Lendemain de Magal: Activités au ralenti aux marchés Castor, Hlm et Sandaga

Comme à chaque Magal, Dakar se vide de ses habitants au profit de Touba. Du coup, l’activité économique s’en retrouve ralentie. Un tour dans certains marchés de Dakar a permis de faire le constat
Mercredi 02 décembre 2015. Une voile de poussière enveloppe Dakar au lendemain du Magal de Touba. La fraîcheur matinale de ces derniers jours a cédé la place à une chaleur moite.
Sur la route du Front de terre, souvent embouteillée, la circulation est fluide dans les deux sens. Au marché aux légumes de Castor, l’ambiance est morne. L’intense activité marchande qui y prévaut d’habitude, souffre assurément de la célébration du 18 Safar. Sur l’allée occupée par les vendeuses de poissons, c’est à peine si l’on se bouscule. La plupart des magasins qui la jalonnent ont rideaux baissés. Ce jour, pas besoin de jouer des coudes et des bras pour se frayer un chemin. La circulation piétonne est aérée, au grand dam des commerçantes et de certaines clientes.
« A chaque Magal, tout est au ralenti. La plupart des commerces restent fermés pendant des jours et les clients se font désirer », déclare Mariama Sadio. Elle quitte tous les jours Yeumbeul, la lointaine banlieue pour écouler son poisson au marché Castor. Sur son étal, une pile de poissons de toutes tailles attendent preneur. Ses efforts pour attirer la maigre clientèle sont vains.
A l’intérieur du bâtiment central, l’allée menant au secteur de la charcuterie est vide. Les rangées de tables de viande font face aux boutiques de condiments. Amadou Diao se tourne les pouces. Depuis le matin, il n’a vu qu’une seule cliente. Il est d’autant plus plongé dans la solitude que ses voisins de commerce ont tous fermé boutique et pris le chemin de Touba.
« Il en sera ainsi jusqu’à la semaine prochaine. Mes voisins sont de fervents mourides et ont l’habitude de prendre plusieurs jours de repos avant de reprendre leurs activités », confie-t-il. Dans le secteur réservé aux tailleurs, presque tous les magasins sont fermés. Seul le crépitement d’une machine à coudre rompt le silence qui y règne. Le bruit vient de l’atelier de Modou Guèye, la quarantaine. Ce mouride n’a pas traîné à Touba. Dès l’après-midi du Magal, il a pris le chemin du retour car du travail l’attendait à Dakar.
« Malgré la fatigue, j’ai tenu à reprendre le boulot car j’ai des commandes à livrer. Même sans cela, j’ai l’habitude de reprendre le travail au plus vite. Le travail est sacré pour moi comme l’est le fait d’aller à Touba chaque année », dit-il calmement.
Le marché Hlm 5. Autre endroit, même constat. Ici, sur l’avenue Cheikh Ahmadou Bamba et sur les deux voies qui traversent le marché et mènent vers la corniche, l’opération de déguerpissement entrepris la semaine dernière par la municipalité a changé le visage de cet endroit. Les trottoirs, débarrassés des marchands tabliers, respirent à nouveau. Avec le Magal, la circulation piétonne et automobile a retrouvé sa fluidité. La plupart des petites échoppes installées le long du terre-plein qui sépare les deux voies sont restées fermées. « Ils sont des Baol-Baol donc des Mourides », explique Cheikh Dieng. Le vendeur de chaussures de femmes déclare que le marché a commencé à se vider de ses commerçants depuis samedi.
« Il faut attendre lundi pour que le marché retrouve son ambiance habituelle », ajoute-il. Toutefois, dans le bâtiment central, la plupart des boutiques situées dans le secteur dédié à la vente de tissu sont ouvertes. Leurs tenanciers sont des Halpulaars, une ethnie dont l’écrasante majorité n’est pas Mouride. Derrière ce compartiment, aucune boutique n’a ouvert ses portes. C’est le même constat dans le secteur réservé à la vente de bijoux. « C’était encore pire avant-hier mardi », confie Alassane Sylla derrière son comptoir. « Les activités ne reprendront leur cours normal que la semaine prochaine parce que la plupart des commerçants mourides profite du Magal pour prendre un bon repos en famille », ajoute ce talibé mouride.

Au centre-ville, notamment sur la très passante et grouillante avenue Lamine Guèye pour un jour ouvrable, l’ambiance qui prévalait, hier, est frappante. Pas de bouchons, pas de klaxons de voitures, pas de marchands à la sauvette qui encombrent les trottoirs et indisposent les passants. Bref, le centre d’affaires que constituent Sandaga et alentours offre une petite ambiance. A part quelques magasins tenus par des commerçants d’origine libanaise et des boutiques de matériels électroniques, et sur l’avenue Ponty, la quasi totalité des commerces est fermée. Le constat est le même sur les rues adjacentes.
L’image quasi désertique du rond-point Sandaga, d’habitude si vivante, rend bien compte de cette situation. Le Magal de Touba ralentit considérablement l’activité économique à Dakar.

Elhadji Ibrahima THIAM