Ousmane Ndoye est le Président de l’association nationale des personnes accidentées vivant avec un handicap. Association qui œuvre dans la sensibilisation contre les accidents routiers. Lui-même accidenté de la route, aujourd’hui personne à mobilité réduite, Ousmane Ndoye explique ici, pourquoi les conducteurs doivent s’armer de prudence et de discipline sur la route.
La route a encore enregistré de nombreuses victimes ces derniers jours. Que suggérez-vous pour juguler ce phénomène ?
Il y a trop d’accidents au Sénégal. Chaque jour, nous perdons des citoyens sénégalais sur la route. Et pourtant à cause de choses qu’on peut éviter. Ce mois-ci, entre lundi et mardi dernier on a perdu 14 Sénégalais. La sensibilisation peut nous valoir des améliorations mais il faut aller plus loin. C’est-à-dire faire des campagnes thématiques annuelles sur chaque aspect de la problématique, combiner cela avec des mesures coercitives sévères et une lutte farouche contre la corruption dans la circulation. Je pense que si nous faisons cela et que la police, la gendarmerie et nous autres de la société civile, nous nous engagions à fond, notamment dans les campagnes thématiques, cela peut changer les comportements et réduire ainsi les accidents. Nous avions proposé à l’Etat de mettre en place une agence de sécurité routière où seront réunis tous les acteurs dedans. Il faut renforcer la surveillance routière. Mettre des garde-fous. Les solutions sont là. Si l’Etat nous accompagne nous pouvons faire beaucoup de choses. Nous, nous prêtons notre image pour mieux sensibiliser. Car, si nous sommes en fauteuil roulant aujourd’hui c’est à cause de la route. Donc, nous sommes mieux placés pour sensibiliser.
Ce qui réduit les chances de survie des accidentés n’est-ce pas aussi les énormes pertes de temps dans les secours et le manque criard de chirurgiens dans nos hôpitaux ?
Par exemple, pour l’accident qui s’est produit à Kaolack le 12 avril et qui a causé 9 morts sur le coup, certains ont perdu la vie à l’hôpital parce qu’ils ont été amputés alors qu’ils ont beaucoup saigné. Deux jours après, ils ont rendu l’âme. Tout cela à cause des lenteurs. Un chirurgien a même expliqué qu’il était le seul chirurgien dans son hôpital. Il était le seul chirurgien et son anesthésiste, était le seul de l’hôpital. Ces deux personnes couvraient trois régions. La région de Kaffrine, celle de Fatick et de Kaolack. Alors que dans les normes, chaque hôpital devait avoir au minimum 5 chirurgiens. Des chirurgiens qui travaillent de 8 heures jusqu’au soir vous croyez qu’ils ne doivent pas descendre le soir se reposer un peu ? Et quand ils rentrent, ils y a des cas urgents qui arrivent à l’hôpital. Qui les prendra en charge ? Quand un accidenté dans un état grave arrive qui va l’opérer ? L’intervention des pompiers n’est pas rapide. Nous avons des pompiers bien formés mais ils sont mal outillés. Les véhicules de secours ne doivent pas tous stationner dans les casernes alors que les accidents se passent sur les routes. Les véhicules doivent se positionner à des niveaux stratégiques pour être prêts à intervenir. Malheureusement aussi, même si les pompiers arrivent tôt, quand vous arrivez dans les hôpitaux, et que vous manquez de chirurgiens pour vous opérer cela pose problème. C’est pourquoi les gens doivent être prudents sur la route.
Comment les accidentés vivent-ils l’après choc, après l’opération ?
D’abord, la majorité des victimes d’accident sont abandonnées par leurs femmes. Elles font un abandon de domicile ou elles demandent le divorce. Nous sommes dans un pays où il n’y a même pas d’hôpital orthopédique. L’hôpital de Grand Yoff à lui tout seul fait 16 000 opérations par an. Dans un pays comme ça où les hôpitaux sont pleins, le coût de prise en charge est cher. Si vous avez une paralysie totale, ou si vous avez une paralysie partielle, les premiers 6 mois on vous met des couches parce que vous ne sentez pas votre corps. Quand vous buvez de l’eau vous l’évacuez tout de suite, quand vous mangez vous partez aux toilettes tout de suite. On peut vous mettre des couches dix fois par jour. Alors ta femme n’est pas préparée. Elle n’est pas préparée à s’occuper d’une victime de paralysie. D’où l’importance d’un hôpital orthopédique où on fait de la rééducation où ‘on s’occupera des victimes d’accident. Leur apprendre à se lever, à remarcher et tout. Un hôpital où on t’aidera jusqu’à ce que tu retrouves ta mobilité. Et après tu rentres chez toi.
Comment percevez-vous le ramassage d’handicapés mendiants ces temps-ci ?
En plus des enfants de la rue, on est aussi en train de ramasser des handicapés. Il parait qu’il y a 14 handicapés qui ont été ramassés par la police de Pikine. Ce n’est pas normal. Quand on entendait le président parler dans ce cadre on pensait que cela ne concernait que les enfants. Et nous sommes d’accords avec lui. Mais, le fait qu’ils prennent des handicapés cela pose problème. Parce que parmi les handicapés il y a des pères de familles. Un aveugle qui ne peut même pas bénéficier d’un emploi comment il va nourrir sa famille. Nous on s’était dit qu’en mettant en place ces 2000 cantines on pourrait aider ces non-voyants en leur octroyant des pécules pour leur permettre de vivre. S’ils veulent l’empêcher de mendier qu’on leur propose quelque chose d’autre de mieux. Les victimes sont arnaquées par les assureurs.
Mais comment se passe la réinsertion des handicapés accidentés de la route ?
Après accident, vous êtes en état d’handicap. Le coût des opérations des soins et tout est très cher. Donc, il faut accompagner les accidentés et lutter contre la mendicité, donner des emplois aux handicapés . C’est dans ce cadre qu’on a pu mettre en place un projet de 2000 cantines dont nous avons obtenu les financements pour plus de 30 magasins. Actuellement, les victimes par accident commencent à mener leurs activités économiques dans ces magasins-là. J’ai saisi les maires comme Barthélémy Dias, Ousmane Ndoye pour leur demander de me céder des places pour installer des cantines pour la création d’emplois chez les personnes accidentées vivant avec un handicap et d’une manière générale pour lutter contre la mendicité. J’ai signé des conventions avec Orange et ces handicapés sont en train de vendre des produits téléphoniques, ils font du transfert d’argent etc. j’ai mis en place en dehors de l’Anpav, le Gie Sunu Ndawal qui va vendre du poulet et de la viande emballés.
13 Commentaires
Anonyme
En Juillet, 2016 (15:58 PM)Anonyme
En Juillet, 2016 (16:12 PM)Il faut savoir suivre le marché des moyens d'intervention d'urgence, qui évolue très très vite.
Anonyme
En Juillet, 2016 (16:23 PM)Anonyme
En Juillet, 2016 (17:03 PM)Anonyme
En Juillet, 2016 (18:00 PM)nous devons donner nos avis sur les problèmes de notre pays .
il est impératif de créer des voies a sens unique pour la circulation des véhicules vers l’intérieur du pays et de la même façon pour les véhicules qui viennent sur Dakar , freiner l'importation de pièces de rechanges vitales d'occasion des véhicules tel que les organes et les pneumatiques
Bravo
En Juillet, 2016 (18:19 PM)En esperant que nos autorites publiques se penchent plus sur la sécurité routière. Ceci fait partie de nos priorités, hélas negligees.
M.f.d
En Juillet, 2016 (19:16 PM)Je suis tout a fait d'accord à 200% avec vous. J'ai souvent parlé de la même idée dans mes commentaires et surtout aussi à mes proches et amis que je côtoie. Je leur explique l'importance des premiers secours en cas d'urgence. Je suis tellement découragée lorsque je constate la non-assistance de personne en danger au Sénégal: accidents, perte de conscience, chute, etc...
Que faut-il faire pour que les cours de premiers secours soient inclus dans l'enseignement? Ce serait une bonne contribution dans le travail des sapeurs pompiers.
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En Juillet, 2016 (19:24 PM)il faut vous inscrire sans attendre a ce premier réseau mondial des médecins appelé G-Med.
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Anonyme
En Juillet, 2016 (19:49 PM)Anonyme
En Juillet, 2016 (20:12 PM)Bathico
En Juillet, 2016 (23:48 PM)Anonyme
En Juillet, 2016 (06:52 AM)Anonyme
En Juillet, 2016 (07:46 AM)Participer à la Discussion