Perturbations en vue dans l’école sénégalaise : L’Intersyndicale des enseignants va déposer un préavis de grève

Après le débrayage de ce jeudi, l’Intersyndicale des enseignants prévoit le dépôt d’un préavis imminent de grève. L’Intersyndicale réclame l’application de tous les accords signés avec le gouvernement et l’arrêt de la privatisation de l’école publique.

L’accalmie notée l’année derrière dans l’espace scolaire risque de ne pas se reproduire cette année. L’Intersyndicale des enseignants annonce le dépôt d’un préavis de grève ‘imminent’. ‘La commission technique est en train de travailler sur une plate-forme commune qui accompagnera le dépôt imminent d’un préavis de grève pour l’année 2011, si rien n’est fait. Notre premier plan d’action débute le jeudi 9 décembre à neuf heures par un débrayage, suivi d’assemblées générales sur l’étendue du territoire national. Ces assemblées se prononceront sur les formes d’actions qu’elles nous feront remonter pour finaliser le plan d’action’, déclare Mamadou Mbodj du Cusems et porte-parole de ce conglomérat de syndicats d’enseignants, lors d’un point de presse tenu au siège de la Csa. ‘Ce point de presse commun se veut un premier pas, un instant de lancement d’un appel solennel à nos mandants pour qu’ils travaillent dans cette direction, mais aussi un signal fort au gouvernement pour qu’il se ressaisisse, pendant qu’il est encore temps, en convoquant tout le monde autour d’une table pour trouver des solutions aux problèmes de l’école’, ajoute le porte-parole.

Les enseignants membres de cette Intersyndicale s’insurgent contre ce qu’ils appellent la ‘privatisation sournoise de l’école publique’. Toutefois, certains syndicalistes reconnaissent la part des enseignants dans ce projet de privatisation. ‘L’Etat et les enseignants ont chacun une part de responsabilité dans la privatisation de l’école publique. Car comment comprendre un professeur qui observe un mot d’ordre de grève dans un établissement public et qui dispense des cours dans le privé ? Dans la décrédibilisation de l’école publique, il faut accepter la part des enseignants’, admet le syndicaliste Ibra Diouf ‘Niokhobaye’. ‘Les Gie d’écoles privées sont une réalité et cela participe à la décrédibilisation de l’école publique’, affirme Waly Ndiaye, chargé des revendications de la Csa.

Aujourd’hui, l’Intersyndicale réclame l’application de tous les accords signés avec le gouvernement. ‘Les organisations syndicales ont fait maintes fois preuve de patriotisme mais surtout de bonne volonté avec les concertations de Saly I, II et III couronnées par la mise sur pied d’un comité de dialogue social dans le secteur de l’éducation. Cependant, les autorités y sont allées pour se donner simplement bonne conscience, mais ils n’y croient pas. Sinon comment comprendre après, que tous les protocoles signés avec les cadres soient en souffrance’, se demande-t-il. Le porte-parole de l’Intersyndicale, qui pointe du doigt les retards ‘inadmissibles et récurrents’ des salaires et des paiements des indemnités dues, soutient que les enseignants sont angoissés. Ces derniers vivent dans un malaise permanent du fait de leur statut social rabaissé et des conditions de travail intenables, fait-il remarquer.

En outre, les enseignants fustigent ‘les lenteurs’ dans le traitement de leurs dossiers administratifs concernant les avancements et les recasements des volontaires et des vacataires. Mais aussi ‘l’opacité’ qui entoure le reversement des cotisations sociales de ces nouveaux corps à l’Ipres.

Par ailleurs, l’Intersyndicale s’élève contre la suppression de l’Entrée en sixième qu’elle juge ‘inopportune et inopinée’. Une décision qui a des conséquences désastreuses sur les conditions de travail. ‘Ainsi, au regard de tous ces manquements et périls, la seule alternative qui nous est imposée est la riposte à la dimension du mépris et des agressions, mais surtout un modus-vivendi qui taise les querelles de clocher, un gentlemen-agreement entre tous les syndicats pour l’intérêt supérieur de l’école et l’amélioration conséquente de la condition enseignante’, conclut Mamadou Mbodj.