Régulation du marché : La suspension temporaire des importations du sucre maintenue

Afin de permettre l’écoulement des stocks en souffrance à la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) et au port de Dakar, l’Etat a décidé de suspendre la délivrance des déclarations d’importations portant sur le sucre. Le ministre du Commerce, Alioune Sarr, en a fait la révélation, hier. Il a indiqué que la mesure sera suivie de la mise à la consommation d’environ 10.800 tonnes de sucre importées par les commerçants à partir du 15 juillet prochain. 

Pour mettre fin à l’excès d’offre sur le marché et permettre aussi l’écoulement des stocks disponibles à la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) et les quantités importées par les commerçants, l’Etat a décidé, selon les indications du ministre du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel, de poursuivre la mesure de suspension de la délivrance des déclarations d’importation de produits alimentaires (Dipa) appliquées au sucre cristallisé jusqu’à épuisement des stocks existants. La décision a été prise hier, lors d’une réunion réunissant le ministre et certains acteurs. L’Etat a ramené désormais la durée légale des Dipa à deux mois, selon les indications du ministre du Commerce. « Une mesure qui permettra d’éviter les dysfonctionnements notés depuis 2012 dans le secteur du sucre et de veiller à ce que la commercialisation de ce produit réponde aux exigences de la loi et de la logique de marché » a indiqué M. Sarr. 
Même si elle a été par moment houleuse entre commerçants et consommateurs, la rencontre a tout de même débouché sur certaines mesures concernant le marché du sucre. Dans un premier temps, l’Etat a fait montre d’un souci de défendre les intérêts des consommateurs tout en veillant au respect du libre exercice du commerce mais aussi à la protection de la production locale. Et pour le cas du sucre, le ministre Alioune Sarr a d’emblée demandé aux différents acteurs de dépassionner le débat en mesurant, à sa juste valeur, l’engagement de l’Etat à éviter l’effondrement de la production locale et les conséquences néfastes des importations massives sur la balance commerciale. Pour illustrer son argumentaire, Alioune Sarr indique qu’entre 2012 et 2013, environ 200.000 tonnes de sucre ont été importées au Sénégal alors que la consommation annuelle ne dépasse guère les 150.000 tonnes/an. Cette situation, selon lui, a fini de provoquer la suroffre sur le marché. 

Le stock en souffrance au Port de Dakar sera débloqué
Les stocks de sucre importé qui étaient en souffrance au port de Dakar et ayant déjà subi le dédouanement vont être débloqués ainsi que les quantités déclarées en entrepôts fictifs, annonce le ministre du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel, Alioune Sarr. Pour le moment, les chiffres font état d’environ 10.800 tonnes sur les 14.580 tonnes en souffrance au port de Dakar. M. Sarr a indiqué qu’outre les 4500 tonnes autorisées immédiatement à la mise en consommation, l’Etat a déjà établi un calendrier de mise en circulation à compter du 15 juillet prochain pour faciliter l’écoulement des stocks restants et les 46.000 tonnes de sucre disponibles à la Css. 

65.000 tonnes disponibles : L’Etat exclut toute pénurie durant le Ramadan
Avec environ 65.000 tonnes de sucre disponibles sur le marché, le Sénégal ne court aucun risque de pénurie durant le Ramadan, a indiqué Alioune Sarr. Il a rassuré les consommateurs en indiquant qu’avec les 46.000 tonnes de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css), plus les 14.000 tonnes disponibles au port, l’Etat dispose pratiquement d’environ trois à six mois de consommation de sucre sur le marché. « Nous avons ainsi 65.000 tonnes de sucre sur le marché, or le Sénégal ne consomme qu’entre 10.000 à 14.000 tonnes de sucre par mois » a souligné M. Sarr. Rassurant davantage les consommateurs, M. Sarr, a indiqué que l’Etat a déjà demandé à la Css de faire des efforts pour assurer l’approvisionnement correct des principaux grossistes du marché. Il n’a pas manqué de souligner l’engagement du gouvernement à prendre toutes les dispositions pour éviter une rupture de sucre sur le marché national. 

L’Unacois conteste les mesures, les consuméristes approuvent

Ils ont failli en arriver aux mains n’eût été l’intervention du ministre du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel. L’importateur Moustapha Lô et Serigne Dia Ndongo de l’Union nationale des commerçants et industriels (Unacois) et le président de l’Ascosen, Momar Ndaw, ont eu du mal à dépassionner le débat sur le sucre pour diverses raisons. En effet, M. Ndaw, qui s’est réjoui des mesures arrêtées par l’Etat, à réitéré l’engagement des consuméristes à accompagner les pouvoirs publics dans leur volonté de protéger la production locale. « On ne peut pas, sous prétexte de l’ouverture du marché, permettre à un groupuscule d’inonder le marché et d’hypothéquer la vie de centaines de producteurs », a fait remarquer Momar Ndaw. Il est convaincu que l’Unacois ne veut pas vendre le sucre de la Css. Suffisant pour provoquer l’ire des commerçants qui, sans détour, l’ont taxé d’être à la solde de Mimran, patron de la Css. Les commerçants ont contesté la suspension des déclarations d’importation sur le sucre et n’excluent pas que cette mesure puisse se répercuter sur certaines denrées alimentaires. Mesurant la portée d’une telle menace, l’Imam Youssoufa Sarr de l’Entente nationale des associations de consommateurs du Sénégal a insisté sur la nécessité d’asseoir un véritable système de régulation sur le marché local.