À Rufisque, dans le quartier Dangou nord, sur une route pavée, bordée de vieilles bâtisses, une demeure en chantier s'élève sans charme. L'odeur capiteuse du ciment; mêlée à l'aridité du climat, agresse les narines. À droite de l'entrée, une petite chambre se démarque des autres. La porte entrebâillée laisse apparaître un rideau défraîchi et des nattes disposées à même le sol. Une télévision trône sur un vieux meuble de rangement, au milieu d'un bric-à-brac presque encombrant. Dans ce méli-mélo, une silhouette se dessine dans la (presque) pénombre. Couché sur son lit, le vieux Mamadou Guèye a l'air évasif. Ses cheveux et sa barbe grisonnants témoignent de son âge avancé. Ventre bedonnant son sous-vêtement d'un blanc délave lui colle à la peau et tombe net sur son pantalon en wax. Son débit assuré, renseigne sur le parcours atypique du septuagénaire (72 ans). Cet ancien militaire, maçon et standardiste, qui a appris le Coran à Médina Baye (Kaolack), pratique l'art divinatoire depuis 1970. Au fil des années, il a vu se bousculer à sa porte un nombre impressionnant de parents qui, à la veille de l'examen de leurs rejetons, viennent solliciter des prières ou se faire indiquer des sacrifices en tout genre. Tous n'ont qu'un seul but : faire décrocher coûte que coûte à leurs enfants le précieux sésame. Des séances de divination,(Listikhar) aux offrandes et autres talismans, en passant par les bains mystiques et autres pratiques occultes, la panoplie du marabout reste large et variée. «Mais la plus courante, révèle-t-il, reste celui des stylos dans lesquels on introduit un bout de papier griffonné de versets coraniques. » Un stylo qui permet à l'élève de récolter d'excellentes notes, «des 2o sur 2o», comme le prétend le marabout ! «Tout dépend du niveau intellectuel de l'élève, tempère Mamadou Guèye. S'ils «dorment» toute l'année scolaire et veulent comme par enchantement réussir à l'examen, ce n'est pas possible, à moins d'un miracle. Toutefois, il existe des marabouts qui font dans l'illusion. Ceux-là promettent aux parents de faire réussir leurs enfants par n'importe quel moyen. Moi, je puise ma science dans la foi divine. Dieu est bon et miséricordieux».
Dans l'arsenal des « miracles» de M. Guèye dont chaque talisman est monnayé entre 5.000 (« prix d’ami», dit-il) et 10.000 FCFA, le 10 du jeu de carte, qui est également très prisé. Après l'avoir déchirée en deux, le marabout inscrit sur le dos de la carte des extraits du Coran et le plie soigneusement, de sorte à faire apparaître le 10. Ensuite, l’élève devra le porter autour de son bras comme une amulette. «Un service qui a la vertu de conjurer les mauvais sorts jetés par le camarade malveillant qui voudrait voler sa baraka, » Le miracle existe certes, car le propre de l'inconnu, c'est d'être aussi du domaine du connaissable. Mais il faut d’abord y croire…
SOURCE : L’OBS MARIA DOMINICA T. DIÉDHIOU ET NDÈYE FATOU SECK
*Le nom a été changé
15 Commentaires
Undefined
En Juin, 2011 (18:16 PM)Swade Mort?
En Juin, 2011 (18:16 PM)Bb
En Juin, 2011 (18:17 PM)Xxx
En Juin, 2011 (18:21 PM)Skrdj
En Juin, 2011 (18:22 PM)ce n'est que mon avis
toutes mes excuses
Undefined
En Juin, 2011 (19:14 PM)Sunuleral
En Juin, 2011 (19:49 PM)wa salam
Sotiou Baye Fall
En Juin, 2011 (19:56 PM)Beugg Laadoum
En Juin, 2011 (21:06 PM)Ha
En Juin, 2011 (23:02 PM)Leboue
En Juin, 2011 (23:40 PM)Jobiiii
En Juin, 2011 (01:20 AM)Bil
En Juin, 2011 (10:43 AM)Ass
En Juin, 2011 (16:19 PM)Bissnes
En Juin, 2011 (23:06 PM)Participer à la Discussion