Faire de l’objectif Education pour tous une réalité au Sénégal en s’inscrivant dans un mouvement d’ensemble, ne laissant en souffrance aucune composante du système éducatif sénégalais, voilà ce qui vise le curriculum pour les écoles coraniques présenté hier par le Parrer.
L’école coranique a son curriculum et il a été présenté hier à Dakar par le Partenariat pour le retrait et la réinsertion des enfants de la rue (Parrer) en présence des autorités de l’Education nationale et des acteurs concernés. Ce document, élaboré grâce au financement de Japon, par le biais de la Banque mondiale, est le fruit d’un protocole d’accord signé le 27 janvier 2010 entre le Parrer et le ministère de l’Education chargé du Préscolaire, de l’Elémentaire, du Moyen secondaire et des Langues nationales pour l’appuyer dans la construction d’un curriculum harmonisé pour les écoles coraniques. Selon le président du conseil d’administration de cette association de droit privé, il s’agit de diversifier l'offre éducative et d'améliorer les écoles coraniques à travers l'identification et la proposition d'un curriculum qui est articulé à des normes de qualité et à un argumentaire religieux. ‘Il n'existe actuellement ni un cadre réglementaire ni un code de conduite relatif à l'ouverture, le fonctionnement et le curriculum des écoles coraniques. Ce qui a conduit à une vaste gamme d'écoles coraniques, allant des écoles franco-arabes, qui offrent un programme couvrant à la fois l'enseignement ‘moderne’ et l'enseignement religieux, aux écoles de quartiers qui dispensent l'enseignement en dehors des horaires de l'école moderne, aux écoles itinérantes dont les maîtres sont parfois trop préoccupés par leur survie pour trouver le temps d'enseigner’, relève Cheikh Hamidou Kane.
Le Parrer et ses partenaires demandent, toutefois, au gouvernement de donner les moyens qu'il faut à ce secteur de l'éducation religieuse, mais que les idéologies héritées de l'Europe comme la laïcité ne s'appliquent pas au Sénégal, les contextes historiques étant différents. Mieux, l’association souhaite la production d’outils d’accompagnement des élèves, le renforcement de la formation des maîtres et maîtresses par la production de films et de fascicules sur l’apprentissage du Coran ou autres, l’intégration des langues nationales dans le curriculum, le développement d’un plan d’information et de communication, entre autres.
Le curriculum commence depuis la maternelle jusqu’au secondaire et prend en compte les langues nationales d’apprentissage et le cycle fondamental dans l’apprentissage du savoir-être, du savoir-faire et des compétences nécessaires au marché de la compétitivité. Ainsi, cherche-t-il à reprendre progressivement en main ce circuit éducatif qui concerne l'éducation coranique et religieuse. Le principe de base ayant présidé à l’élaboration des différents outils, est que le but d’un programme d’éducation est, avant tout, de faciliter le travail de l’éducateur ou de l’éducatrice, et non de le complexifier d’autant que la nouveauté de l’approche par les compétences (Apc) qui constitue la base méthodologique du programme peut ‘intimider’, voire épouvanter des enseignants insuffisamment préparés. C’est pourquoi, explique M. Kane, les experts se sont donné comme objectifs de fournir des intrants opérationnels permettant de rendre l’Apc plus familière aux maîtres et aux maîtresses des daaras, de les accompagner dans leurs pratiques pédagogiques, en leur donnant tous les éléments pour dérouler chaque compétence.
Ce curriculum sera expérimenté dans sa phase test dans quatre daaras des quartiers de Dakar, avant d’être appliqué sur toute l’étendue du territoire national. ‘Jusqu'ici, on ne sait pas quel est le programme enseigné par les différents marabouts. Chacun le fait à sa manière et souvent, l'expertise nécessaire n'est pas là’, explique Cheikh Hamidou Kane. Selon lui, la nécessité du retrait, de l'enrôlement, de la réinsertion et de la prise en charge des talibés et enfants vivant dans la rue en vue d'un développement durable constituent les piliers de cette démarche partenariale. De même que la mise en place des conditions d'une éducation de qualité à tous les niveaux d'éducation et de formation basée sur la loi d'orientation de l'Education nationale 91-22 du 11 février 1991, les orientations et les exigences du programme décennal de l'Education et de la Formation (Pdef).
Le Pca du Parrer pense que le phénomène des enfants de la rue n'est pas une fatalité. Cheikh Hamidou Kane croit qu'on doit l'éradiquer. Un avis que partage Djibril Diop du comité Points focaux qui a, pour sa part, magnifié l'initiative et souhaité que son aboutissement sur le terrain soit le plus rapidement possible. ‘Mouride, khadres, tidiane se disent choqués par cette présence de talibés dans la rue et soutiennent ne pas comprendre qu'un Etat qui dit consacrer 40 % de son budget à l'Education, ne donne pas à l'éducation traditionnelle coranique la place et le soutien qu'elle mérite’, rapporte M. Kane.
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