En Angleterre, Buckingham Palace a ses «Welsh Guard» à la tunique rouge, coiffés d’un bonnet noir en poil d’ours. Au Sénégal, le palais de la République a, lui aussi, ses mythiques gardes rouges. Depuis l’indépendance, ils n’ont cessé de susciter la fascination. Imperturbables gardiens du temple, toujours debout, ils impressionnent par la rectitude de leur posture. Ils ne sourient pas. On ne les voit presque pas au repos. Et leur prise de parole est rare. Mais, ils ont une histoire. Une histoire guerrière, que le lieutenant-colonel Mendicou Guèye, conservateur au musée des forces armées de Dakar, enseigne à ses visiteurs.
Les razzias des Maures et le ‘‘Talaatay nder’’
«Au nord du Sénégal, dans le Walo, les Maures Trarza traversaient le fleuve pour venir faire des razzias dans nos champs et nos villages. Ils capturaient des enfants pour en faire des esclaves», renseigne le lieutenant-colonel, lors d’une visite de Seneweb à son musée. Des razzias, qui avaient même provoqué le fameux «Talaatay Nder». De quoi s'agit-il ? L’homme de tenue raconte que les Maures, qui avaient débarqué dans la localité de Nder, n’avaient pas trouvé d’hommes sur les lieux. Tous étaient occupés par les travaux champêtres. Seules les femmes et leurs enfants attendaient au foyer. L’envahisseur voulut les capturer pour faire d’eux des esclaves. Mais, les dames ont préféré l’immolation au déshonneur, raconte l’histoire. C'est après cette histoire que naitra la garde rouge sénégalaise.
En effet, le colonisateur français, voulant mettre un terme aux agressions dans la partie nord de sa colonie, fit venir des cavaliers spahis d’Algérie. Ces spahis avaient assis le pouvoir des Beys d’Alger. Mais, quand les Beys capitulèrent en 1830, la France intégra ces guerriers spahis dans leurs bataillons d’éclaireurs qui sillonnent le Sahara. Ainsi, pour mettre un terme aux agressions des Maures Trarzas, la métropole détacha un escadron spécial, composé de spahis, à Saint-Louis du Sénégal vers 1845.
Le spahi, l’ancêtre du garde rouge
«Les français ont vu que les Maures Trarza étaient de bons cavaliers. Donc, ils ont décidé d’amener d’Algérie de bons cavaliers. C’est pourquoi, vous voyez cet aspect typiquement oriental dans l’uniforme des gardes rouges. Donc c’était pour combattre ces Maures Trarza que les français avaient amené d’aussi bons cavaliers pour mieux les contenir», enseigna le conservateur. Avant l’indépendance, le corps s’appela “Garde coloniale’’. Mais, à partir de 1960, il reçut officiellement l’appellation de “Garde présidentielle’’. Elle est devenue une formation spécialisée de la Gendarmerie nationale du Sénégal qui assure, entre autres missions, la sécurité et le service d’honneur du chef de l’État. Mais, plus que l’appellation officielle, «garde rouge» sera le nom que les populations s’approprieront et perpétueront de génération à génération.
Youssouf SANE
7 Commentaires
Auchan
En Novembre, 2016 (19:40 PM)Yeet
En Novembre, 2016 (20:14 PM)Anonyme
En Novembre, 2016 (20:20 PM)Anonyme
En Novembre, 2016 (07:51 AM)Paa Birahim
En Novembre, 2016 (13:40 PM)Tout comme" les spahis, les tirailleurs sénégalais sont d'origine algérienne. Les tirailleurs algériens ont participé à plusieurs batailles au Sénégal : au Saloum en 1861, à Sandinièty en Casamance.:
Mahamba
En Novembre, 2016 (18:31 PM).RIP
Chercheur En Histoire.
En Novembre, 2016 (12:34 PM)Participer à la Discussion