Espace de détente à 3,5 kilomètres au large de la côte sud-est de Dakar, le Parc national des îles de la Madeleine reste un lieu de retraite pour ceux qui veulent, le temps d’une journée, s’éloigner du stress quotidien de la capitale sénégalaise. L’île au Sarpan, qui tient son nom d’un ex-militaire de l’armée coloniale française envoyé sur place en punition, demeure aussi le lieu de refuge du génie protecteur de Dakar, Leuk Daour Mbaye. Un univers de traditions léguées de génération en génération au sein de la communauté lébou de la presqu’île du Cap-Vert.
De loin, elles attirent, semblables à des nymphes aguichantes. Tantôt rebelles, tantôt languissantes au gré des caprices de dame nature. A l’approche de la grande île, la pirogue passe près de l’Almadraba Uno, un bateau espagnol échoué entre les deux îles. C’était lors d’une tempête en 2013. Il offre son flanc aux cormorans. Ces oiseaux aquatiques déploient leurs ailes, repus après une partie de pêche. Non loin, l’une des jumelles, l’île Lougne, moins hospitalière, élève sa forteresse de roches noires colorées par la fiente aux phaétons, cormorans et autres oiseaux. Ils y séjournent durant leurs migrations.
La pirogue se dirige vers l’île au Sarpan. Il entre et accoste par la crique Hubert. Un à un, les visiteurs débarquent sur un pont en béton aménagé, il y a trois ans, par le comité de gestion du Parc national des îles de la Madeleine. Ses membres leur souhaitent la bienvenue puis rappellent les consignes de sécurité. L’endroit est calme. Aucun bruit. L’ambiance est bercée par le son des vagues et le chant des oiseaux. Quelques minutes après l’arrivée, une vingtaine de touristes entame la montée vers le plateau, sous une fine pluie. Le Parc national des îles de la Madeleine (Pnim) fait 45 hectares. Sur la pente, un premier baobab nain. Ici, les arbres se développent au sol à cause du vent marin.
Balade dans l’histoire
« L’ancêtre des baobabs », lui, est là depuis plus de cinq siècles, selon le guide. Certaines de ses branches doivent bien faire un mètre de diamètre. Première halte du périple sur le point culminant de l’île: la case Lacombe. Ou du moins ce qui en reste : des murs de roche, encore debout. « Le génie tutélaire démolissait la construction chaque nuit. Quand Lacombe persistait, il le frappait même », confie Fallou Badji, le guide aux dreadlocks. A ses côtés, une autre construction, réduite en gravats. C’est l’ancienne case des agents des Eaux et Forêts. Elle a été détruite après des bisbilles avec les pêcheurs riverains. Ce point culminant de l’île offre une vision unique, presque paradisiaque, sur Dakar et l’étendue bleue de l’océan, la station idéale pour s’abandonner à la contemplation et aux rêveries.
La visite continue. En file indienne, les visiteurs avancent sur la petite piste jonchée de cailloux. Elle serpente à travers la végétation. Plusieurs plantes médicinales y poussent comme l’euphorbia balsamifera (salane en wolof) ou le boscia senegalensis (ndiandam). Après cinq minutes de marche, une plaque indique le « lieu de culte lébou ». C’est un baobab nain au pied duquel on trouve un crâne de mouton, des pièces de monnaie et des noix de cola. L’endroit est un lieu de prière. Chaque année, la communauté lébou y effectue des offrandes et des prières. Plus loin, au bord de l’île, on aperçoit en contre-bas la « plage des tortues ».
Jadis, des tortues marines venaient y pondre. Maintenant, elle accueille les restes du premier bateau échoué sur l’île en 2006. Plus de phoques non plus dans « la baie des phoques ». On raconte qu’il y avait des phoques au moment de la découverte de l’île vers 1444 par Denis Diaz. Sur le chemin, on remarque des restes de coquillage déterrés par les eaux de ruissellement. Durant la période coloniale, elles auraient servi de nourriture à des insurgés réfugiés sur l’île. Tout autour, de jeunes pousses d’herbes s’épanouissent au soleil. Au bruit des pas, des sauterelles sortent de leurs cachettes, sautant sur les longues herbes mortes allongées au sol. Cà et là des termitières émergent de la latérite rouge. L’île grouille de vie. Des fourmis, des chenilles, des aigles, des lézards, des serpents et d’autres animaux y vivent. En l’espace d’une journée, les visiteurs animent l’île au Sarpan. Par groupe, ils arrivent. La plupart sont des Occidentaux. Pendant ce temps, les premiers arrivés profitent encore de l’eau tiède de la piscine naturelle, prolongement de la crique Hubert.
Pieds dans l’eau
Après un déjeuner accompagné de boissons tenues au frais dans des glacières, certains jouent au ludo (jeu de société avec 4 personnes). D’autres flemmardent sous les tentes, allongés sur le sable de la petite plage. Les enfants, infatigables, nagent sous la surveillance des maîtres-nageurs. « Je nage depuis que j’ai sept ans, mais c’est la première fois que je viens ici », lance Mactar, un « teenager » svelte vêtu d’un short noir.
Le jeune homme de 16 ans affine sa technique de plongeon. Il saute depuis une grosse pierre. Attirée par le spectacle, la petite Sokhna, pas plus haute que « trois pommes », se découvre des talents de plongeuse. Elle est encouragée par sa mère qui ne la quitte pas des yeux.
« Les mains allongées sur l’axe de ta tête et tu sautes à trois ». Quelques hésitations… Et puis, plouf ! Un peu à l’écart, sur les rochers, Gina, assise sur une natte en plastique aux couleurs jaune et vert, prend une selfie. « J’aime bien ici, l’endroit est calme », reconnaît-elle. Elle immortalise sa deuxième venue sur l’île. La jeune fille, teint clair, taille fine, a une allure de top model sous son maillot de bain noir.
« C’est elle qui m’a amené ici », lance Amadou, son ami. Il ne perd pas de temps pour se jeter à l’eau. Derrière elle, à quelques mètres, une autre scène se déroule sous l’eau. Des alevins pris au piège dans de petits bassins sur les creux de la roche noire, nagent dans tous les sens. Coquillages, oursins et algues tapissent le fond. La fin de l’après-midi tire le rideau sur le spectacle de l’archipel. Elle annonce le retour sur le continent.
A la sortie de la crique Hubert, à bord, on prend les dernières photos de souvenir. Durant les 20 minutes de la traversée, la pirogue tangue sous l’effet des vagues de la marée haute qui butent la proue. Cheveux au vent, les esprits divaguent, bercé par le ronronnement du moteur. Mile après mile, Dakar se rapproche.
Leuk Daour est le maître des lieux
L’île au Sarpan est un haut lieu de culte lébou. Cette ethnie de pêcheurs y tient des cérémonies de « ndeup », de « tuur » et autres sacrifices. Un endroit de dévotions jalousement protégé par la population lébou de la presqu’île du Cap-Vert. Ce serait le dernier lieu de refuge des génies protecteurs de Dakar, en l’occurrence Leuk Daour Mbaye.
Les éco-gardes, sentinelles de l’archipel
Tout au long de l’année, des guérisseurs traditionnels y accomplissent des offrandes. Le clou du spectacle, c’est la grande cérémonie annuelle de prières et d’offrandes sur l’île. Elle se tient sur le « lieu de culte lébou ». Autre consigne à respecter la nuit.
Le bateau doit accoster et repartir par le côté droit de l’île. Le comité de gestion du Parc national des îles de la Madeleine assure la gestion du parc national. Moussa Sow en est le président. Il travaille de concert avec les Eaux et Forêts. Ces dernières assurent la protection. Les éco-garde du comité sont un groupe de riverains de Soumbédioune et des quartiers environnants. Ils assurent le transport et la sécurité des touristes. Dans le cadre de l’aménagement, ils procèdent à l’ouverture de nouvelles pistes, au désherbage et d’autres travaux. Le prix de la traversée est fixé à 5.000 FCfa. Il faut débourser la même somme pour visiter l’île avec un guide.
En période de forte affluence (de juin à septembre), les recettes atteignent un million de FCfa par jour. 1.000 FCfa sont versés au Trésor. Le reste est affecté à l’entretien du matériel et aux actions sociales. A la fin du mois, les éco-gardes reçoivent une prime.
Ibrahima NDIAYE (stagiaire)
8 Commentaires
Deug
En Août, 2016 (14:20 PM)Anonyme
En Août, 2016 (15:04 PM)mélangé avec toutes les autres belle culture du monde ,ocident comme asie ,car trop enfermé avec l ancestral ,ça éttouffe waiiiiii
maane déy ,je n imagine pa ma vie enfermé comme certain lébou woleu peule ,souven trop sérre ,tro sectaire ! cé la vie , moi jai étouffé toute ma vie quant jété au senegal a cause de ses mantalité tro vieilllotte ,enfermé ,mouna dieuwatté ,gris gris ,jalousi ,ignaanéé les autres , ouffe rien n est plus beau que le pays qui est mélangé ,métissé ,c est sa la vrais richésse ,avoir sa tradition la parti qui est bonne et jeté la partie qui ne sant pa bon ,puis prendre la bonne partie des culture étrangere ! vive les métisses ,c est sa l avenir du monde
notre père sengore lui le savait et voila sa richesse ! les singe ne l on pa compri et le critique ,surtout ce vieux con peule de seneweb ! le prof Sangaré lui aussi le savé
Le Lébou
En Août, 2016 (15:08 PM)Boy Ndiago
En Août, 2016 (16:14 PM)Titen
En Août, 2016 (01:26 AM)Boy Marines
En Août, 2016 (02:55 AM)Ramses Lee
En Août, 2016 (06:02 AM)Ps: J'ai aussi vecu un autre phénomène extraordinaire au milieu de la nuit, à Dahla au Maroc il y a très peu de temps. Des dizaines de personnes étaient témoins." RAMSES LEE
Ibou Pene
En Mai, 2018 (04:25 AM)Participer à la Discussion