Le "fameux secret bancaire suisse" ne favorise pas la criminalité financière (diplomate)

Le "fameux secret bancaire suisse" n’empêche pas les banques de la fédération helvétique de lutter contre la criminalité financière, tant elles ont compris que le combat contre ce phénomène est une dimension de la compétitivité, a dit, vendredi à Dakar, l’ambassadeur Muriel Berset Kohen.

Le ‘’fameux secret bancaire suisse, ces fameux comptes anonymes dont on parle, ça n’existe pas en Suisse. Les banques suisses ont une obligation de dénonciation quand elles ont des soupçons’’ d’actes illégaux, a affirmé Mme Kohen, lors d’une conférence de présence.Elle rencontrait des journalistes sénégalais, en prélude à un séminaire de trois jours organisé à Dakar, à partir de lundi, par la Suisse, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).Dans la fédération helvétique, ‘’s’il y a un soupçon sur votre compte, le secret bancaire est levé. Toutes les banques ont compris que pour être compétitif, il faut d’abord être crédible’’, a fait valoir la diplomate. Selon elle, ’’plus de 1.000 déclarations de soupçons’’ ont été transmises à l’autorité chargée de la lutte contre la criminalité financière, en 2010.En 2008 et 2009, l’Allemagne et les Etats-Unis ont brandi des procédures pénales à l’endroit de Genève, accusée notamment d’abriter des ‘’paradis fiscaux non coopératifs en matière fiscale’’.

‘’La Suisse est l’un des pays les plus actifs dans la lutte contre la criminalité financière. […] De nos jours, une place financière comme la Suisse n’a absolument aucun intérêt à être accueillante à l’égard de fonds mal acquis ou de financements illégaux’’, a dit Muriel Berset Kohen.‘’Il faut savoir que la Suisse a restitué 1,7 milliard de dollars au cours de ces 15 dernières années, plus que n’en ont fait les autres places financières. Alors que nous sommes la septième place financière mondiale’’, a-t-elle soutenu.‘’Or, il y a eu cinq milliards de dollars rendus [dans le monde]. Sur ces cinq milliards, la Suisse a rendu 1,7 milliard. C’est pour vous dire que nous avons été beaucoup plus actifs que les autres places financières dans la restitution des biens des personnes politiquement exposées’’, a-t-elle indiqué.Dans le jargon bancaire suisse, les ‘’personnes politiquement exposées’’ désignent surtout les chefs d’Etat et autres puissants détenant des comptes alimentés d’argent illicite.

La Suisse a restitué une partie des comptes bancaires de cette nature à leur pays d’origine, a rappelé l’ambassadeur, citant les cas du commandant Marcos des Philippines en 2003 et de l’ancien président du Nigeria Sani Abasha en 2005.‘’On a aussi une loi sur la restitution des avoirs illicites. C’est récent, ça date de février 2011. La Suisse a été aussi le tout premier pays à geler les avoirs des dirigeants tunisiens, avant l’Union européenne. Elle a été le tout premier à geler les avoirs du clan Moubarak (Egypte) et des Ben Ali (Tunisie). Nous avons aussi gelé des avoirs syriens et libyens’’, a encore dit Mme Kohen.