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Sous surveillance : Le poids de l’arachide

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Sous surveillance : Le poids de l’arachide

La campagne de commercialisation de l’arachide bat son plein et connaît une réussite qui fera date.  Le prix officiel, 190 francs/kg, s’est révélé trop faible. Le marché parallèle offre 250 francs, achète bord champ et paye rubis sur ongle. L’affaire était pliée d’avance.


Les paysans doivent l’augmentation spectaculaire de leurs revenus tirés aux mesures d’autorité du président Sall : hausse substantielle du prix du kilogramme et ouverture des frontières. Au détriment des Suneor, Novasen et Ciat, qui d’habitude raflaient le gros de la production. Cette libéralisation, sauvage, a favorisé l’arrivée d’acheteurs Chinois, Indiens, Ukrainiens et autres Anglais, que personne ne voit dans les «loumas» … En effet, les huiliers qui crient à «l’envahissement» et le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux  qui déplorent «la désorganisation» savent qu’en bonne année, le marché parallèle  achète au bas mot 100.000 tonnes.


 Mais au-delà, la mesure présidentielle répare une injustice que le président d’honneur du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), Mamadou Cissokho, dénonçait en ces termes : «Nous sommes menacés par les oignons importés, les pommes de terre, l’huile végétale, etc. Tout le monde en est témoin. Est-ce que vous vous posez la question de savoir si c’est normal ou pas ?  La Suneor amène ici l’huile végétale pour nous la vendre et prend notre arachide qu’elle transforme pour la vendre à l’extérieur. Pourquoi donc ne vendrions nous pas notre arachide à qui nous voulons ? ». C’est fait, le marché commande  de vendre au meilleur prix et le gouvernement n’avait nul besoin de tergiverser.         


Le président Sall a certes gagné la campagne de commercialisation «sans bons impayés», mais la question de la production demeure entière. C’est elle qui inquiète huiliers et organisations de producteurs.  En effet, pour gagner la bataille de la production, il faut des semences en qualité et en quantité suffisante. Les contempteurs de l’ouverture des frontières  craignent une pénurie de semences l’an prochain, les huiliers ne dépassant pas la barre ridicule 15.000 tonnes. Cependant, le ministre de l’Agriculture garantit 75.000 tonnes de semences. Nous ne savons pas s’il parle de semences sélectionnées, écrémées ou «tout venant», graines douteuses récupérées chez les huiliers. En réalité, le  Sénégal n’a pas 75.000 tonnes de semences sélectionnées qui  forcément auraient été hors de portée des producteurs.  L’Etat, probablement, fera son marché auprès des opérateurs privés stockeurs déjà sur la brèche pour satisfaire la demande. Bien sûr, demain, ils vendront à leur prix. Là n’est donc pas la question.


Le ministre de l’Agriculture  au lieu de «se désoler» que le producteur commerce avec le Chinois, menaçant ainsi le stock semences «tout venant» des huiliers, doit plutôt décliner la politique gouvernementale de reconstitution du capital semencier, toutes spéculations confondues.  Nous attendons la politique agricole de rupture. L’Etat, faut-il le rappeler ne cultive, ni ne mène les bœufs au pâturage. La reconstitution du capital semencier, la production et la commercialisation sont l’affaire des privés, particulièrement les organisations de producteurs.


Mais pour dire le vrai, nous n’avons pas grand espoir que le président Sall gagne le pari de l’arachide, malgré le succès de la campagne de commercialisation. Il continue d’ignorer le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux, la plateforme paysanne du Sénégal, seul interlocuteur crédible de l’Etat et des partenaires au développement. Il n’a également pas dit ce qu’il fera de la Lettre de développement de la filière arachide de 2006, qui donne les clés de la relance.  Elle n’avait pas été suivie à la lettre, au grand dam des producteurs et des partenaires au développement engagés dans la relance de l’arachide, la priorité pour le président Wade étant ailleurs. «L’arachide est passé de mode au Sénégal», disait Farba Senghor ministre de l’Agriculture.  Le président Sall aux affaires à l’époque pensait certainement de même. Le temps était aux Programmes spéciaux, au Reva et à  la Goana que défendait l’ancien premier ministre de Wade. Le président Sall, l’embellie de l’arachide n’y fait rien, semble se complaire dans la continuité.


En tout cas, l’arachide pèsera sur les Locales de 2014. Ceci explique peut-être cela.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Emploi

    En Janvier, 2013 (15:40 PM)
    Recrutement fonction publique 2013... fonctionpublique.gouv.sn
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