mer. Certaines valeurs ont également disparu. «L’obéissance qui existait entre les générations n’existe plus. Chaque génération avait son arbre à palabre. Les vieux d’un côté, les jeunes d’un autre côté et les petits de l’autre», regrette le chef Antoine Ngor Sour.
Cependant, souligne le chef du village de Ndiaffate Sérère, sur le plan des infrastructures, il y a une avancée. «Jadis, la presque totalité des maisons étaient constituée de chaume. Maintenant, il y a des bâtiments en dur. Il n’y avait pas de clôture. Maintenant, toutes les maisons sont clôturées. Sur le plan de l’éducation, les enfants parcouraient des kilomètres pour aller à l’école. Seul Ndiaffate Escale avait une école élémentaire. Aujourd’hui, Ndiaffate Socé ainsi que Ndiaffate Sérère ont une école. Le Cem de Ndiaffate Escale est transformé en lycée et j’en suis le surveillant général», se félicite M. Sour.
Là où le bât blesse, c’est du côté de l’agriculture. La population augmente et les terres se réduisent.
Tout Ndiaffate est ainsi, nostalgique de ce beau vieux temps. Les populations se demandent déjà par quel moyen combler vaille que vaille, ce grand vide laissé par le défunt couple qui a porté avec lui, leur village au sommet de la renommée au Sénégal et à l’étranger.
Ndiaffate Sérère la doyenne
Jadis communauté rurale, Ndiaffate est devenu, grâce à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi relative à l’Acte 3 de la décentralisation, une commune. Elle est composée de 75 villages, avec une population de 31 875 âmes au dernier recensement. Il y a trois Ndiaffate.
Ndiaffate Sérère est le village le plus ancien, selon Ngor Sour, l’actuel chef du village. Cette bourgade a été créée par la famille Sour, notamment par Ngol Sour, un Thioubalo (toucouleur évoluant dans la pêche). «Ngol se nommait Sarr. Mais, lorsque le roi convoquait les populations en réunion, les Thioubalos ne répondaient pas à l’appel du roi. A cause de ces absences, le roi se fâcha et dit ‘’laissez ces gens là, ils sont orgueilleux’’, (sour en wolof)», enseigne le surveillant du Cem de Ndiaffate, un des descendants de Ngol.
Le deuxième, c’est Ndiaffate escale situé sur la route nationale. C’était le lieu de prédilection des activités commerciales. La majeure partie des habitants de ce quartier vient de Ndiaffate Sérère.
Le troisième Ndiaffate s’appelle Ndiaffate Socé. C’est là où habitent les Socés. Ce quartier faisait partie des champs des habitants de Ndiaffate Sérère. Ces terres ont été cédées aux Socés.
21 Commentaires
Je Veux Savoir !
En Septembre, 2014 (17:07 PM)Jean collin était -il juif ?
merci !
Diolabi
En Septembre, 2014 (17:08 PM)Afrique 1
En Septembre, 2014 (17:08 PM)From Zion
En Septembre, 2014 (17:24 PM)Articl
En Septembre, 2014 (17:28 PM)@ Je Veux Savoir !
En Septembre, 2014 (17:33 PM)Sache que,c'est GRACE A UN JUIF "YAHOUD" ABRAHAM: qui tu fête aujourd'hui la TABASKI.....
NB: De même que MOISE ou Moussa est JUIF lui aussi..... alors,je vois pas la raison du FANATISME.....
Nom De Dieu !
En Septembre, 2014 (17:33 PM)"ouzou bilakhi minal chaitanei radjime"
Afrique 1
En Septembre, 2014 (18:26 PM)N
En Septembre, 2014 (18:35 PM)Manii
En Septembre, 2014 (19:35 PM)Dommage pour nous, depuis le début de la maladie, on dirait qu'elle ne s'est pas intéressée à l'origine de la maladie. Si elle l'avait fait , elle saurait que chauve souris = NDIOUGOUP
Goor
En Septembre, 2014 (20:09 PM)Lincon
En Septembre, 2014 (20:12 PM)Titen
En Septembre, 2014 (22:10 PM)Beug Sa Reew
En Septembre, 2014 (23:10 PM)B-t
En Septembre, 2014 (23:59 PM)Pawtucket
En Septembre, 2014 (00:01 AM)Collin
En Septembre, 2014 (08:34 AM)Cillin
En Septembre, 2014 (08:35 AM)Un Pro
En Septembre, 2014 (09:38 AM)Regard
En Septembre, 2014 (11:35 AM)Mbiro
En Septembre, 2014 (13:54 PM)Participer à la Discussion